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L'arrivée au pouvoir de Donald Trump semble inspirer certains climato-sceptiques belges, comme le professeur Istvan Marko qui invente sans grande habileté des « faits alternatifs » lorsque ses propres sources ne vont pas dans le sens qu'il souhaite. Le voici pris la main dans le sac.


Le 24 janvier dernier, le chimiste Istvan Marko publiait une carte blanche [1] mettant en doute, comme il en a l'habitude, la réalité du réchauffement climatique mondial. Parmi les contre-vérités qu'il avance, notamment ceci : « depuis les années 70, des satellites enregistrent la température de notre planète sur toute sa surface. Ces valeurs sont considérées comme étant les seules à être scientifiquement valides. (...) elles démontrent que la température moyenne de notre Terre n'a pas augmenté depuis près de 20 ans et que 2016 est une année moins chaude que 1998 ».

 

Itsvan Marko fait référence aux analyses de températures satellitaires réalisées par deux équipes américaines : UAH et RSS. Le hic c'est que ces deux sources disent exactement le contraire d'Istvan Marko. Le 3 janvier 2017, UAH a publié une analyse montrant que 2016 est l'année la plus chaude jamais enregistrée, et que depuis le début des mesures satellitaires en 1978 jusqu'à fin 2016, la tendance au réchauffement est nette : +0,12 °C par décennie. De son côté, RSS a publié un communiqué le 5 janvier : « La température atmosphérique mesurée par satellite établit en 2016 un nouveau record par une large marge. (...) Ce record de chaleur a été causé par le réchauffement climatique de long terme combiné à un fort événement El Niño qui s'est déroulé durant l'hiver et le printemps 2015-2016. » L'équipe du RSS estime pour sa part que le réchauffement de la troposphère (couche atmosphérique la plus basse) est de +0,135 à +0,18 °C par décennie, selon la série de données satellitaires utilisée.

 

Contrairement à ce qu'affirme Itsvan Marko, la mesure par satellite n'est pas le seul type de mesure de température scientifiquement valable. Elle possède certains avantages, comme le fait de pouvoir couvrir la majorité de la surface du globe, mais aussi certains inconvénients : il s'agit d'une mesure indirecte, rendue délicate par la couverture nuageuse notamment (d'où la variabilité des résultats présentés ci-dessus). Les mesures de température satellitaires sont donc particulièrement complémentaires des mesures directes, au sol ou via ballon sonde. C'est pourquoi l'Organisation météorologique mondiale, ainsi que le GIEC entre autre, utilisent toutes les mesures disponibles.

 

Le seul fait que le professeur Marko travestit ses propres sources devrait suffire à le discréditer définitivement, quand il prétend parler du climat. C'est soit une extraordinaire incompétence, soit une manipulation malhonnête. Dans les deux cas, ce qu'il raconte n'a aucune valeur.

 

Mais pourquoi affirme-t-il dans la presse des contre-vérité flagrantes ? Régulièrement, il prétend dénoncer une science « pervertie » et des médias donnant des informations « partisanes », mais Istvan Marko partage la plume avec Willie Soon (ce « scientifique » américain climato-sceptique qui a reçu 1,2 millions de dollars de l'industrie du pétrole et du charbon) et Istvan Marko rédige pour Breitbart News (ce site d' « information » mis en place par Stephen Bannon, le conseiller stratégique de Donald Trump. Breitbart News qui revendique l'ambition de contribuer à l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite en France et en Allemagne).

 

En matière de climat, les données scientifiques sont réellement inquiétantes, malheureusement. Et personne n'aimant les mauvaises nouvelles, Monsieur Marko trouve un public en prétendant que tout va bien. Un peu comme lorsque cent docteurs diagnostiquent un cancer, mais qu'un charlatan affirme que le cancer, ça n'existe pas, ce charlatan trouve forcément un public, trop heureux d'entendre que le cancer n'est qu'une invention des docteurs pour s'en mettre plein les poches.

 

Mais au-delà de la gloriole personnelle que cette posture apporte, au-delà de gains matériels avérés dans le cas de Willie Soon, l'attitude de déni face à la réalité du réchauffement climatique anthropique tire généralement son ancrage le plus profond dans une vision du monde idéologique (et à notre avis délirante, dans certains cas).

 

Comme il le montre dans sa lettre ouverte au Pape sur le climat, Monsieur Marko a peur. Une peur quasi paranoïaque des associations de défense de l'environnement, notamment. La caricature qu'il en fait pourrait prêter à sourire. Selon ses mots, « les mouvements environnementaux préfèrent que les êtres humains vivent et soient traités comme de simples animaux se soumettant à la Nature ». Pour lui, associations et ONG sont le bras armé d'une sorte de grand complot mondial, car au final, il considère le réchauffement climatique comme une construction de toute pièce, mise en place par des gens puissants (il cite parfois la Chine, d'autre fois Google...) qui « exigent de nouvelles lois liberticides, de plus en plus contraignantes ». Et pour critiquer les politiques climatiques, il avance, sans citer la moindre source, l'affirmation incroyable que « des dizaines de milliers de personnes sont déjà mortes lors des hivers récents [au Royaume-Uni], en raison de la précipitation de la Grande-Bretagne à substituer l'éolien et le solaire au charbon ».

 

En démocratie, chacun a le droit d'exprimer ses opinions. Mais ceux qui tentent de manipuler les autres constituent un danger réel pour la démocratie. Car il n'y a pas de liberté dans le mensonge, ni dans l'entretien intentionnel de l'ignorance ou de la confusion. Et pour que l'humanité puisse prendre son destin en main, faire face aux multiples problèmes qui se posent, librement et efficacement, la connexion avec la réalité est indispensable.

 

Note : ce texte de réponse n'a pu être publié dans Le Vif. En effet, une autre réponse y a été publiée [2] au moment où nous soumettions ce texte.

 

Bron: http://www.iew.be/spip.php?article8081