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Le gouvernement Michel est aujourd'hui un gouvernement banalisé, avec l'aide des médias et de cette presse dite de référence qui a toujours un pied dans un camp et un pied dans l'autre. Banalisé malgré le poids écrasant de la N-VA et son orientation ultralibérale. En termes institutionnels et dans un système fédéral dit d'union, on en vient à se demander par quel étrange oubli les artisans des précédentes réformes de l'Etat ont négligé de prescrire l'exigence pour tout gouvernement national d'avoir une majorité parlementaire dans les deux communautés, flamande et francophone. Ce qui s'est passé en 2014 devait leur paraître inimaginable...

Banalisés aussi les ministres de la N-VA, entrés dans le costume de serviteurs de l'Etat belge. L'actualité les met en vedette. Théo Francken, préposé à l'asile et la migration, réussit à faire oublier ses propos antérieurs en faisant face avec les moyens du bord à la vague de migrants qui forcent l'entrée de l'Europe, fuyant la guerre et la misère. Johan Van Overtveldt, comme ministre des Finances, s'est trouvé membre de l'eurogroupe tel un poisson dans l'eau, nettement aligné sur la position la plus dure face à une Grèce aux abois. Charles Michel fait semblant d'être un vrai Premier ministre, même si d'évidence il n'est pas capable de s'imposer face aux leaders de la droite flamande.

Le maillon faible de la coalition...

Le plus malheureux de ceux-ci est notoirement Kris Peeters, chef de file de la chétive "aile sociale" du gouvernement, et qui en est à étaler dans la presse les dissensions au sein du "kern", face surtout à l'Open VLD. Eh bien, rien n'interdit au parti social-chrétien flamand de provoquer une crise ministérielle, non pour aller vers des élections mais pour recentrer la majorité! Mais un tel objectif ne sera atteint que si la pression sociale s'accentue. Bien entendu, le Front commun syndical ne saurait l'afficher, la règle d'or séparant l'action syndicale de l'action politique. Mais la gauche politique, elle, peut tenir un autre langage: il ne faut pas subir le gouvernement des droites pendant toute une législature, cette coalition doit pouvoir être disloquée.

Une politique nocive mais aussi étalée dans le temps...

Car ce gouvernement banalisé n'en reste pas moins nocif. Au saut d'index, au recul de l'âge de la pension, aux régressions que subissent en particulier les jeunes en mal d'emploi et les femmes, les mesures budgétaires de l'été viennent d'ajouter la hausse à 21% de la TVA sur l'électricité. Et cependant, la population tarde à ressentir toute la nocivité de cette politique euro-libérale: car elle est étalée dans le temps, l'avenir est comme jonché de mines à retardement. Mais le monde associatif souffre déjà durement des réductions de subsides. Autre tendance lourde: le pouvoir fédéral reporte les difficultés financières sur les communes, sur les CPAS. Le "tax shift" n'a été, selon la direction des syndicats libéraux, qui dénonce le manque d'esprit social du MR actuel, qu'un "coup d'épée dans l'eau". Les prévisions budgétaires sont brumeuses et aléatoires, dans l'illusion d'une "reprise" démentie par l'actualité la plus immédiate, sur fond de dépression mondiale...

Impossible de prévoir comment va s'opérer la "rentrée sociale" et quel sera le degré de la remobilisation syndicale en vue de l'action d'octobre. Mais si on y ajoute la somme des mécontentements "corporatifs" - exemple: les producteurs de lait- elle peut encore être explosive.

Robert Falony - 28 août 2015

PS: Un second article sera consacré au mensonge de la "reprise" sur fond de déflation mondiale...