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La question britannique peut être abordée de diverses façons. On peut dire que la construction européenne serait plus solide si, dès le départ, la Grande Bretagne n'en avait pas fait partie. Elle s'est toujours comportée comme voulant faire partie d'un club pour en avoir les avantages sans en subir les obligations. Qu'on se souvienne de Mme Thatcher et de son "I want my money back". Ave David Cameron, cette duplicité a atteint des sommets.

Les motifs du "Leave" sont multiples et en partie valables. Disons comme la gauche radicale: "Nous ne voulons pas de cette Europe là", celle de Juncker et de Merkel. Mais pas de confusion: les antilibéraux de gauche ne doivent pas se retrouver dans le même camp que les vieux nationalistes. Boris Johnson et Marine Le Pen sont peu crédibles comme adversaires du capitalisme....

On ne remplacera pas "cette Europe là" en prenant comme point de départ l'Etat nation, la "souveraineté nationale". Il faut d'abord s'affirmer comme fédéraliste européen, ce que sait faire un libéral comme Guy Verhofstadt. Il existait, durant la jeunesse du signataire, un mouvement socialiste pour les Etats-Unis d'Europe... Ce genre de drapeau n'est pas précisément de saison, malgré Syriza ou Podemos...

En l'absence de tout moteur fédéraliste...

L'histoire de la construction européenne  est celle d'une désastreuse dilution: d'abord l'Europe des Six, puis celle des Quinze, puis, après la catastrophe de 1989 à l'Est, celle des 27. Une Europe plus intergouvernementale que jamais, dont tout moteur fédéraliste est absent. Celle qui  convient le mieux à la haute finance et au grand capital. Voyons en quelques vices.

A coté du Conseil des ministres qui est la machine où se traduisent les rapports de force entre les gouvernements, la Commission européenne, pléthorique avec un commissaire par Etat, est un monstre bureaucratique. Une dizaine de commissaires suffiraient.

Le Parlement européen devrait être élu selon un système électoral unique, par circonscription. Au lieu de cela, chaque Etat a le sien. L'élection européenne est partout "secondaire", et suscite si peu d'intérêt que le taux d'abstention dans l'Union atteint en moyenne (2014) 43% ... 

D'autres significations...

Le "Brexit" a aussi d'autres significations. La peur d'une immigration de masse suscite partout la montée de l'extrême-droite. De l'année 2015, les gens retiennent le spectacle de ces multitudes de réfugiés ou de migrants forçant le "route des Balkans" -maintenant fermée- comme s'il s'agissait des Visigoths ou des Vandales déferlant sur l'empire romain. Disproportion entre la réalité des chiffres et l'effet sur l'opinion.

On doit encore constater l'érosion qui menace les partis traditionnels, l'émergence de forces politiques nouvelles, parfois obscures, comme en Italie le mouvement Cinq étoiles de Grillo, prétendant à une pseudo démocratie via Internet. L'Autriche a failli élire un président d'extrême-droite. La CDU allemande est menacée sur sa droite.

En Espagne, le succès de Podemos a été plus évident lors de l'élection de septembre qu'avec celle qui vient d'avoir lieu, preuve s'il en est qu'il ne faut pas ignorer la lassitude du corps électoral. La mission de Podemos est de combattre la droite, non de disputer au vieux parti socialiste une hégémonie à gauche. Cette lassitude explique en partie le renforcement relatif du PP de Rajoy, malgré les scandales qui l'éclaboussent.

Robert Falony - (paru comme « La lettre socialiste » Numéro 80 sur osons.le.socialisme.over-blog.com le) 30 juin 2016

ps. L'issue du procès Luxleaks a confirmé cette évidence: on condamne ceux qui dénoncent la fraude fiscale, parce que la fraude fiscale est au pouvoir.