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Depuis plus de deux décennies, les habitants du Nord et de l'Est de la Région bruxelloise se plaignent du bruit infernal des avions au décollage et à l'atterrissage de l'aéroport de Zaventem, officiellement « Brussels airport ».

 

Ce sont surtout les vols de nuit effectués par des appareils des compagnies cargo – il y en a vingt-six à Bruxelles – qui sont visés. En effet, les aéronefs utilisés par ces compagnies sont assez anciens et ne répondent pas aux normes de bruit actuelles.

 

Pour compléter le tableau, la solution à ce problème est introuvable. La ministre écologiste Isabelle Durant a voulu interdire les vols de nuit, au grand dam des compagnies et suscitant l'indignation des partenaires libéraux du gouvernement de l'époque. En plus, ce problème a une connotation « communautaire » : le survol à basse altitude a lieu au-dessus de la Région bruxelloise et l'aéroport de Zaventem est situé en Région flamande... Par après, on a tenté avec Belgocontrol – la société qui gère le contrôle de l'espace aérien belge – de trouver des « routes » afin de gêner au minimum les habitants. Ce fut entre autres la fameuse « route Onkelinx » du nom de la ministre socialiste des communications de l'époque.

 

Passons les multiples péripéties de ce dossier. Le gouvernement bruxellois a tranché : un arrêté d'interdiction de survol avant 7h du matin des aéronefs dépassant les normes de bruit, sous peine d'amendes substantielles, a été pris et est d'application.

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Michael O'Leary est très fâché sur la région bruxelloise et menace de geler les investissements de Ryanair à l'aéroport de Bruxelles. Bof !

 

Cela provoque une levée de boucliers de la part des responsables de l'aéroport de Zaventem et des différentes compagnies aériennes. Même le fantasque patron de Ryanair, Michael O'Leary, y est allé de ses menaces : si cet arrêté n'est pas abrogé, nous gelons les investissements à Brussels airport ! Rien que ça ! Bernard Gustin, le CEO de Bussels airlines, la compagnie aérienne belge qui a succédé à la défunte Sabena, propose une concertation pour arriver à un accord global et durable entre toutes les parties, mais il ajoute :

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Bernard Gustin, CEO de Brussels airlines, a un discours plus policé qu'O'Leary, mais il est tout aussi ferme.

« Nous n'avons pas besoin d'un aéroport qui doit être restreint. Celui-ci doit être développé et il faut arrêter de survoler Bruxelles comme on le fait aujourd'hui. » Autrement dit, plus d'amendes. On recherche d'autres plans de vol et on permet l'extension de Zaventem – Brussels airport.

 

Observons au passage que les médias donnent bien plus de temps d'antenne aux responsables des compagnies aériennes et de l'aéroport qu'au gouvernement bruxellois et aux opposants au survol de Bruxelles.

 

Alors, au vu des difficultés, on pourrait s'orienter vers une solution bien néolibérale : la transaction.

 

Paul Jorion, dans son ouvrage « Le dernier qui s'en va éteint la lumière » (Fayard 2016) cite Ronald Coase, un économiste britannique qui a vécu 103 ans ! (1910 – 2013), titulaire du prix Nobel d'économie, théoricien du néolibéralisme.

 

Ronald Coase pense que la solution des problèmes écologiques passe par la privatisation des biens communs qui nous restent. Pour lui, au lieu d'interdire aux entreprises de polluer, organisons un commerce du droit de polluer et « l'intérêt bien compris des pollueurs fera baisser d'un point de vue global les émissions ».

 

C'est un raisonnement digne de celui de la « main invisible ». C'est ainsi qu'a été élaborée la fameuse et catastrophique bourse du carbone.

 

Il n'y aurait pas de réglementation de limitation de la pollution, mais concurrence du droit à produire et du droit des tiers à ne plus subir la pollution. Autrement dit, le producteur achèterait le droit de nuire à la santé des tiers !

 

Autant dire à un condamné à mort qu'on lui paiera l'usage de la lame de la guillotine !

 

Ce raisonnement est typique de celui des économistes libéraux : la marchandisation des biens et des droits collectifs.

 

Et, une fois de plus, on ne se trouve pas entre partenaires égaux. Que peuvent des particuliers, même associés, face à des entreprises transnationales ? Il s'agit une fois de plus de transactions léonines présentées comme des solutions équitables.

 

Jorion ajoute : « Autrement dit, pour appeler un chat un chat : la théorie économique standard fait comme si les financiers étaient des philanthropes plutôt que des marchands. »

 

En quelque circonstance que ce soit, les producteurs cherchent avant tout à maximiser les profits. Et cela n'est pas mesurable en science économique...

 

Alors, verra-t-on dans le cadre du conflit riverains – compagnies aériennes une solution du genre d'une indemnisation, par exemple, pour isoler acoustiquement les habitations, ou simplement en espèces sonnantes et trébuchantes ?

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Parfois, des avions passent très bas au-dessus de Bruxelles. Bonjour le bruit et les gaz à effet de serre...

Ce serait la plus mauvaise des solutions, car la source du mal restera, au plus grand bénéfice des compagnies aériennes et de l'aéroport. Et on oublie souvent un autre aspect : la pollution par le bruit est accompagnée de la pollution de l'atmosphère.

Alors, bonjour dès potron minet aux bruyants gaz à effet de serre...

 

Pierre Verhas