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Le premier tour des élections présidentielles françaises est enfin terminé après une campagne bien trop longue et totalement irrationnelle. Les coups bas, les rebondissements bien préparés, les « gaffes » programmées, les postures diverses, les discours creux ont émaillé cette danse de Saint-Guy de onze candidats dont il faut bien dire qu'à une ou deux exceptions, aucun n'avait l'envergure élyséenne. N'est pas de Gaulle ou Mitterrand qui veut !

 

Depuis dimanche soir, on a enfin une certitude dans cet imbroglio : le deuxième tour se fera entre le représentant des grands intérêts financiers et l'éternelle provocatrice prête à répandre sa haine et son fiel sur la France et sur l'Europe.

 

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Les "finaliste"s Emmanuel Macron, la marionnette du "système" qu'il prétend combattre et KriegsMarine Le Pen, la facho. La déchéance du politique en France.

 

Fameux choix !

 

Cependant, la surprise du jour ne fut pas les noms des deux finalistes. On savait qu'ils avaient de fortes chances de se trouver au deuxième tour. La surprise est venue de Jean-Luc Mélenchon qui a raté le coche de très peu. Grâce à une campagne très bien organisée – tous ses adversaires le reconnaissent –, le candidat de « France insoumise » a réussi à rallier une grande partie de l'électorat de gauche désemparé par les sempiternelles divisions et la trahison des caciques du PS ; une grande partie, certes, mais insuffisante. Certaines attitudes et certains excès l'ont empêché de franchir la barrière du premier tour.

 

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Jean-Luc Mélenchon digère mal de ne pas figurer au second tour, mais savoure une victoire exceptionnelle qui peut être à l'origine du réveil de la gauche, la vraie !

 

Un autre élément a aussi joué. Quand les fameux instituts de sondage qui ont faussé toute la campagne, ont noté la progression spectaculaire de Mélenchon, une véritable hystérie s'est emparée des médias et de plusieurs représentants politiques dont le premier fut le président sortant, François Hollande, qui n'a pas hésité à déclarer que « cette campagne est polluée » visant son ex « ami » Mélenchon plutôt que KriegsMarine Le Pen qui caracolait en tête dans les sondages depuis plusieurs mois. Cela rappelle le fameux « plutôt Hitler que le communisme » des années 1930.

 

Le sentiment que l'on a depuis quelques jours et surtout depuis dimanche soir 23 avril : les dés sont pipés.

 

La trahison des caciques du PS

 

La première victime en est Benoît Hamon qui a emporté les primaires de gauche haut la main et que son propre parti a saboté dès le départ. Les ministres de Hollande, sentant le navire couler, se sont ralliés les uns après les autres à Macron, laissant tomber le candidat officiel du PS. Plusieurs leaders socialistes ont fait de même, le premier d'entre eux étant Gérard Collomb, le maire de Lyon qui fut le premier à adhérer au mouvement « En marche ! ». S'il y a quelque-chose de nauséabond, c'est bien cela. Hamon avait cependant des atouts. Il avait un bon programme et avait réussi à s'entourer de conseillers de valeur comme l'économiste Thomas Piketty.

 

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Benoît Hamon, trahi par les siens, assume sa défaite avec dignité.

Plusieurs se posent la question : pourquoi n'a-t-il pas fait ticket commun avec Mélenchon ? Ce fut tenté, mais il y eut des erreurs de part et d'autre. Hamon a exigé trop vite que le candidat de « France insoumise » se retire en sa faveur et Mélenchon s'est bloqué sur certains points du programme du candidat officiel du PS, tout en refusant dans le fond de lui-même un accord avec les apparatchiks de la rue de Solferino. On peut le comprendre, mais la réalité est que tous les deux n'ont sans doute pas osé franchir le Rubicon...

 

Des « affaires » très opportunes...

 

À droite, Fillon était emberlificoté dans les affaires, a très mal réagi et n'a cessé de mentir. De plus, il était dangereux en apparaissant comme le leader de la fameuse « Manif pour tous » et en prônant un programme d'austérité drastique absolument imbuvable après les privations imposées par Hollande. Mais, on peut se poser la question : ces scandales n'ont-ils pas opportunément éclaté au bon moment, soit juste après sa victoire aux primaires de la droite ?

 

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François Fillon assume lui aussi sa défaite. C'est l'échec de l'obscurantisme et de l'austérité "pénitente".

KriegsMarine Le Pen, elle aussi noyée dans les « affaires », en a fait fi et a poursuivi sa campagne avec les thèmes classiques de l'euroscepticisme et de l'hostilité à toute immigration, jusqu'à se lâcher sur le Vel d'Hiv, montrant ainsi que sous les habits neufs de la dédiabolisation, se cache à peine le « bon vieux » fascisme de papa...

 

Enfin, Macron, le banquier « anti-système » a incontestablement réussi son coup. Et, comme on va le voir plus loin, tout cela fut très bien préparé et incontestablement, transparaît la marque de François Hollande dans l'ascension fulgurante de son ex-ministre de l'économie et des finances. Il sera sans doute le prochain locataire de l'Elysée. Et son programme est déjà prêt : il va, dès le départ, réformer par ordonnances sur des questions fondamentales : compléter la loi El Khomri, réformer l'économie dans un sens encore plus libéral, etc.

 

Macron : apprenti-dictateur

 

Bref, Macron est un apprenti-dictateur (voir « Uranopole » http://uranopole.over-blog.com/2017/04/les-apprentis-dictateur.html ) comme le démontre cet extrait d'une interview dans « le Monde » du 4 avril :

 

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Brigitte et Emmanuel Macron dansent en fêtant la victoire du premier tour... danse sur un volcan ?

 

« Si vous êtes élus, vous dites vouloir une majorité absolue au Parlement et refuser par avance tout accord d'appareil. N'est-ce pas trop orgueilleux ?

 

Réponse : « Non, c'est une condition d'efficacité. (...) Je souhaite une alternance profonde sur le fond comme sur la méthode, avec une orientation politique claire et une majorité politique cohérente. » Et puis, le petit couplet gaulliste : « Nos institutions sont ainsi faites que la présidentielle donne le cap. Nous ne sommes pas un régime parlementaire. »

 

Que se passera-t-il si Macron n'a pas de majorité ? Il élude la question. Et il ajoute : « Si les Français veulent ce changement, ils voteront pour moi et le confirmeront aux législatives. » Ben tiens !

 

Enfin, vient l'intention. « Quelles que soient les situations politiques, notre Constitution a mis en place un parlementarisme raisonné. Prenez l'exemple de 1988-1993. Beaucoup de choses ont été décidées et votées. C'est pour cela que Michel Rocard a autant utilisé le fameux 49-3. »

 

Alors, Emmanuel Macron gouvernera-t-il avec le 49-3 ? « J'assume les instruments qui ont été prévus par la Constitution de 1958. »

 

Le lecteur voudra bien trouver demain un excellent article d'Aude Lancelin, l'ancienne journaliste de « l'Obs » qui a été virée pour raisons idéologiques, où elle décortique le système Macron. Elle montre, en définitive, que le leader d' « En marche ! » n'est qu'un instrument, pour ne pas dire une marionnette. Le risque est ainsi de voir l'institution présidentielle devenir l'instrument des grands intérêts financiers des entreprises du fameux CAC 40 qui y étaient déjà fort influents.

 

Alors, que faire le 7 mai ?

 

On tombe une fois de plus dans le piège du « vote utile » et du « Front républicain ». Les médias et plusieurs leaders politiques incitent à voter massivement pour Emmanuel Macron afin de faire « barrage » au « populisme » représenté par KriegsMarine Le Pen.

Et c'est là encore un piège : fort d'un vote massif, Macron se sentira assez fort pour imposer les « réformes » par tous les moyens et museler le parlement où il aura sans doute très difficile à trouver une majorité suffisamment solide.

 

Quand on a reproché, au soir du 23 avril, à Mélenchon de ne pas s'engager à voter Macron, c'était à nouveau un piège : le soi-disant choix entre le fascisme ou le néolibéralisme.

 

Non, ce qui va se passer : les mesures néolibérales dictées par le CAC 40 au jeune président ne feront que renforcer le « populisme » et, à l'élection suivante, le risque d'une majorité absolue pour la fille du tortionnaire d'Alger, lui, sera réel.

 

Pierre Verhas

 

Bron: http://uranopole.over-blog.com/2017/04/le-piege-macron.html