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Le débat Le Pen Macron qui clôture véritablement cette folle campagne pour l'élection du nouveau président de la République française fut sans doute un des pires moments de la politique-spectacle que les médias nous offrent depuis des années, politique-spectacle qui a pour réel objet d'endormir tout esprit critique.

 

Une preuve ? Les jours précédant cette médiocre joute entre deux médiocres candidats, les rétrospectives n'ont montré que les « petites phrases » assassines que se sont échangées les anciens prétendants à la magistrature suprême. Rien sur les programmes, rien sur l'évolution politique, rien sur d'éventuelles ressemblances ou dissemblances entre les objectifs exposés.

 

Seule l'image compte et la « palme » revient à celle ou celui qui aura la prestation la plus médiatique. Les perspectives, pas un mot ! On peut se demander si elles existent. La vision de chacun, c'est la bouteille à encre... Les programmes ? Un ou deux mots entre les invectives, les insultes, voire les menaces.

 

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Le débat surréaliste entre la vichyste Le Pen et le libéral-libertaire Macron sous l'oeil désespéré de la journaliste Nathalie Saint Cricq

 

Quel spectacle ! Remboursez !

 

Sur le fond, qu'a-t-on pu détecter chez KriegsMarine et chez Macron ? Des propositions contradictoires et « variables » chez Le Pen, comme par exemple la retraite à soixante ans après quarante annuités, mais mise en œuvre tout au long de son quinquennat éventuel, alors qu'une semaine avant, elle promettait de la faire dès son arrivée à l'Elysée.. De même pour la sortie de l'Euro : lors du débat, elle affirme qu'elle n'est pas pressée, mais dans ses meetings, elle se ferait immédiatement...

 

Chez Macron, il n'y a en définitive rien de neuf, c'est la poursuite de la politique néolibérale dictée en réalité par le MEDEF (le patronat français des grandes entreprises) et les banques, qu'il avait entamée comme conseiller à l'Elysée et puis comme ministre de l'économie. C'est la consolidation du modèle culturel américanisé, c'est la société Mc Donald et le régime social Uber.

 

Régis Debray fait d'ailleurs mouche en exposant dans « Le Monde » : « Mais où a-t-il obtenu son meilleur score, au premier tour, avec une majorité absolue ? Chez les Français de New York et de la City, patriotes un peu étranges, disons : évasifs. » Ajoutons que c'est aussi le cas chez les Français de Bruxelles...

 

Macron est pour l'Union européenne, Le Pen est contre. Macron est favorable à l'OTAN, Le Pen veut quitter l'Alliance atlantique et tout est à l'avenant.

Ce spectacle lamentable témoigne de la dégradation de la vie publique qui avait été entamée sous Sarkozy et s'est accentuée sous Hollande.

 

KriegsMarine pourrait payer cher sa campagne présidentielle.

 

Alors, que va-t-il se passer ? Dimanche soir, le président Macron sera élu par défaut et l'ex-candidate KriegsMarine Le Pen devra s'apprêter à affronter la Justice et sans doute son propre parti qui ne lui pardonnera pas son échec.

 

Son propre parti qui, dans le fond, ne souhaite pas accéder au pouvoir. Il n'est pas prêt pour le pouvoir. Et KriegsMarine l'a bien compris. Lors du débat, sentant qu'elle est contestée par ses propres « amis », elle s'adressait à son camp et non à son interlocuteur. Mais, manifestement, ses partisans n'ont pas apprécié cette manière d'agir...

 

Ce qui intéresse le Front National, ce sont les législatives. Il cherche à avoir un groupe parlementaire important à l'Assemblée nationale en profitant de la déglingue des deux « grands » partis de la Ve République : le LR et le PS. Il va tout tenter pour obtenir le plus possible de triangulaires (trois candidats au deuxième tour, le vainqueur emportant le plus grand nombre de voix et pas nécessairement la majorité), ce qui pourrait faire du FN le plus important groupe de l'opposition. Et cela a déjà commencé par le débauchage de l'inénarrable Dupont-Aignan.

 

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Nicolas Dupont-Aignan est la première proie de la stratégie du FN pour les législatives.

 

Mélenchon use d'une stratégie identique, mais, encore une fois, il sera « coiffé » dans cette opération.

 

La nostalgie rance

 

Donc, le clivage sera d'un côté l'ordre libéral-libertaire voulu par Macron qui recueillera les débris du PS et des Républicains pour constituer une majorité qu'il dirigera à la schlague, à coup de 49-3 et d'ordonnances comme il l'a promis.

 

De l'autre, ce sera l'éternelle alliance des différents courants de l'extrême-droite allant des néonazis à la droite intégriste catholique en passant par les « identitaires », en fait, la « bonne vieille » révolution nationale pétainiste remise au goût du jour.

 

L'ordre libéral-libertaire versus la rance nostalgie du régime de Vichy ! Il sera splendide le « nouveau » paysage politique français !

 

Régis Debray décrit ainsi les choses dans « Le Monde » du 4 mai :

 

« Le clivage des classes aura rarement été aussi net. Le Pen : petites villes industrialisées et zones rurales, les paumés. Fillon, la bourgeoisie tradi, à Paris, le XVIe et le XVIIe, les satisfaits, vieux patrimoine. Mélenchon : 34 % en Seine-Saint-Denis et à Mantes-la-Jolie, les mécontents qui ont raison de l'être.

 

Notre vaillant et futur président a, en effet, réussi une belle synthèse entre la tradition catholique sociale, Bayrou et Delors, et la ligne protestante, Rocard et Jospin. Cette martingale miraculeuse avait fait défaut à son lointain prédécesseur, Lecanuet, candidat à la présidentielle de 1965, démocrate-chrétien, agrégé de philo, jeune et photogénique, européen et atlantiste qui lui aussi voulait casser le système et remettre, textuellement, "la France en marche" »

 

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Régis Debray fait comme à son habitude, une excellente analyse, mais semble complètement désabusé.

 

Voilà la France d'après le 18 juin (date du deuxième tour des élections législatives et non de l'appel du général de Gaulle...).

 

Un dernier mot : si, comme d'autres, j'ai suivi le mot d'ordre général de voter Macron dimanche prochain, 7 mai, c'est tout simplement parce que tout vaut mieux que le retour à Vichy.

 

Bon dimanche à toutes et à tous !

 

Pierre Verhas