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Les élections communales en Belgique ont vu la débâcle des libéraux francophones, mais aussi une chute significative des socialistes dans les deux parties du pays. Cette défaite a eu moins de conséquences pour ces derniers, car ils tiennent encore leurs fiefs à Charleroi, Mons et Liège et se maintiennent aussi à Bruxelles-ville, gagnent Molenbeek et Koekelberg, mais globalement les socialistes ont perdu pas mal de plumes et cela augure mal des toutes proches élections européennes, fédérales et régionales.

 

Les élections communales en Belgique ont vu la débâcle des libéraux francophones, mais aussi une chute significative des socialistes dans les deux parties du pays. Cette défaite a eu moins de conséquences pour ces derniers, car ils tiennent encore leurs fiefs à Charleroi, Mons et Liège et se maintiennent aussi à Bruxelles-ville, gagnent Molenbeek et Koekelberg, mais globalement les socialistes ont perdu pas mal de plumes et cela augure mal des toutes proches élections européennes, fédérales et régionales.

 

Le PTB, gauche radicale, lui, a fait une entrée significative à ces élections locales. C'est donc un parti qui commence à s'implanter. Et cela est un sérieux atout pour les prochains scrutins. Si ce parti double ou triple son nombre de sièges dans les Parlements fédéral et régionaux, cela se fera au détriment du PS. C'est sans doute ce qui explique l'intransigeance des socialistes à l'égard des PTbistes lors des négociations pour former des majorités dans les communes dirigées par le PS. Son calcul : diaboliser et pousser le PTB dans l'opposition au niveau local risque d'atténuer sa visibilité et ses chances de l'emporter en mai prochain. C'est pour le moins un pari risqué.

 

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Les beaux sourires entre Paul Magnette et les négociateurs du PTB à Charleroi cachaient un piège.

 

Et puis, associer le PTB à la gestion des communes aurait pu s'avérer dangereux. Cela aurait été faire rentrer le loup dans la bergerie du très opaque système des intercommunales et des marchés publics communaux dont le PS et d'autres partis traditionnels sont friands, particulièrement en Wallonie.

 

Diaboliser le PTB revient à s'aligner sur la propagande de la droite. Benoît Lutgen, le très droitier président du CDH (chrétiens démocrates), n'hésite d'ailleurs pas à affirmer que l'extrême-gauche, c'est l'extrême-droite, le racisme en moins ! Des libéraux, le Premier ministre Charles Michel en tête, agitent l'épouvantail du communisme. Et les socialistes osent participer à cette démarche !

 

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Benoît Lutgen, le très droitier président du déliquescent parti chrétien, assimile l'extrême-gauche à l'extrême-droite.

 

Certains devraient comprendre qu'on est au-delà du calcul électoral. L'enjeu est l'avenir de la gauche en mai 2019, l'enjeu est de mettre sur pied une alternative au gouvernement NV-A, MR de Bart De Wever et de Charles Michel. Mais pour cela, il faut se débarrasser de susceptibilités, de préjugés et d'exclusives.

Qu'il y ait un gouffre énorme entre le PTB et le PS, même si leurs militants respectifs chantent l'Internationale et défilent derrière le drapeau rouge, c'est évident. Mais, le soir même des élections communales, il n'est guère correct d'annoncer que l'on va négocier prioritairement avec le PTB et Ecolo pour créer des « majorités progressistes » et ainsi plaire à la FGTB et puis rompre les négociations au bout d'une semaine en insultant le partenaire et en lançant aussitôt une méchante campagne sur les réseaux sociaux qui, manifestement, avait été préparée. C'est tout simplement susciter la colère et le désespoir. Le comble, comme à Molenbeek, on conclut une alliance PS – MR, Catherine Moureaux arguant qu'une majorité progressiste n'étant pas réalisable, il faut installer une majorité « de stabilité » ... avec les libéraux ! Le grand écart !

 

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L'alliance des sœurs ennemies. Qui descendra l'autre ?

 

Il est d'ailleurs clair qu'il y avait un préaccord entre les Socialistes et les Libéraux, car tout s'est déroulé très vite. En cela, la direction du Parti socialiste a porté un très mauvais coup à la gauche. Et c'est tout profit pour l'extrême-droite et les néolibéraux. Robert Vertunueil, le président de la FGTB, l'a compris et a lancé un appel aux trois partis progressistes – PS, Ecolo, PTB – pour qu'ils relancent les négociations en vue de constituer des majorités communales. « Cet appel vient trop tard ! » répond cyniquement Catherine Moureaux.

 

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Robert Vertunueil a essayé en vain de convaincre le PS, Ecolo et le PTB à reprendre les négociations afin de constituer des majorités progressistes dans les communes.

 

Cet épisode pas très joli joli est révélateur du déclin de la social-démocratie qui perd des plumes un peu partout en Europe. Pire, la social-démocratie s'inscrit une fois de plus dans le « main stream », c'est-à-dire ce « centre » qui dirige l'Europe et une grande partie du monde depuis des années. Ce « centre » qui a imposé l'ultralibéralisme un peu partout en démantelant les services et la puissance publiques, en démolissant l'Etat social, conquête de la Résistance au nazisme en Europe.

 

La gauche qu'elle soit social-démocrate ou radicale – regardez la déliquescence du PS français et même de France Insoumise de Mélenchon – se montre incapable d'opérer le moindre changement. Pour exister, elle est contrainte soit de partager le pouvoir avec ce qui est logiquement ses principaux adversaires qui sont, en définitive, les maîtres du jeu, soit de patauger dans une opposition stérile et criarde.

 

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Le comportement tout à fait inapproprié de Mélenchon lors de la perquisition de son parti qui, certes, pose des questions, l'a durablement démonétisé.

 

Ainsi, faible au niveau local, comment veut-on que la gauche soit forte à la Région ou à l'échelle de l'Etat ?

 

Mais si on veut un réel changement, ce n'est ni au niveau d'une commune, ni à celui d'une région, ni à la tête d'un Etat, mais dans une action à l'échelle européenne, voire mondiale.

 

Alors – sempiternelle question – que faire ?

 

L'espoir vient sans doute du Nouveau monde.

 

Tout espoir n'est cependant pas perdu. Et, celui-ci vient sans doute du Nouveau monde, de cette Amérique du Nord en proie à l'autoritarisme de droite d'un Trump et dont le principal pays du Sud vient de tomber entre les pattes d'un dangereux fasciste.

 

L'appel lancé par Bernie Sanders le 9 octobre en faveur de la construction « d'un mouvement démocratique mondial pour contrer l'autoritarisme » met chacun et chacune de nous devant ses responsabilités : sommes-nous disposés à unir nos forces pour nous battre contre la peste autoritaire, raciste et d'extrême droite avant qu'il ne soit trop tard ?

 

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L'appel de Bernie Sanders, candidat malheureux à l'investiture présidentielle US, est sans doute l'événement le plus important de l'année.

 

Ce qu'on vient de voir en Belgique et en France ne pousse pas à l'optimisme, mais...

 

Souvenons-nous de Bernie Sanders. Ce sénateur du Vermont, candidat démocrate aux dernières élections présidentielles américaines et qui a été éliminé par son propre parti au profit d'Hillary Clinton qui n'a pu empêcher Trump de l'emporter. Sanders représentait un espoir, surtout auprès des jeunes et des « minorités » par un programme radical qui répondait aux questions concrètes que se pose une grande partie de la population. Ecologie, ultralibéralisme, chômage, racisme, risques de guerre. Sans le sabotage du clan Clinton, Bernie Sanders avait de sérieuses chances de l'emporter.

Il a perdu, mais il ne se décourage pas pour autant. Il vient de lancer un appel qui interpelle le monde du progrès aussi bien aux Etats-Unis, en Amérique latine, qu'en Europe.

 

Deux visions concurrentes

 

Cet appel ne se contente pas de demi-mots ou de généralités confuses et sans objectifs clairs et précis. Au contraire, il est appuyé sur une description détaillée et très bien argumentée d'abord de la menace mortifère qui pèse sur l'humanité et la planète et ensuite du mouvement mondial qui devra assumer la mission salutaire d'affronter cette menace dans un combat à mort. C'est ainsi qu'après avoir déploré le « trop peu d'attention » portée actuellement sur « une tendance inquiétante dans les affaires mondiales », il commence par constater qu'on assiste aujourd'hui aux Etats Unis et au monde entier à « une lutte aux énormes conséquences » entre « deux visions concurrentes. D'un côté, nous voyons un mouvement mondial croissant vers l'autoritarisme, l'oligarchie et la kleptocratie. De l'autre côté, nous voyons un mouvement vers le renforcement de la démocratie, l'égalitarisme et la justice économique, sociale, raciale et environnementale ».

 

Ayant dessiné les contours du problème, Bernie Sanders peut maintenant balayer l'approche souvent anecdotique du « phénomène » Trump en constatant que « Donald Trump et le mouvement de droite qui le soutient ne sont pas un phénomène unique aux États-Unis. Partout dans le monde, en Europe, en Russie, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique latine et ailleurs, nous voyons des mouvements dirigés par des démagogues qui exploitent les craintes, les préjugés et les plaintes des gens pour conquérir le pouvoir et s'y accrocher ». Et Bernie de nommer les plus illustres de ces dirigeants autoritaires (Trump, Poutine, Erdogan, Duterte aux Philippines, Orban en Hongrie, Kim Jung Un en Corée du Nord, Netanyahu en Israël, Bolsonaro au Brésil) avant de préciser que « bien que les dirigeants qui composent cet axe puissent différer sur certaines questions, ils partagent des attributs essentiels : intolérance des minorités ethniques et religieuses, hostilité aux normes démocratiques, opposition à une presse libre, paranoïa constante à l'égard de complots étrangers et conviction que les chefs du gouvernement devrait pouvoir utiliser leurs postes de pouvoir pour servir leurs propres intérêts financiers égoïstes ». Sans oublier que « plusieurs de ces dirigeants sont également profondément liés à un réseau d'oligarques multimilliardaires qui considèrent le monde comme leur jouet économique ».

 

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Le fasciste Jair Bolsonaro savoure sa victoire. Il va diriger le plus grand pays d'Amérique du Sud.

 

La nuisance des intérêts privés

 

Tirant la leçon de cette profonde liaison entre ces dirigeants autoritaires et le réseau d'oligarques milliardaires, Bernie Sanders arrive à la conclusion que « jamais auparavant nous n'avions vu aussi clairement le pouvoir de l'argent sur la politique gouvernementale. Qu'il s'agisse des frères Koch, qui dépensent des centaines de millions de dollars pour démanteler les réglementations environnementales protégeant la santé des Américains, ou des monarchies autoritaires comme l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar, qui dépensent à Washington des millions de dollars de leur richesse en énergie fossile pour promouvoir les intérêts de leurs régimes antidémocratiques, ou des entreprises géantes soutenant les groupes de réflexion afin de produire des recommandations politiques qui servent leurs propres intérêts financiers, il s'agit de la même chose : des puissants intérêts particuliers utilisent leur richesse pour influencer le gouvernement pour leurs propres avantages égoïstes ».

 

Que faire face au front commun de l'autoritarisme et du grand capital ?

 

Mais, la menace devient encore plus importante du moment que « ces autoritaristes font partie d'un front commun. Ils sont en contact étroit les uns avec les autres, partagent des tactiques et, comme dans le cas des mouvements de droite européens et américains, partagent même certains des bailleurs de fonds. Par exemple, la famille Mercer, qui finance la tristement célèbre Cambridge Analytica Ltd, a également apporté son soutien à Donald Trump et à Breitbart News, qui opère en Europe, aux États-Unis et en Israël pour faire avancer le même programme anti-immigrés et antimusulman. Sheldon Adelson donne généreusement au Parti républicain et aux causes de droite aux États-Unis et en Israël, en promouvant un programme commun d'intolérance et de fanatisme dans les deux pays ». Alors, que faire face à ce « front commun » de l'autoritarisme et du grand capital qui menace directement nos libertés et nos droits démocratiques ?

 

La réponse de Bernie Sanders est on ne peut plus claire : « Pour lutter efficacement contre l'autoritarisme de droite, nous ne pouvons pas simplement être sur la défensive. Nous devons être proactifs et comprendre que défendre le statu quo qui a échoué au cours des dernières décennies n'est pas suffisant. En fait, nous devons reconnaître que les défis auxquels nous sommes confrontés sont le produit de ce statu quo ». Et Bernie de continuer en expliquant en détail ce qu'est ce « statu quo » contre lequel on doit se battre si on veut que notre combat contre l'autoritarisme ne soit condamné d'avance à l'échec : « Notre travail consiste donc à ne pas accepter le statu quo, ni à accepter des niveaux colossaux de richesse et d'inégalité de revenus, où 1 % les plus riches de la population mondiale possède la moitié de la richesse de la planète, tandis que les 70 % les plus pauvres de la population en âge de travailler ne représentent que 2,7 % de la richesse mondiale. Il ne faut pas accepter le déclin du niveau de vie de nombreux travailleurs dans le monde, ni accepter la réalité de 1,4 milliard de personnes vivant dans l'extrême pauvreté, alors que des millions d'enfants meurent de maladies facilement guérissables ». Et aussi : « Notre travail consiste à mobiliser l'ensemble de la planète pour qu'elle résiste à l'industrie des combustibles fossiles, qui continue à générer des profits énormes, tandis que leurs émissions de carbone détruisent la planète pour nos enfants et nos petits-enfants ».

 

L'énumération par Bernie des maux que génère ce « statu quo » est longue et instructive. Tout y passe, de la corruption généralisée à la catastrophe climatique, et de la folie des dépenses militaires au sort inhumain réservé aux migrants et réfugies. Mais, Sanders ne se limite pas à dresser le tableau des méfaits du néolibéralisme. Pour lui, l'important est de résister, de se battre contre chacun de ces maux, d'ouvrir des fronts de lutte, et surtout d'unifier tous ces combats dans un énorme mouvement planétaire ! La conclusion de son appel est plus qu'éloquente et nous interpelle tous et toutes de par le monde :

 

« Pour terminer, permettez-moi simplement de dire que pour lutter efficacement contre les forces mondiales de l'oligarchie et de l'autoritarisme, nous avons besoin d'un mouvement international qui se mobilise avec une vision commune de prospérité partagée, de sécurité et de dignité pour tous, et qui s'attaque à l'énorme inégalité mondiale qui existe, non seulement sur le plan de la richesse mais aussi du pouvoir politique. »

 

« Un tel mouvement doit être prêt à penser de manière créative et audacieuse le monde que nous aimerions voir. Alors que l'axe autoritaire s'est engagé à démonter l'ordre mondial postérieur à la Seconde Guerre mondiale qu'il considère comme limitant son accès au pouvoir et à la richesse, il ne suffit pas que nous défendions simplement cet ordre tel qu'il existe. »

 

« Nous devons examiner honnêtement comment cet ordre n'a pas tenu bon nombre de ses promesses et comment les autoritaires ont exploité ces échecs avec habileté afin d'obtenir un soutien pour leur programme. Nous devons saisir cette occasion pour reconceptualiser un ordre mondial fondé sur la solidarité humaine, un ordre qui reconnaît que chaque personne sur cette planète partage une humanité commune, que nous voulons tous que nos enfants grandissent en bonne santé, aient une bonne éducation et occupent un emploi décent, boivent de l'eau potable, respirent de l'air pur et vivent en paix. Notre travail consiste à rejoindre ceux qui, partout dans le monde, partagent ces valeurs et luttent pour un monde meilleur.

 

Les autoritaires cherchent le pouvoir en promouvant la division et la haine. Nous allons promouvoir l'unité et l'inclusion.

 

À une époque où la richesse et la technologie explosent, nous avons le potentiel de créer une vie décente pour tous. Notre travail consiste à bâtir sur notre humanité commune et à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous opposer à toutes les forces, qu'il s'agisse d'un pouvoir gouvernemental irresponsable ou d'un pouvoir entrepreneurial déraisonnable, qui tentent de nous diviser et de nous opposer. Nous savons que ces forces travaillent ensemble à travers les frontières. Nous devons faire la même chose. »

 

Des personnalités ont déjà répondu à cet appel, notamment l'ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis.

 

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Yanis Varoufakis, l'ancien ministre des finances du premier gouvernement Syriza en Grèce en 2015, est la première personnalité à avoir rejoint l'appel de Bernie Sanders.

 

C'est de la base que viendra le salut.

 

Mais, des personnalités ne suffisent pas. C'est de la base qu'il faut répondre à l'appel de Bernie Sanders à la construction d'un mouvement démocratique mondial. De nombreuses initiatives sont prises un peu partout sur les plans local et régional et surtout, sans faire appel aux appareils. Elles sont concrètes et œuvrent pour les femmes, les migrants, les sans-abris, etc. Bref, les « minorités », les laissés pour compte d'une société dominée par la cupidité ultralibérale. Ces initiatives sont des gouttes d'eau, mais de plus en plus nombreuses, ces gouttes arrivent à former une pluie. C'est de longue haleine, cela durera sans doute une génération, sinon plus. Nous aurons l'occasion d'évoquer l'une d'entre elles très bientôt.

 

Au boulot, les gars !

 

Pierre Verhas

 

Pour lire le texte complet de l'appel (en anglais) et visionner la vidéo de l'appel de Bernie Sanders, cliquez sur: https://www.contra-xreos.gr/

 

Source: http://uranopole.over-blog.com/2018/11/une-reponse-progressiste-est-elle-possible.html

 

Source: http://uranopole.over-blog.com/2018/11/une-reponse-progressiste-est-elle-possible.html