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Alors qu’en France Total a réalisé 12 milliards d’euros de profits en 2011
pour engraisser actionnaires, spéculateurs et nantis, le "dictateur"
vénézuélien Hugo Chavez utilise la rente pétrolière au service du progrès
social, de l’inclusion sociale et d’une redistribution plus équitable des
richesses [1].

Je me souviens de ces banderoles, dans les quartiers pauvres de Caracas
(les barrios), qui proclamaient : "Maintenant le pétrole arrive dans les
écoles, les dispensaires, les centres sociaux...". Quelle horreur : sortir
les gueux de leur condition de parias ! Chacun à sa place Comandante !

Pour contourner un Etat encore "bourgeois" et corrompu, et qui résiste aux
changements, le "dictateur populiste" a mis en place des "missions
sociales" d’urgence afin de combattre la pauvreté ; assurer un statut aux
milliers de petits vendeurs ambulants et leur permettre l’accès à la
Sécurité sociale ; aider les jeunes mères célibataires ; garantir un
minimum vieillesse aux damnés de la terre. Egalement promouvoir la
médecine gratuite, des programmes éducatifs en direction de toutes les
couches de la population, aider les enfants des rues et les handicapés,
ouvrir des supermarchés populaires à prix cassés. Sans parler de la mise
en place de conseils communaux élus (structures d’autogestion) qui font
régner la terreur du "pouvoir populaire" et de la "démocratie
participative" dans les quartiers, les villages...

De source ONU (CEPAL), on apprend que la pauvreté au Venezuela a chuté de
49,4% de la population en 1998 à 27,8% aujourd’hui. Le pays est devenu le
moins inégalitaire d’Amérique latine. Pure propagande totalitaire ! Chavez
arrose les pauvres à des fins électorales et les rend "visibles" pour les
touristes. Quel gaspillage d’argent public ! Rien pour les riches, non de
Dieu, qui sont pourtant des citoyens à part entière et de "civilisation
supérieure" ! Que chacun reste à sa place et la rente pétrolière sera bien
gardée. Pourquoi la dilapider ?

Les prisons sont pleines d’opposants et d’amis de BHL ; le sang coule dans
les rues de Caracas. Les petits marchands en font du boudin caraqueño
qu’ils vendent dix bolivars. La droite française et ses scribouillards
paillettes-serviles s’insurgent. La gauche hollandaise et nombre
d’intellos ont peur de la contagion "populiste" ; il veillent sur le
respect des libertés et des droits de l’homme à Caracas.

La gauche-gauche, elle, est partagée. Une partie s’engage (nous en sommes)
; l’autre hésite. Et si c’était une resucée de soviétisme ? Elle observe
cet objet politique non identifié, non breveté "Made in Occident", ce
putain de "socialisme du 21ème siècle", ce curieux mélange... Attention
aux mots ! Ne le nommons pas encore. Il ne correspond pas à nos grilles de
lecture, à nos schémas. Ce n’est pas "la révolution" ajoutent les
puristes. Et puis Chavez est impulsif, militaire, zambo (métis). Il se
trompe parfois en matière de politique internationale, j’en conviens.

Observons l’élection présidentielle d’octobre 2012 pour voir s’il la gagne
démocratiquement. Et puis nous aviserons. L’internationalisme de jadis, la
solidarité - sans aveuglement ni inconditionnalité - attendront jusqu’en
novembre. Une fois de plus, malheureusement, notre euro-centrisme, notre
frilosité, peuvent nous conduire à regarder les trains passer. NON, NON et
NON !

Les barricades, comme disait Elsa Triolet, n’ont que deux côtés.
Washington a déjà choisi le sien, et il arrose, il arrose... les siens,
les siens de garde du néolibéralisme en péril.

JEAN ORTIZ
18 février 2012

NOTES
[1] Lire « Au Venezuela, Hugo Chavez multiplie les programmes sociaux pour
les pauvres », Le Monde, 14 février 2012.


Origine de l’article: http://www.medelu.org