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Delen van artikels

Si les firmes pharmaceutiques communiquent largement sur les avancées de leurs recherches pour de futurs vaccins et affichent des résultats merveilleux d’efficacité de leurs premiers tests sur les humains (par des communiqués de presse tonitruants, mais pas par des études scientifiques vérifiables), il est un volet de leurs activités qui reste top secret : les réalités économiques. Mais en cherchant un peu dans les documents financiers, on parvient à voir clair dans leur jeu. Ou alors on attend les bourdes d’une secrétaire d’État…

Si beaucoup de nos contemporains se montrent très méfiants face à l’arrivée très médiatisée de vaccins contre le virus de la Covid, ce n’est peut-être pas seulement par une peur irraisonnée d’une technique qu’ils ont certainement déjà pratiquée à 99% (qui n’a pas été vacciné à de multiples reprises ?), mais parce que, dans ce cas-ci, ils devinent des intérêts financiers gigantesques qui expliquent une précipitation qui pourrait être à l’origine de risques non mesurés. Alors, le Big Pharma, oui ou non, profite-t-il de l’anxiété des populations et de la volonté des gouvernants de bien faire et de leur culpabilité de ne pas arriver à protéger tant de citoyens ?

Le contexte international
Dès le début de la pandémie due au Covid-19, de nombreuses voix se sont élevées pour demander aux multinationales du médicament de ne pas profiter de la situation, de fournir leurs éventuels vaccins à des prix le plus bas possible et de ne pas breveter leurs découvertes. Et pourtant, le 21 juillet dernier, en commission de la Chambre des représentants américaine, les laboratoires Pfizer-BioNTech, Moderna et Merck-Pasteur, refusaient de commercialiser leurs vaccins à prix coûtant[1]. Ils justifiaient leur refus de solidarité en prétextant des levées de fonds importantes. Cependant, s’il est vrai que des emprunts ont été réalisés, il s’avère que ceux-ci étaient essentiellement destinés à la phase de fabrication du vaccin alors que les recherches ont été préfinancées par des États. Ainsi, déjà à l’époque, 1,3 milliard $ avait été directement financé par les pays membres du Covax (alliance internationale pilotée par la Gavi, initiée par la Fondation Bill et Melinda Gates)[2], 2,3 milliards $ au travers de l’Opération Warp Speed (vitesse de l’éclair) des États-Unis, 955 millions $ pour Moderna et 300 millions $ pour CureVac par l’Allemagne. De leur côté, Pfizer et BioNTech ont été financés par l’Allemagne à hauteur de 445millions $ pour BioNTech ainsi qu’un prêt garanti de 100 millions $ de la banque européenne d’investissement[3], soit un total de 565 millions $.

Les firmes pharmaceutiques font valoir des risques industriels liés à des investissements préalables aux autorisations et donc perdus en cas d’échec, mais l’on constate que la plupart des États ont passé des précommandes fermes avant même la fin des essais cliniques de phase III. Certains États ont même donné l’autorisation d’utiliser les vaccins avant même la publication des résultats des essais. Il est probable que cette précipitation des autorités publiques s’explique en bonne partie par les collusions entre les laboratoires et les organismes certificateurs, comme en témoigne, par exemple, la présence au conseil d’administration de Pfizer de Scott Gottlieb qui a dirigé la FDA américaine jusqu’en 2019.

Moderna et Pfizer-BioNTech sont les plus avancés et semblent avoir momentanément gagné la course aux profits. Ils prévoient de produire de 1,8 à 2,3 milliards de doses de vaccins en 2021, soit la majorité des 3 milliards de doses prévues sur cette année. Or, le marché potentiel des vaccins est estimé à 38 milliards de $. Nos deux compères devraient cumuler environ 25 milliards $ à eux deux[4]. C’est un bond en avant gigantesque pour Pfizer qui réalisait pourtant déjà un chiffre d’affaires de 50 milliards $ et surtout pour Moderna qui n’a jamais commercialisé un produit auparavant.

Ces chiffres laissent deviner des marges de profit alléchantes. Un analyste de Morningstar, Damien Conover, a estimé que le coût de fabrication des vaccins à ARN messager était de 7,50$ par dose[5] et Geoffrey Porges de SVB Leerink le potentiel de marge entre 60 et 80%[6].

Les États qui devraient connaître ces données semblent accepter de négocier des prix très élevés. Le Big Pharma exige le plus grand secret sur les aspects commerciaux : si on apprend qu’un pays en position de force (marché très large) a obtenu un vaccin à un certain prix, les plus faibles auront des arguments pour demander le même traitement de (très relative) faveur. On verra qu’en Belgique, cela ne marche pas… Ce ne sont que des ordres de grandeurs, mais commercialisés autour de 20$ (ce que semblent demander les labos), les vaccins à ARN messager laissent percevoir des perspectives de marges dépassant les 50%, très loin des demandes et fausses promesses de modération.

Non seulement les autorités publiques sont prêtes à payer des montants, mais elles prennent encore bien d’autres à-côtés à leur charge : frais de transports, de distribution et, pour le vaccin de Pfizer, les super-frigos à -70°C (à 20.000€ l’unité, les quelques milliers nécessaires ajoutent plusieurs dizaines de millions € à la note). Et que dire du fait que les États acceptent, contraints et forcés, d’assumer les frais de dédommagements qui s’ajouteraient si des effets secondaires apparaissaient…

Nous sommes donc dans une situation de privatisation des gains et mutualisation des pertes qui constitue une rupture d’équité radicale et un conflit d’intérêts majeur entre les intérêts publics et privés dans cette course au vaccin.

La Belgique, championne de la transparence… involontaire
Alors que les firmes pharmaceutiques exigeaient un secret total sur les conditions financières d’acquisition de leurs vaccins, on sait que d’un geste maladroit (?), la secrétaire d’État au budget, Eva De Bleeker, interrogée en commission parlementaire sur les réserves nécessaires pour acquérir les vaccins, a publié sur Twitter un tableau détaillant le prix de chacun des vaccins précommandés et le coût total pour le budget (279 millions), violant ainsi les clauses de confidentialité des contrats. Le tweet été retiré en urgence, mais tous ceux qui ont publié des bêtises sur les réseaux sociaux savent que cela ne s’efface jamais. Et donc, ci-dessous, le tweet malheureux de la naïve secrétaire d’État.

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On constate ainsi que les deux meneurs actuels du peloton des vaccineurs, Moderna et Pfizer, ont respectivement obtenu des prix de vente de 18€ et de 12€. Bien joué, d’autant plus que chez Pfizer il faudra 2 doses pour assurer que le vaccin soit peut-être efficace! Et pourtant, AstraZeneca, propose lui un vaccin à 1,78€ la pièce (en une seule prise). Toute personne qui suit un peu la réalité des appels d’offres, même pour des sommes minimes, sait que la logique est quasi toujours celle du « moins-disant » : on reçoit les offres des concurrents en lice (il en faut au moins trois) et on retient en général celui qui propose le prix le plus bas (sauf si on a de bonnes raisons de ne pas lui faire confiance). Mais ici, vogue la galère, on est prêts à payer 10 fois plus cher… Pour gagner quelques semaines ?
Ainsi donc, l’État belge est disposé à dépenser 279 millions € en 2020 et peut-être 500 millions en 2021 pour ces vaccins. Rappelez-nous les montants prévus pour revaloriser les dizaines de milliers de soignants qui s’échinent depuis près d’un an pour sauver les malades du Covid…

Des craintes justifiées ?
On sait que la grande crainte des autorités est qu’un grand nombre de personnes n’acceptent pas de se faire vacciner. Elles imaginent des stratégies subtiles de communication pour convaincre, mais réalisent-elles que les citoyens ne sont pas des idiots et quand ils réalisent que pour gagner la course et donc des recettes mirifiques, les firmes pharmaceutiques sont prêtes à tout, ils se demandent si l’on n’a pas bâclé les recherches et les essais cliniques pour être le vainqueur de la course au profit…

Des précédents fâcheux ne rassurent pas. Ainsi, cet été, alors qu’elles stigmatisaient l’hydroxychloroquine du professeur Raoult (qui, il est vrai, n’avait pas respecté à la lettre les protocoles de recherche en double aveugle), les autorités médicales européennes autorisaient l’utilisation du remdesivir (Veklury®) qui, selon Gilead, le fabricant de ce médoc, était « le seul traitement efficace et disponible contre le Covid-19 ». Et pourtant, et pourtant…

Pourtant, le 26 juin 2020, le ministre de la Santé français, Olivier Véran, déclarait qu’il allait être très prudent sur l’usage du remdesivir, médicament qu’il jugeait peu efficace : « J’attends l’avis de la Commission européenne, puis j’attendrai l’avis des agences françaises du médicament (…) Ce traitement a pu montrer une efficacité qui reste extrêmement relative. »

Pourtant, malgré l’absence totale de consensus du monde médical autour de ce traitement depuis le début de l’épidémie, l’Union Européenne a commandé 533.000 doses de remdesivir entre août et octobre 2020 ![7] Le coût de ce médicament était de… plus de 2.000€ la dose alors que les calculs d’une équipe de chercheurs avaient estimé son coût de fabrication à 5.58$ pour un traitement en 6 doses, soit 0,93$/dose ! Cela aura donc coûté plus de 1,2 milliard €… pour ne traiter qu’un demi-million de malades sur toute l’Europe (21.400.000 cas détectés à ce jour).
Pourtant, les experts de l’OMS sont formels : « Le remdesivir n’est pas conseillé pour les patients admis à l’hôpital pour le Covid-19, quel que soit le degré de gravité de leur maladie, car il n’y a actuellement pas de preuve qu’il améliore la survie ni qu’il permette d’éviter d’être placé sous ventilation artificielle »[8]. On apprend que la Commission européenne n’a pris connaissance des résultats du rapport de l’Agence européenne des médicaments sur le remdesivir qu’après avoir passé sa commande ! Un porte-parole de la Commission européenne a reconnu : « Il n’y a eu aucune discussion avec l’OMS sur l’étude en cours avant la signature du contrat avec Gilead. »[9] Hydroxychloroquine quasi gratuite, recalée. Remdesivir hors de prix : bienvenue !

Confiance, faites-nous confiance demandent les responsables politiques et certains des experts qui les conseillent… Mais la confiance, cela se gagne, pas seulement par de belles paroles, mais par des actes en adéquation avec ce que les classes populaires considèrent comme de la common decency (selon Orwell, la décence ordinaire est « le sens commun qui nous avertit qu’il y a des choses qui ne se font pas, (…) l’ensemble de dispositions à la bienveillance et à la droiture qui constitue l’indispensable infrastructure morale de toute société juste. (…) Mixte, historiquement constitué, de civilités traditionnelles et de dispositions modernes qui ont jusqu’ici permis de neutraliser une grande partie de l’horreur économique. »

La pandémie due au Covid-19 nous apprend beaucoup de choses : ce qui compte dans nos vies, ce qui est accessoire, quelles sont les limites d’une civilisation qui se croyait toute puissante et ne l’est pas tant que cela. Mais autour de cette question des vaccins nous allons apprendre aussi (à nos dépens ?) qui va l’emporter : les vertus humaines élémentaires que sont la loyauté, l’honnêteté, la bienveillance ou la générosité ou bien l’horreur économique.

Publié le 24 décembre 2020par Alain Adriaens dans POUR

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[1] https://www.wsj.com/articles/pharma-companies-split-on-coronavirus-vaccine-pricing-plans-11595367562.
[2] https://www.gavi.org/fr/modele-de-fonctionnement/modele-de-partenariat-de-gavi/la-fondation-bill-melinda.
[3] https://www.eib.org/en/stories/eu-financing-for-covid-19-vaccine
[4] https://www.fiercepharma.com/pharma/as-first-covid-19-vaccinations-near-leading-developers-set-to-reap-tens-billions-analysts.
[5] https://www.marketplace.org/2020/11/12/how-much-could-pfizer-make-from-a-covid-19-vaccine/
[6] https://www.swissinfo.ch/eng/reuters/u-s–sets-global-benchmark-for-covid-19-vaccine-price-at-around-the-cost-of-a-flu-shot/45922312
[7] https://ec.europa.eu/france/news/20201008/signature_contrat_passation_conjointe_marche_gilead_remdesivir_fr.
[8] https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-l-oms-recommande-de-ne-pas-utiliser-le-remdesivir-pour-traiter-les-malades_4188705.html.
[9] https://ladroiteaucoeur.fr/2020/11/14/un-achat-compulsif-d12-milliard-de-dollars-pour-le-remdesivir-qui-ne-reduit-pas-la-mortalite-du-covid-19/.