Les 4 piliers du système des pensions
(sauf pour les fonctionnaires et les personnes assimilées)
Le premier pilier est basé sur la solidarité entre les travailleurs actifs d’aujourd’hui et les pensionnés d’aujourd’hui. Comme partie de la Sécurité sociale, il a été mis en place après la deuxième guerre mondiale et la victoire de la solidarité sur l’égoïsme fasciste.
La Sécu est alimentée par le salaire indirect du travailleur et par l’impôt. Le salaire du travailleur se compose du salaire direct (salaire net) et du salaire indirect composé de la cotisation du travailleur et de la cotisation patronale, fruit de la concertation sociale d’après 1945.
Depuis environ 25 ans, le patronat n’a de cesse de miner ce système.
D’abord, en faisant croire que le salaire indirect n’est pas une partie du salaire mais un coût salarial.
Ensuite le financement des pensions accuse aujourd’hui un trou de 16 milliards d’euros par an en raison d’une série d’exemptions (arrachées aux différents gouvernements) sur les cotisations sociales que les (grandes) entreprises ne doivent plus payer.
Seize milliards d’euros, avec lesquels, nous serions en mesure de financer le vieillissement de la population et de donner à toutes et tous (y compris aux aide-ménagères, gardiennes d’enfants, infirmières, aidants-proches, artistes, etc. aux carrières moins longues) une pension décente.
Enfin, il est bon de noter qu’en remplaçant une partie du salaire par un salaire en nature (voitures de société, chèques-repas, etc.), le patronat s’arroge le droit, avec la bénédiction des gouvernements successifs, de ne plus payer une partie du salaire indirect..
2me pilier
Le deuxième pilier est constitué par une pension complémentaire au sein de certaines entreprises (l’assurance groupe ou les fonds de pension).
En sont exclus notamment une bonne partie des PME et du secteur non marchand, pour ne pas parler des faux indépendants.
Selon le Conseil supérieur des finances, le 2e pilier coûte 2 milliards à l’État en déductions fiscales, … pendant que le déficit du 1e pilier se creuse.
Le 2e pilier n’est plus basé sur la solidarité arrimée à la garantie de l’État mais sur la capitalisation. Il est investi dans le capital spéculatif, le capital à risque dont le crash de 2008 a montré les limites funestes pour les pensionnés de nombreux pays.
3me pilier
Le troisième pilier est constitué par l’épargne-pension et l’assurance-vie. Il est basé sur la capitalisation individuelle.
L’épargne-pension individuelle coûte également à l’État notamment à travers des déductions fiscales.
Ce 3e pilier souffre des aléas relevés pour le 2e pilier.
Les sinistrés des inondations de la Vesdre vivent actuellement la mauvaise volonté des compagnies d’assurances quand il s’agit de passer à la caisse.
Et pourtant, à notre époque marquée par la pandémie, le réchauffement climatique et la montée de l’extrême-droite, les systèmes sociaux de solidarité sont une nécessité pressante. Cela vaut bien sûr pour les pensionnés ou pour les personnes en situation de handicap.
4me pilier
Et pour bien noyer le poisson, un quatrième pilier est introduit : « le reste de l’épargne comme l’immobilier qui est, quelque part, une forme de préparation pour la retraite »
(Pierre Devolder, professeur à l’UCL, cotitulaire de la « chaire d’excellence Ethias sur les pensions complémentaires »).
Ainsi, les plus pauvres sont accusés de soi-disant « imprévoyance » pour n’avoir pas épargné à temps – comme si investir dans l’immobilier était à leur portée.
En conclusion
Depuis 25 ans, nous assistons à une vaste offensive pour réduire le premier pilier – la solidarité intergénérationnelle et entre citoyens – à la portion congrue et à des pensions de survie indécentes, au profit des autres piliers basés sur la capitalisation, qui assure de nouvelles sources de financement pour le capital spéculatif.
La série d’articles publicitaires (Demain pension – https://www.lesoir.be/339210/sections/demain-pension) parus dans Le Soir chaque vendredi de cet automne 2021 avec la complicité du SFP (service fédéral des pensions) s’inscrit dans cette offensive. Les articles rédigés par des académiques comme le professeur Devolder qui ont l’oreille du SFP, vantent les mérites du secteur des assurances plutôt que le service public, tout en déplorant que « Toutes les classes sociales n’ont pas l’envie, la possibilité ou même le réflexe d’épargner » (!) (Le Soir, 12-11-2021, p. 10).
J. Michaux
Bron: https://gangdesvieuxencolere.be/2022/01/les-4-piliers-du-systeme-des-pensions/