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Ce lundi 27 janvier, les conseillers communaux de la Ville de Bruxelles se réunissaient pour faire le point sur le projet Neo, un projet immobilier sur le plateau du Heysel qui inclut notamment le plus grand centre commercial de Belgique. Quelle ne fut pas la surprise des associations et habitants d’apprendre que, contrairement à un conseil communal classique, la séance se ferait à huis clos. L’argument avancé : y seront évoquées des clauses contractuelles qui ne peuvent légalement être rendues publiques. Le projet engage pourtant plusieurs centaines de millions d’argent public !

Le projet Neo démarré depuis plus de 10 ans n’a jamais brillé par la transparence de sa procédure. Déjà en 2009, les associations environnementales montaient au créneau pour dénoncer cet état de fait [1]. L’imbroglio du dossier et les rapports de forces en interne entre les différents partenaires privés et publics du projet expliquent la cacophonie de ceux qui communiquent sur celui-ci vers l’extérieur. Ainsi, en septembre 2019, face aux incertitudes sur Neo 2 et son centre de congrès, Philippe Close, le bourgmestre de la Ville de Bruxelles, fait savoir que « Le projet de Neo 2 va être mis entre parenthèses le temps d’ouvrir tout le dossier du Heysel ». Un mois plus tard, en plein salon de l’immobilier au Mapic à Cannes, se voulant rassurants vis-à-vis des investisseurs, Ville et Région font savoir que les permis pour Neo 1 et son centre commercial sont sur le point d’être délivrés.


Un géant aux pieds d’argile

Les habitants et associations qui suivent de près le projet s’en étonnent au regard des obstacles qui s’amoncellent devant Neo 1. Le Plan Régional d’Affectation du Sol (PRAS) permettant le projet a déjà été annulé une première fois par le Conseil d’État et est sur le point de l’être à nouveau. Personne n’est dupe quant au fait que le projet de Plan d’aménagement directeur (PAD) sur la zone se poursuit avec comme premier objectif de passer outre l’avis du Conseil d’État [2].

L’administration flamande a refusé en septembre 2019 d’accorder le permis nécessaire à la voirie de liaison entre le plateau du Heysel et le Ring, une solution de mobilité insuffisante mais indispensable à la réalisation du projet tant celui-ci devrait entraîner une augmentation très conséquente de la circulation automobile dans la zone. Les initiateurs du projet peinent à trouver une alternative de connexion efficace.

Le choix de maintenir et de rénover le stade Roi Baudouin, suite à l’échec du projet de nouveau stade sur le parking C, a en outre pour conséquence que les logements et le centre commercial de Neo 1 auront leur nez sur celui-ci posant des questions liées à la sécurité et à la gestion des nuisances sonores. Enfin le modèle du mall commercial a fait son temps et ne fait plus recette comme le montre la baisse inéluctable du nombre de visiteurs des centres commerciaux (-3,72 % sur le premier trimestre 2019 en Belgique). Raison pour laquelle la Déclaration de politique régionale 2019-2024 prévoit un moratoire pour les centres commerciaux !

Or c’est bien ce projet mal emmanché qui constitue la base du montage financier et immobilier des différentes phases de Neo. C’est la rente tirée du terrain mis à disposition par la Ville de Bruxelles au profit d’Unibail pour réaliser le centre commercial qui est censée financer en partie Neo 2 [3] et son centre de congrès aujourd’hui compromis en raison du besoin urgent de rénovation des Palais des expositions. Ce nouvel élément, ajouté à la décision de maintenir le stade Roi Baudouin, implique de revoir entièrement les projets de réaménagement du Heysel.

Les interpellations parlementaires se multiplient pour demander une réévaluation de l’ensemble du projet et obtenir plus de transparence sur les engagements pris, les montants dépensés ou engagés pour un projet dont la valeur globale dépasse le milliard d’euros [4]. Si l’on peut apprécier en conséquence qu’une séance du conseil communal de la Ville de Bruxelles se tienne sur ces questions, il est par contre inacceptable que celle-ci se fasse à l’abri du regard des citoyens au nom du caractère privé des clauses contractuelles. Les habitants et associations avaient préparé pour l’occasion une liste de questions que vous trouverez ci-jointe. Ils apprécieraient en obtenir réponse rapidement. Par exemple, lors du prochain conseil communal.

▪ Contacts : Claire Scohier , Thyl Van Gyzegem

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Notes

[1] Lire : IEB, le Bral et BBL appellent à plus de transparence et de concertation, 26 octobre 2009 : https://www.ieb.be/Les-federations-environnementales

[2] Voir le communiqué des comités et associations du 16 juillet 2019

[3] Sur l’annuité de 20 millions d’euros à verser pendant 20 ans à l’opérateur privé de Neo 2, 7,5 millions d’euros sont censés provenir de Neo 1.

[4] À la louche : 320 millions d’euros pour Neo 1, 400 millions d’euros pour le centre de congrès, 200 millions d’euros pour la rénovation de Brussels Expo, auxquels il faut ajouter les fonds déjà dépensés et les frais connexes qui ne manqueront pas d’advenir.

Source: https://www.ieb.be/NEO-1-2-habitants-et-associations-pries-de-rester-derriere-des-portes-closes?suivi=2020-01-29&noix=43567