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Le nouveau gouvernement fédéral se présente comme un bouclier contre le black-out. En fait il baisse la culotte devant Electrabel. Dans l’accord gouvernemental (chap 5), tous les vœux du quasi unique producteur belge d’électricité sont comblés. La plupart des centrales à gaz qu’Electrabel, et ses petits concurrents, ont fermés ces dernières années, seront rouvertes mais verront cette réouverture fortement subventionnée. L’exploitation des réacteurs nucléaires sera prolongé bien au-delà du raisonnable, comme celle des travailleurs ! L’impôt sur le nucléaire sera revu à la baisse.

Les limites aux factures d’électricité pour les particuliers seront supprimées. En même temps, les prix de l’électricité aux entreprises sera réduit dans le cadre de la com-pét-iti-vité.Rien n’est prévu en termes de réduction des émissions en gaz de serre. On ne pouvait attendre autre chose d’un gouvernement aussi hostile aux gens ordinaires : travailleurs, allocataires, femmes, jeunes.

Le GIEC (Groupe international des experts climatiques) vient de remettre ses conclusions aux décideurs. Il en résulte que l’espoir d’éviter un basculement climatique est très réduit. Il faut agir immédiatement et radicalement si nous pesons que l’humanité, et surtout la partie la plus faible de celle-ci, doit éviter une crise climatique dont les effets seront pires que celle de la dernière guerre mondiale.

Au lieu de cette réaction le sommet qui réunissait le patronat et certains gouvernements de New-York s’est concentré sur la résilience des pays les plus menacés et surtout du monde financier face au basculement climatique. Aucun accord contraignant n’a été conclu. 300.000 personnes ont manifesté à New York contre ce sommet !

L’Union européenne y est allée de son couplet fin octobre.  « Réduction de l’émission des gaz à effets de serre d’au moins 40% d’ici à 2030 par rapport à 1990 ; les énergies renouvelables devront atteindre 27% du mix énergétique et 27% d’économies d’énergie devront être réalisés ». Ces objectifs, même s’ils étaient appliqués à la planète entière, ne permettront pas d’éviter une hausse de température de plus de 2°C. En outre cet accord n’est également pas contraignant. Personne ne sait avec certitude ce qui se passera si la limite des 2 degrés serait franchie, mais tous prédisent que les catastrophes se renforceront probablement les unes les autres : les dégâts en vie humaines brisées et anéanties seraient plus importants que tout ce que l’humanité a déjà connu comme catastrophe. Et le retour à la normale serait impossible avant des centaines d’années.

Il faut renverser la vapeur !

En Belgique, les trois quarts de l’énergie électrique sont consommés par l’industrie. Si tous les ménages diminueraient leur consommation de moitié, cela diminuerait la consommation totale de 12.5% ! Cela n’est évidemment pas possible : 124.000 ménages doivent déjà se débrouiller avec un compteur à budget, c’est un ménage sur quarante. 80.00 ménages ont connu une coupure d’électricité en 2013. Il ne faut pas en déduire que les ménages ne peuvent rien faire, au contraire. Mais cela signifie que le changement radical dont nous avons besoin doit s’effectuer en premier lieu dans les entreprises et les bureaux. Les épaules les plus larges peuvent et doivent porter les charges les plus lourdes. Les délégations syndicales ont un rôle très important à jouer dans ce cadre. Nous pensons que ces revendications qui relèvent de l’intérêt général complèteront le refus des mesures économiques antisociales du gouvernement et permettront de bâtir un front plus large mieux à même de chasser ce gouvernement.

Nous n’avons d’ailleurs pas le choix. Le Bureau du Plan et Itinera, qui traduisent les désirs du monde patronal et de son gouvernement en langage pseudo-scientifique, prévoit que d’ici 2050, il faudrait investir environ 62 milliards d’euros en construction de centrales électriques, dont la moitié avant 2030. Ces montants astronomiques sont dus à la politique de non-investissement d’Electrabel sous l’emprise de M. Albert Frère été C° qui a pressé Electrabel comme un citron et a maintenant vendu ses parts à bon prix en laissant au monde du travail belge la tâche de payer pour les pots cassés. Electrabel est évidemment prêt à investir les dizaines de milliards en question…sous certaines conditions. Elle exigera d’abord, comme elle le fait déjà à certains moments, un prix de vente en gros de €50 ou même €60 par MWh*, alors que le cours normal est de €40 et le prix de revient nucléaire environ €10/MWh. Ensuite elle exigera de construire des centrales au charbon, plus rentable que le gaz. Finalement Electrabel exigera le maintien en exploitation des réacteurs nucléaires y compris les dangereux comme Doel 3 et Tihange 2, y compris les vétustes comme Tihange 1, Doel 1 et 2.

Nous devons face à ce cahier de revendications patronal formuler un cahier basé sur les besoins sociaux et commencer à le mettre œuvre. Comment réaliser cela concrètement ?

En premier lieu en obligeant le patron à supprimer le gaspillage : publicités néons, plasma ou éclairées, magasins chauffées les portes ouvertes, locaux de travail mal ou pas isolés.

Ensuite en exigeant le remplacement à court terme des équipements ou processus gaspilleurs par des autres plus économes en énergie. Si possible en ralentissant ou en supprimant la production pendant les heures de pic de la consommation, lorsqu’il fait froid : arrêt ou ralentissement des chaînes ou des processus de 18 à 20 heures, sans perte de salaire, dans l’intérêt général.

Enfin, en amenant l’entreprise à quitter Electrabel en tant que distributeur de courant, parce que cette entreprise, qui a le quasi-monopole de la production d’électricité en Belgique n’est plus capable d’assurer la livraison d’électricité quand on en a le plus besoin ! C’est Electrabel et son nucléaire, et non ses opposants qui nous ramènent à l’âge des bougies. Boycott Electrabel !

Evidemment, chacun peut entreprendre, si ce n’est déjà fait, des actions analogues dans son habitation et son comportement, dans la mesure du possible ou exiger que le propriétaire fasse ce qu’il faut. Boycott Electrabel !

Climat et Justice Sociale - octobre 2014

*1 Mega-Watt-heure = 1000 KWh, l’énergie consommé par un imaginaire fer à repasser (env. 2KW) actif pendant 500 heures).