Islamophobie. Voilà le substantif qui provoque la polémique ces temps-ci. On dit que c’est le fameux intellectuel « islamologue » Tariq Ramadan qui l’aurait inventé et diffusé en Europe. On verra que c’est faux. L’islamophobie se définirait comme l’hostilité à l’égard de la religion du prophète des musulmans qui cacherait en réalité une forme pernicieuse du racisme. En effet, ce rejet de l’Islam cacherait en réalité le racisme envers les populations arabes, turques, africaines qui ont émigré en Europe.
Dans les milieux laïques de gauche, on prétend que ce terme est une pure invention destinée à manipuler l’opinion européenne. Dans leur esprit, la critique de la religion ne relève pas du racisme, mais de la liberté d’expression que tout un chacun est en droit d’exercer.
Qui a raison ? Qui a tort ?
L’Islam n’a pas bonne presse en Europe, c’est le moins qu’on puisse dire. Les attentats de Bruxelles et de Paris, la menace terroriste, les massacres des chrétiens d’Orient, les tortures infligées en public à des opposants dans les monarchies pétrolières, l’Etat islamique et ses crimes contre l’humanité, l’esclavagisme de Boko Haram en Afrique, le massacre d’étudiants chrétiens au Kenya, des Africains chrétiens jetés par-dessus bord des frêles embarcations remplies de réfugiés fuyant la misère et la guerre pour rejoindre la terre promise européenne, sont autant d’abominations qui poussent une opinion européenne déjà fragilisée par la crise dans les bras des politiques extrêmes qui en tirent un large profit.
De l’autre côté, les manifestations et actes de racisme à l’égard des musulmans se multiplient en Europe. Un nombre important de mosquées ont été vandalisées après les attentats contre « Charlie Hebdo ». Il y a le mouvement « Pegida » en Allemagne qui, même s’il a été un feu de paille, eut un inquiétant succès. Nombre de politiciens tiennent des propos racistes à l’égard des immigrés originaires d’Afrique du Nord et du Proche Orient. L’extrême-droite se trouve aux portes du pouvoir dans plusieurs pays d’Europe. En France, les attentats de janvier ont servi de prétexte à l’adoption de lois répressives sur la surveillance et la liberté d’expression.
Bref, nous nous trouvons à nouveau devant le scénario classique de la stratégie de la tension – provocation, répression – qui ne fait qu’attiser les conflits et restreindre le champ des libertés afin d’empêcher tout mouvement populaire qui pourrait constituer un danger pour le pouvoir.
L’islamophobie brouille les cartes.
Tout cela prouve la totale incompréhension qui existe entre les démocrates laïques qui ne parviennent pas à appréhender la pensée et les structures de l’Islam et les musulmans qui se trouvent sous la chape de plomb d’un radicalisme religieux dont le terreau est le mal vivre et la misère qui s’étendent en Europe.
Aussi, le néologisme « islamophobie » vient encore plus brouiller les cartes.
L’affaire ne relève ni d’un « choc de civilisations », ni d’une « guerre de religions » mais d’un manque d’adaptation à une situation pourtant pas si neuve.
Un exemple tout récent en est donné par feu Stéphane Charbonnier mieux connu sous le pseudonyme de Charb, directeur de « Charlie Hebdo » de 2009. Il fut assassiné le 7 janvier 2015 par les frères Kouachi avec dix autres personnes. L’hebdomadaire « l’Obs » publie dans sa livraison du 16 avril 2015 les bonnes feuilles d’un ouvrage terminé par Charb deux jours avant le drame. Ce livre s’intitule « Lettre ouverte aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes ».
Charb critique le terme « islamophobie ». Il écrit : « Les militants communautaristes qui essaient d’imposer aux autorités judiciaires et politiques la notion d’ « islamophobie » n’ont pas d’autre but que de poursuivre les victimes du racisme à s’affirmer musulmanes. (…) Ils [Les racistes] sont d’abord racistes et, à travers l’islam, c’est bien l’étranger ou la personne étrangère qu’ils visent. En ne considérant plus que l’islamophobie chez le raciste, on minimise le danger raciste. »
Pour Charb, le combat contre l’islamophobie consiste à réduire le racisme à la seule discrimination contre les musulmans. Il ajoute que la lutte contre l’islamophobie vise à interdire la critique de la religion musulmane.
La difficile définition du mot « islamophobie »
Mais quelle est la définition de ce mot ? Dans un document parlementaire du Sénat belge déposé le 20 décembre 2012 ( et signé par des parlementaires de différents partis – Bert Anciaux (socialiste flamand), Ahmed Laaouej (socialiste francophone), Zakai Khattabi (Ecolo francophone et actuelle co-présidente de ce parti), Richard Miller (libéral francophone) et Fauzaya Talhaoui (Ecolo flamande) – visant à lutter contre l’islamophobie, il est proposé une définition assez complète de cette expression.
« Le terme « islamophobie » est apparu dans les années quatre-vingts et nonante. L'organisation non gouvernementale (ONG) britannique Runnymede Trust l'a fait passer dans l'usage dans le cadre d'un débat de société qui ne cesse de prendre de l'ampleur, grâce à son rapport de 1997 intitulé « Islamophobia : a challenge for us all ». Le rapport décrit le terme « islamophobie » comme une « hostilité infondée envers l'islam ». L'islamophobie renvoie aussi, selon ce rapport, aux différentes conséquences que peut avoir une telle hostilité dans la pratique, comme la discrimination des musulmans ou les entraves mises à la participation à la vie politique ou à l'accès aux dispositifs d'aide sociale de (membres de) certaines communautés musulmanes. »
Il ajoute : « Les adversaires de ce terme arguent souvent qu'il s'agit ici principalement d'imposer une correction politique déplacée, qu'un tel usage rend impossible toute critique légitime de l'islam et stigmatise tous ceux qui sont actifs en la matière. Le fait d'être en désaccord avec certaines convictions musulmanes (et par extension religieuses), ou la condamnation de certaines croyances et de leurs conséquences, ne peut pas être automatiquement considéré comme intrinsèquement phobique ou comme indicateur, par définition, de préjugés. Une démocratie ouverte et libre doit constamment offrir des possibilités de critiquer et de contester les idées, les convictions et les points de vue. C'est pourquoi il faut faire une distinction claire entre la critique (religieuse) légitime et l'islamophobie. »
C’est pourquoi les auteurs précisent que la notion d’islamophobie « est surtout importante pour rassembler, sous un terme générique, un certain nombre de phénomènes nouveaux et connectés relatifs à l'image négative que l'on a de l'islam. L'augmentation frappante de déclarations anti-islamiques et la formulation toujours plus rude des préjugés ont forcé à élargir le vocabulaire par une notion qui permet d'identifier le phénomène le plus correctement possible. Dans ce contexte, il convient d'établir un parallèle avec la notion d'antisémitisme, introduite pour désigner le danger lié à la violente hostilité antijuive. Ceci étant, la notion d'« islamophobie » ne peut absolument pas servir à récuser toute critique portant sur le contenu de l'islam, mais doit décrire une forme spécifique de xénophobie, avec un accent mis sur la peur, la répugnance et parfois l'aversion envers l'inconnu ou l'étranger. »
On le devine : ce texte a été fortement controversé. Il distingue nettement la critique de la religion islamique, des discriminations engendrées par l’appartenance d’un individu à cette religion. Il se réfère au document publié à ce sujet par le Centre pour l’égalité des chances : « Le rapport annuel Diversité 2011 du Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme confirme le constat d'une intolérance croissante fondée sur les différences culturelles et religieuses : « Le débat sociétal et concernant l'intégration est actuellement très axé sur l'islam, et les musulmans sont souvent représentés de façon négative, ce qui constitue un terreau fertile pour les préjugés et les sentiments de haine. Les déclarations islamophobes foisonnent également sur l'Internet. C'est surtout le constat que ces expressions sont de plus en plus présentes sur des sites Internet ou forums de discussion qui ne ciblent pas spécifiquement des utilisateurs aux opinions extrémistes qui inquiète particulièrement le Centre. Cette évolution suggère en effet que les idées islamophobes deviennent monnaie courante. »
Cependant, on le voit avec Charb, il y a la négation de cette discrimination qui s’étend de manière inquiétante. La critique même dure de l’Islam est légitime, mais on ne peut considérer des propos et des actes discriminatoires comme relevant de celle-ci. Or, la tension attisée par les crimes terroristes que l’on « surmédiatise » et les guerres au Proche-Orient provoquent cette discrimination.
Quel est le jeu du PS à Bruxelles ?
De même, le radicalisme religieux gangrène les communautés originaires du Maghreb et du Proche Orient. Deux exemples à Bruxelles : il y a quelques mois, un imam prononçait des prêches hostiles aux homosexuels dans les mosquées. En même temps, la police a constaté une multiplication des agressions homophobes sans faire le lien avec l’imam. C’est suite aux aveux d’agresseurs appréhendés, de jeunes musulmans, qu’il a été établi la responsabilité de l’imam en question. Comme par hasard, il venait de quitter le territoire et on ne l’a pas retrouvé.
Tout aussi interpellant : le 11 janvier, à Bruxelles, fut organisée une manifestation d’hommage aux victimes de l’attentat contre « Charlie Hebdo » qui eut lieu en même temps que le grand rassemblement à Paris. Plusieurs personnes se sont étonnées de l’absence des mandataires socialistes bruxellois. Or, le PS est le premier dans la capitale belge. Il a été répondu que les sections du « nord » ne souhaitaient pas que les Socialistes bruxellois participent à cet hommage. Les sections du « nord » sont celles des communes où il y a une importante population musulmane.
Enfin, plus récemment, à l’occasion du centenaire du génocide arménien, le groupe PS du Parlement bruxellois, malgré la proposition du Président socialiste de cette Assemblée, Charles Picqué, a fait obstruction à l’observation d’une minute de silence en mémoire des victimes. Incontestablement, le lobby turc au sein de cette formation qui compte des nationalistes turcs a exercé une pression.
Au vu de tout cela, on peut se poser la question : n’y a-t-il pas une complicité objective – volontaire ou non – entre les radicaux islamistes, les tenants de la stratégie de la tension et de la guerre et certains grands intérêts pétroliers et gaziers, sans oublier les partis extrémistes de tout bord qui tirent profit de cette situation troublée ?
Islamophobie = antisémitisme ?
En outre, les milieux Juifs s’indignent du parallélisme établi entre l’islamophobie et l’antisémitisme. Pourtant, les auteurs de la proposition font clairement le lien entre la haine à l’égard des musulmans et la violente hostilité antijuive. Celle-ci est évidemment entretenue par le sort fait par les dirigeants israéliens au peuple palestinien.
Cet amalgame – qui est aussi un des aspects du racisme – Israël / Juif et Palestiniens / Islamistes est lui aussi entretenu par les « stratèges » de la tension. Prenons un exemple que nous avons déjà évoqué ici : Netanyahou souhaite faire d’Israël « l’Etat du peuple juif », alors que dans la déclaration fondatrice de l’Etat hébreu, il a été clairement précisé qu’Israël respecterait les principes universels de la démocratie et traiterait tous les habitants de son territoire de manière égale quels que soient leurs origines, leur religion, leur race, leur sexe, etc. De l’autre côté, le Hamas – créature de l’Israël occupant – se radicalise et s’oriente vers l’islamisme radical.
Il est donc clair que les Juifs ne doivent pas être assimilés à la politique du gouvernement israélien, même si certaines de leurs associations « représentatives » entretiennent volontairement ce lien et le soutien « indéfectible » à Israël et aux actes de son gouvernement. Tout comme il est évident que la grande majorité des musulmans ne se rallie pas à l’islamisme radical. Et bon nombre de Palestiniens musulmans ou non refusent d’entrer dans cette logique.
Cette tension mène cependant à des crimes comme celui du jeune Juif français Ilan Halimi commis par des jeunes paumés qui s’appelaient eux-mêmes les « barbares » et qui étaient imprégnés des préjugés sur les Juifs entretenus par les « imams de garage » qui distillent les messages de haine islamistes dans les « quartiers ».
Que faire ?
Alors, que faire ?
Cet aspect des choses s’inscrit dans une question bien plus fondamentale et importante : les relations avec les populations issues de l’immigration depuis deux ou trois générations. L’Europe capitaliste a traité les immigrés comme main d’œuvre à bon marché. Les autorités publiques n’ont rien fait pour qu’ils puissent s’adapter convenablement à notre société. Il n’y eut que de dérisoires efforts pour le logement, l’enseignement, etc. L’immigration massive ayant débuté après la Seconde guerre mondiale, concernant majoritairement des personnes d’origine méditerranéenne, fut à finalité essentiellement économique.
C’est dramatiquement que l’opinion publique belge comprit enfin le sort réservé aux immigrés : à la catastrophe minière du Bois du Cazier à Marcinelle, le 8 août 1956.
Par après, lors du boom des années 1960-70, l’immigration prit un essor considérable avec l’arrivée d’une main d’œuvre essentiellement maghrébine et turque dans les secteurs de la construction, notamment. C’est lors du deuxième choc pétrolier en 1979 -80 que le chômage commença à prendre des proportions catastrophiques, les immigrés étant les premiers touchés. Et ils furent laissés pour compte. Non seulement, les autorités publiques les négligeaient, mais le racisme se développait.
Les deuxième et troisième générations ont été négligées. Alors qu’un effort considérable, notamment en matière d’enseignement, eût été indispensable, on a laissé pourrir les « quartiers » avec toutes les conséquences que l’on imagine.
À Bruxelles comme à Paris, il y eut de graves émeutes dès le début des années 1990 jusqu’en 2005. Quelles qu’en furent les causes, elles constituaient de sérieux avertissements qui sont restés lettre morte. On a laissé pourrir les choses par absence d’esprit de décision, en se réfugiant derrière les restrictions budgétaires. Le sort des populations marginalisées essentiellement issues de l’immigration n’a jamais été sérieusement pris en compte.
Tout cela a de graves conséquences sociales et contribue aussi à la radicalisation. L’affaire du voile imprudemment déclenchée par des intellectuels de la gauche laïque en France et en Belgique en est un des éléments. Pour des raisons d’égalité homme/femme et de liberté, le port du foulard islamique a été interdit dans les écoles officielles. On peut se poser la question : où sont l’égalité et la liberté quand une population est marginalisée et n’a que très peu de perspectives d’en sortir ? La société en l’espèce ne fait preuve que d’une solidarité de façade à l’égard des gens de confession musulmane.
Un « néo » gallicanisme ?
Un autre aspect, passé quelque peu inaperçu après les attentats des 7 et 9 janvier, consiste dans les mesures prises par le gouvernement aussi bien en France qu’en Belgique. Comme l’écrit le professeur Jean-Philippe Schreiber, on en revient au « gallicanisme ». Voir le site: http://www.o-re-la.org/index.php
Dans un article publié sur le site de l’Observatoire des Religions et de la Laïcité, il écrit : « En France, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, chargé des cultes, a indiqué la volonté du gouvernement de mettre sur pied une « instance de dialogue » avec l'islam. Conséquence : le Conseil français du Culte musulman (CFCM), créé en 2003 à l’initiative de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur lui aussi, s’est vu marginalisé davantage encore qu'il ne l'était — les autorités voulant s’adresser désormais à « tous ceux qui ne sont pas ou qui ne se sentent pas représentés par le CFCM » — et pour ainsi dire dessaisi d'une série de dossiers essentiels : la formation des imams, l'abattage rituel, le financement des mosquées ou le dialogue interreligieux. En Belgique, c’est le ministre francophone en charge de l’enseignement supérieur qui a annoncé récemment la mise en route d’un processus visant à mettre sur pied une formation des imams et des cadres musulmans en Fédération Wallonie-Bruxelles. »
Si en Belgique, les cultes dont l’Islam, sont reconnus, ce n’est pas le cas de la loi de 1905 en France. Par la séparation, le gouvernement ne connaît aucun culte. Or, en donnant un traitement particulier à l’Islam, c’est une reconnaissance de fait et c’est une intrusion de la puissance publique dans l’organisation d’un culte. Cela s’appelle le gallicanisme qui était le régime que Napoléon : « Le gallicanisme, dont Napoléon Bonaparte fut un champion, le sociologue de la laïcité Jean Baubérot le définit par trois idées-force : « Contrôler la religion, protéger la religion, franciser la religion ».
Les mesures prises par les gouvernements français et de la Belgique francophone (appelé Fédération Wallonie Bruxelles) s’assimilent à ces principes. Ainsi, de la laïcité proclamée, l’Etat oscille en réalité entre la reconnaissance et la surveillance des religions. On comprendra que cette situation est absolument intenable. La base de la laïcité est la liberté de conscience. Comment garantir cette liberté si on « surveille » les églises de quelque religion soient-elles ?
Jean-Philippe Schreiber ajoute : « En Belgique, non content d’avoir suscité, piloté et inspecté la mise en œuvre du processus qui a conduit à l’élection d’une première puis d’une deuxième assemblée des musulmans, dont a émergé l’Exécutif des Musulmans, l’interlocuteur des pouvoirs publics, l’Etat a appliqué à l’islam des mesures que jamais il n’a administrées à d’autres cultes — le mettant également « sous surveillance » en quelque sorte. La dernière initiative en date émane du ministre de l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles et s’inscrit dans la même volonté de contrôle de l’islam. »
En outre, en Belgique, un accord a été pris avec le Maroc qui a fondé l’Institut Mohammed VI de la Formation des Imams, Morchidines et Morchidates. En effet, l’Etat belge ne peut se charger de cette formation en vertu de l’article 21 de la Constitution visant la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Il la confie à cet Institut. Ainsi, « il renforce l’ingérence étrangère dans le processus de développement de l’islam en Belgique, et enfin il entend promouvoir une lecture de l’islam — malékite, en l’occurrence — contre la diversité des islams présents sur le territoire, lesquels proviennent du Maghreb, mais aussi de Turquie, d’Afrique subsaharienne, du Pakistan, du Bangladesh, d’Albanie, du Kosovo…, sont sunnites mais aussi chiites et alévis, malékites mais aussi imbus d’autres écoles juridiques ou de pensée. »
Cela ne peut que susciter des conflits entre communautés musulmanes qui profiteraient aux radicaux. Le professeur Schreiber conclut ; « L’Etat se trouve ainsi dans une attitude ambivalente : à la fois il entretient la peur de la religion, par l’accent mis sur le radicalisme et les moyens d’exception mis en place pour y remédier, et dans le même temps il prend appui sur la religion pour développer des politiques de vivre-ensemble, renforcer le lien social et cimenter la cohésion sociale — confortant la place de la religion dans l’espace public et le rôle de la religion comme acteur de la société civile. De surcroît, concernant les musulmans, il entend faire le tri entre un « bon » islam et un « mauvais » islam, favoriser et encourager le premier, tout en combattant le second. Une immixtion qu’il n’applique qu’à l’islam, prolongeant ainsi le regard social particulier qui est porté vers cette religion, perpétuant aussi une forme de néo-colonialisme quelque peu paternaliste et fondant son appréciation de la situation sur l’idée non démontrée que seuls des cadres musulmans connaîtraient un déficit de culture démocratique. »
La configuration géopolitique, les préjugés existant depuis longtemps en Europe à l’égard de l’Islam, les actes terroristes, une population précarisée de confessions musulmanes – nous mettons le pluriel, car il y a plusieurs Islam – donnent de fait à la religion musulmane un statut spécifique.
Alors, pratiquer la discrimination et le rejet – qu’on les appelle islamophobie ou non – est non seulement moralement inacceptable, mais est lourd de conséquences dont toutes et tous seront victimes. Il y a vraiment autre chose à faire !
Pierre Verhas - (publié antérieurement sur uranopole.over-blog.com le) 24 avril 2015