Funérailles de Robert Falony - Mot de Philippe Close
Bourgmestre de Bruxelles - Vendredi 17 novembre 2017
Tu étais, Robert, une grande voix de la gauche qui savait penser contre les
courants dominants. Comme journaliste tu déchiffrais l'époque et tes écrits rendaient le monde moins incompréhensible aux générations de lecteurs de La Wallonie, du Peuple ou de L'Eglantine.
Comprendre pour agir.
Le journalisme était pour toi une pédagogie du combat.
Souvent iconoclaste, toujours polémique, tu avais l'intelligence et la rigueur
d'un engagement socialiste constant et intransigeant.
L'excellence de l'analyse et la clarté de la plume donnaient une force singulière
à tes idées.
Elles savaient s'imposer dans le débat public, quitte à déplaire.
Aujourd'hui, je ne trouve pas plus bel hommage à cette vie de militant
frondeur que l'image du « vieil indien qui ne marchera jamais en file
indienne » dont parlait Achille Chavée.
En politique, tes adversaires étaient ceux qui proclament «Tout nous est dû,
mais nous ne devons rien », au risque de susciter des tempêtes et de créer des
ruines...
Face à la déferlante néo-libérale, tu répétais sans relâche ta conviction d'un
avenir meilleur par et pour le socialisme démocratique.
La conscience d'un monde de périls, qui a changé les hommes plutôt que ceux-
ci ne l'eurent changé, tu la traduisais dans tes livres.
« Un demi-siècle de bouleversements » s'agissant du Parti socialiste.
« La véritable histoire du siècle » pour ce qui est de la grande période 1914 à
2014 marquée par les guerres, les révolutions, le progrès économique, la
mondialisation, la numérisation, les menaces écologiques ou encore le retour
de l'obscurantisme religieux qu'inquiétait le militant laïque résolu que tu étais
également.
Ce va-et-vient permanent entre l'actualité du jour et les grandes tragédies du
siècle tissait une conception du monde qui réservait une place centrale aux
hommes et aux femmes, et à leur combat jamais achevé pour l'émancipation.
Au moment de te dire adieu, Robert, je sais que ta voix va nous manquer car
tu laisses la gauche sans voix...
Reçois donc notre silence comme un dernier salut fraternel...
Philippe Close