Le 7 décembre 1941, le maréchal Keitel, chef suprême de la Wehrmacht signa l'ordonnance « Nacht und Nebel », Nuit et Brouillard instaurant un statut spécial pour toute personne qui, en Europe occidentale occupée, représentait un danger pour l'armée allemande d'occupation. Ce statut consistait à emprisonner et déporter lesdites personnes dans des prisons et des camps en les condamnant à une sorte de mort civile : ils n'existaient plus pour personne. Ils ne disposaient plus d'aucun droit, ils n'avaient plus aucun contact avec l'extérieur, nul ne connaissait leur sort.
Ce statut épouvantable que les nazis appliquèrent pendant toute la Seconde guerre mondiale a valu à son auteur la condamnation à mort par pendaison au Tribunal international de Nuremberg. Bien des « NN » comme on les désignait, ne revinrent jamais.
Les « NN » étaient déportés en Allemagne dans des camps ou des prisons de transit – les plus célèbres d'entre eux furent Borgermoor et Esterwegen au Nord-Ouest de l'Allemagne, près de la frontière hollandaise, en Frise orientale, dans une région appelée l'Emsland. Pratiquement, tous les Résistants belges, luxembourgeois et du Nord de la France y séjournèrent. Ces camps n'étaient pas des camps de concentration classiques. Ils étaient gardés par des « matons » ordinaires allemands dépendant du ministère de la Justice du Reich, ce qui ne les empêchaient pas d'être particulièrement cruels. En réalité, les Résistants « NN » étaient parqués en attendant d'être jugés ou bien transférés dans les camps de la mort comme Bergen-Belsen, Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen et même Auschwitz.
Vous allez voir une courte vidéo sur les migrants transférés par les autorités belges dans les centres fermés, dont le plus célèbre est le « 127bis » à Steenokkerzeel, une localité au Nord-Est de Bruxelles, non loin de l'aéroport de Zaventem, Brussels Airport.
Le sort qui est réservé à ces migrants et à leurs familles ressemble furieusement à l'épouvantable régime que subirent les Résistants « NN » de la Seconde guerre mondiale.
Le Royaume de Belgique, Etat de moins en moins démocratique depuis la prise de pouvoir de l'extrême-droite flamande avec la complicité des libéraux, ne respecte plus depuis longtemps les Droits de l'homme, alors que nous commémorons cette année 2018 le septantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, ni la Charte des Droits fondamentaux de l'Union européenne, sans que les instances internationales ne s'en émeuvent.
Ce court film intitulé « Pour eux, on est des bêtes » décrit le sort des migrants enfermés et en apporte la preuve. Regardez et jugez.
Cette vidéo a été réalisée par Rino Noviello pour commémorer le vingtième anniversaire la mort de Semira Adamu, une jeune Nigériane qui avait fui son pays à la suite d'un mariage forcée et qui a été expulsée de Belgique le 22 septembre 1998, puis étouffée à l'aide d'un coussin dans l'avion à destination du Nigeria par les gendarmes qui « l'escortaient ».
Il y a un parallèle évident avec les « NN ». Le « 127 bis » est le camp de transit où on est détenu par des mesures purement administratives et puis embarqué de force dans un avion à la destination du pays que l'on a fui.
Intolérable !
Posons-nous la question : combien de ces hommes, femmes et enfants sont torturés, détenus, tués de retour dans leur pays ? Ils nous ont fait confiance. Ils ont cru en nos principes. Ils ne sont plus là... et nos principes, non plus.
Pierre Verhas
Source: http://uranopole.over-blog.com/2018/09/nacht-und-nebel-au-127-bis.html