L’intox se cache bien derrière le dossier Assange !
À peine avoir posté l’article intitulé « Qui est Big Brother ? (II) » consacré à la persécution contre le journaliste Julian Assange qu’il a fallu se rendre compte qu’une partie de informations publiées relèvent de l’intox.
En effet, nous avons fait part de l’inquiétude sur l’absence de réaction de sa mère qui avait lancé une campagne sur la « toile » pour attirer l’attention sur les dangers que courait son fils sur le plan de sa santé. Elle craignait même une issue fatale Depuis lors, on ne l’avait plus entendue. Eh bien, non, c’est faux !
Le site russe d’informations « Sputnik news » pourtant réputé pour être un diffuseur de « fake news » a publié le 11 août cette information qui ne peut être remise en question :
« La mère de Julian Assange, fondateur du site Wikileaks détenu à Londres, accuse les gouvernements américain et britannique d’assassiner lentement son fils pour avoir parlé des crimes de guerre et de la corruption. »
Les gouvernements américain et britannique tuent « lentement et illégalement » le fondateur du site Wikileaks, Julian Assange, pour avoir révélé la vérité sur les crimes de guerre et la corruption, a écrit dimanche 11 août la mère du lanceur d’alerte, Christine Assange, sur Twitter.
« Mon fils Julian Assange est lentement, cruellement et illégalement assassiné par les gouvernements américain et britannique, pour un journalisme maintes fois primé révélant crimes de guerre et corruption ! »
Le père de Julian Assange a célébré le 3 juillet le 48e anniversaire de son fils à Melbourne, précisant que Julian était déterminé à se battre pour sa liberté, affirme la chaîne australienne d’informations continues SBS News :
« Sa santé s'est stabilisée et son esprit est extrêmement fort et il est déterminé à lutter pour sa liberté et pour la liberté de la presse pour nous informer de ce que font nos gouvernements »
Alors ? Les parents de Julian Assange ne s’occupent plus de leur fils ? Là aussi, veut-on discréditer la famille Assange ?
Le 1er juillet, le rédacteur en chef actuel de Wikileaks Kristinn Hrafnsson avait fait savoir que Julian Assange avait été transféré à l’hôpital pénitentiaire de la prison de Belmmarsh à cause de son état de santé il y a un mois et que son état psychologique se stabilisait. Cela prouve que le successeur de Assange s’occupe de lui, contrairement là aussi à certaines affirmations.
Voici une vidéo montrant Assange avec un compagnon de détention dans la prison de Belmarsh au Sud-Est de Londres. Elle a été filmée par un autre détenu. Elle a été diffusée par la chaîne d'information russe vidéo Ruptly. Et il est assez étrange de constater que la date de prise de vue date du 7 juillet 2017. C'est donc soit un montage, soit plus probablement une non mise à jour du smartphone qui a servi à la prise de vue. Encore, une fois, attention à l'intox. Néanmoins, ces images sont vraisemblables, selon les proches d'Assange. Elles le montrent amaigri mais en relative bonne forme.
D’autre part, le même Kristinn Hrafnsonn qui aurait hésité à lancer une procédure d’appel pour la condamnation de Julian Assange à 50 semaines de prison après son expulsion de l’ambassade d’Equateur à Londres, si on lit l’article d’Aymeric Monville dans le « Grand Soir », a lui aussi réagi avec fermeté. Dans une interview à la même agence « Sputnik news », datant du 21 juillet 2019, il déclare :
Tout d’abord pour en finir avec les poursuites contre les lanceurs d’alertes.
« Pour protéger les lanceurs d’alerte, nous devons créer une vraie loi. Les lois sur l’information qui ont été adoptées dans de nombreux pays ont généralement l'effet inverse. Cela ne protège pas les lanceurs d’alerte, ces lois disposant que vous devez consulter certaines plateformes avant de parler aux médias. Vous devrez parler à votre patron et seulement après, monter les marches. Si vous ne vous en tenez pas strictement à cette procédure, vous risquerez des poursuites. Cela dit, il y a une compréhension et une appréciation. Les gens apprécient ce qu’Edward Snowden a fait, hormis bien sûr les autorités américaines. Je veux dire, c’était une information extrêmement importante qu’il nous apportait. Nous avons été impliqués dans Wikileaks avec Edward Snowden parce que les médias l’ont trahi. […]. Donc, pour répondre à votre question de façon concise sur le soutien aux lanceurs d’alerte, je dirai que les lois devraient être modifiées, et que l’opinion devrait être sensibilisée à l’importance du rôle des lanceurs. »
Kristinn Hrafnsonn, l'actuel rédacteur en chef de Wikileaks. Il a pu rendre visite à Assange à Belmarsh avec l'actrice Pamela Anderson.
Ensuite, il décrit les difficultés que connaissent les lanceurs d’alerte.
Sputnik: Voyez-vous un danger à encourager la dénonciation et la liberté de la presse pour des raisons de sécurité nationale? Ces règles et ces lois sont mises en place pour de bonnes raisons vraisemblablement ?
Kristinn Hrafnsson : « Bien sûr, il y a une limite, une ligne que vous ne franchissez pas. J'ai toujours dit que si quelqu'un publiait des fuites sur Wikileaks et que j’y voyais des codes de lancement des missiles des sous-marins ou autre chose du genre, alors, bien sûr, cela ne serait pas publié. Il y a une limite. Mais le concept de « menace pour la sécurité nationale » - ce terme est tellement utilisé au sens large qu’il a perdu tout son sens. »
Et pour cause :
« La publication de 2010 (relative à la guerre d’Afghanistan), qui est à la base de l'acte d'accusation maintenant contre Wikileaks, contre Julian Assange. Le gouvernement américain soutient depuis 10 ans que cette publication avait des conséquences terribles. J'avais le chef d'état-major à la télévision devant moi, affirmant que Wikileaks pouvait déjà avoir du sang sur les mains. Il était en larmes, ce qui était un peu ironique, étant donné qu'il nageait dans le sang des massacres en Irak et en Afghanistan. Mais en 2013, le Pentagone a dû admettre dans le procès de Chelsea Manning que personne n'avait été blessé à la suite de la publication de 2010. […] Donc, finalement, je ne suis pas trop inquiet, je ne vois pas que ce que fait Wikileaks affecte réellement la sécurité nationale. »
Cela démontre que le procès fait à Julian Assange n’a aucun sens sur le plan juridique. Son véritable objectif est d’intimider les « lanceurs d’alertes » afin qu’ils ne gênent plus le pouvoir. Et en cela, il faut être inquiet, surtout après ce que publie la mère de Julian Assange.
Sputnik: En tant que rédacteur en chef, à la suite de Julian Assange, êtes-vous inquiet pour votre liberté, du fait que vous pourriez être visé de la même manière ?
Kristinn Hrafnsson : « Je suis à peu près sûr d'être ciblé d'une manière ou d'une autre, si une campagne de diffamation est décidée contre moi. Je suppose juste que cela pourrait arriver. Même dans certaines procédures judiciaires, nous savons avec certitude que deux de mes collègues et moi-même sommes soumis à une enquête du tribunal secret de Virginie. Donc, tout peut arriver, mais cela fait partie du travail. Les personnes qui s'engagent dans le journalisme s’exposent au danger. Partout dans le monde, des journalistes sont tués dans des zones de guerre […]. Nous ne pouvons donc pas nous plaindre du fait que nous pourrions avoir affaire à des conséquences négatives de notre action. Si vous croyez en certains idéaux comme je crois au journalisme, vous faites ce qui doit être fait. »
L'actrice américaine Pamela Anderson accompagnée de Kristinn Hrafnssonn rend visite à Assange à la prison de Belmarsh. Elle a eu une liaison avec le fondateur de Wikileaks et lui a rendu de nombreuses fois visite lorsqu'il était réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres.
Quant au fait que Hrafnsonn ne soit pas intervenu dans la procédure d’appel sur la condamnation à 50 semaines de prison, il est malaisé de conclure : qui sait si Julian Assange, lui-même, n’a pas voulu faire appel pour des raisons que nous ignorons ? En tout cas, à la lecture de cette interview, Hrafnsonn montre bien qu’il est dans la ligne qu’a lancée Julian Assange dès la fondation de Wikileaks.
Et, ici, on ne peut pas accuser « Sputnik news » de diffuser de fausses informations !
Cela prouve que nous devons rester très vigilants à l’égard de l’intox qui surgit d’un peu partout pour salir Assange et celles et ceux qui se battent pour sa libération et aussi et surtout pour défendre avec force et vigueur la liberté de la presse.
P.V.
Un gouvernement de « programme » ?
La crise gouvernementale belge lancée depuis le départ des nationalistes flamands du gouvernement Michel et qui se prolonge après les élections du 26 mai 2019 vient de connaître une nouvelle et assez curieuse étape.
Le roi Philippe a nommé dès le lendemain des élections deux « informateurs », le socialiste flamand Johan Van de Lanotte et le libéral francophone Didier Reynders. Jusqu’à présent, ils ne sont pas arrivés après avoir consulté tous les partis, sauf le PTB – gauche radicale –, les Ecologistes et le Vlaams Belang, extrême-droite nationaliste flamande et néonazie et qui sont tous les trois vainqueurs des élections ! Certes, ces formations ne sont pas nécessaires pour former une coalition, mais il n’est pas normal qu’elles n’aient pas été reçues par les deux « informateurs » d’autant plus que le roi a lui-même reçu le président des néo-nazis du Vlaams Belang au grand dam de nombreux démocrates !
Johan Van de Lanotte et Didier Reynders, les "informateurs" désignés par le roi Philippe pour déblayer le terrain en vue de la quasi impossible formation d'un gouvernement fédéral belge.
Mais l’enjeu n’est pas là. Les deux « informateurs » ont eu une idée pour la formation d'un gouvernement fédéral : élaborer un gouvernement de programme, selon deux quotidiens flamands, Het Nieuwsblad et Gazet van Antwerpen. Didier Reynders et Johan Vande Lanotte élaborent un programme avec des objectifs clairement définis. Les partis qui y adhèrent formeront le prochain gouvernement. Le principal objectif est d'éviter les grandes discussions idéologiques. Les deux informateurs vont proposer un texte relatif à une dizaine de domaines, tels que la sécurité sociale, l'immigration et le climat. Ils formulent des objectifs clairs pour chaque section ainsi que la manière d'y parvenir. Le texte se base sur les discussions exploratoires menées avec les partis. Il est aussi chiffré.
L'étape suivante verra les informateurs proposer leur « programme » aux partis. Ceux qui sont d’accord formeraient ensemble un gouvernement, à condition, évidemment, qu'ils disposent de la majorité à la Chambre.
Il est assez piquant de demander d’éviter des débats idéologiques sur des sujets aussi sensibles que la Sécurité sociale, l’immigration et le climat. C’est fermer la porte au débat pour imposer une seule "idéologie"... Devinez laquelle !
Et c’est vouloir former ce qu’on appelle pudiquement un gouvernement de « techniciens » qui aura tous les pouvoirs pour démanteler l’Etat social et museler l’opinion libre.
P.V.