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L’Ukraine ou la fin de l’Europe ?

Dans le « Figaro » du 31 janvier 2023, le chroniqueur des affaires internationales Renaud Girard pose la question pertinente : « L’Europe est-elle sortie de l’Histoire ? » Il constate en effet : « Personne dans le vaste monde, de Dakar à Nairobi, de Shangaï à Bombay, de Rio à Toronto, ne s’intéresse pas vraiment à ce que peuvent dire les dirigeants européens. »

Renaud Girard note que le dernier grand discours d’un Européen qui « a réellement happé l’attention du monde » fut celui de Dominique de Villepin en février 2003 à la tribune des Nations Unies demandant aux Anglo-Saxons de renoncer à envahir l’Irak. Qu’on soit ou non d’accord, il observe que le ministre français a fait preuve « de courage, d’indépendance d’esprit et de vision, trois qualités devenues relativement rares sur le Vieux Continent. » L’adverbe « relativement » semble superflu !

Les treize dirigeants européens qui avaient signé le 7 février 1993 le traité de Maastricht qui avait fondé la « nouvelle » Union européenne, avait instauré la monnaie unique sur le modèle de l’ordolibéralisme allemand, décida d’une coopération dans les affaires intérieures, proposa une « politique étrangère et de sécurité commune » (la PESC). Trente ans après, on attend toujours cette fameuse PESC. L’Union européenne s’est alignée sur la politique étasunienne tout en perdant son influence sur les autres continents. Notre économie est de plus en plus dépendante de celle des USA. Ainsi, l’UE n’a pas réussi ou n’a pas voulu réussir à contrecarrer l’extraterritorialité du droit étatsunien, notamment par les traités de libre échange que le pays de l’Oncle Sam a dicté à l’Europe et à une partie du reste du monde. On observe également que les pays de l’Union européenne se désindustrialisent. La crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine pourrait d’ailleurs accentuer cette inquiétante tendance.

Vers la Troisième guerre mondiale ?

Cette faiblesse de l’Europe nous mène indirectement à la Troisième guerre mondiale comme l’analyse le philosophe anthropologue français Emmanuel Todd dans un livre qui a beaucoup de succès et il accorda un entretien au « Soir » du 28 janvier dernier : « la Troisième Guerre mondiale a commencé. Il est vrai qu’elle a commencé « petitement » et avec deux surprises. On est parti dans cette guerre avec l’idée que l’armée de la Russie était très puissante et que son économie était très faible. On pensait que l’Ukraine allait se faire écraser militairement et que la Russie se ferait écraser économiquement par l’Occident. Or, il s’est passé l’inverse : l’Ukraine n’a pas été écrasée militairement, même si elle a perdu à cette date 16 % de son territoire ; et la Russie n’a pas été écrasée économiquement. Au moment où je vous parle, le rouble a pris 8 % par rapport au dollar et 18 % par rapport à l’euro depuis la veille de l’entrée en guerre. Il y a donc eu une sorte de quiproquo. Mais il est évident que le conflit, en passant d’une guerre territoriale limitée à un affrontement économique global entre l’ensemble de l’Occident, d’une part, et la Russie adossée à la Chine, d’autre part, est devenu une guerre mondiale. Même si les violences militaires sont faibles par rapport à celles des guerres mondiales précédentes. »

Quand Todd évoque un « affrontement économique global entre l’ensemble de l’Occident d’une part et la Russie adossée à la Chine, d’autre part », il aurait dû ajouter que le fameux Occident, ce sont les USA avec les pays européens comme supplétifs et non plus l’Europe à part entière.

On le voit d’ailleurs avec la saga sur la livraison de chars d’assaut à l’Ukraine. Les Européens divisés ont finalement décidé de livrer plusieurs modèles de chars obsolètes. Seul le Léopard II allemand est réellement opérationnel. De plus, les différents états-majors européens ont lancé un cri d’alarme : leurs réserves s’épuisent avec toutes ces livraisons d’armes diverses fournies à l’Ukraine. On peut également se poser une question : sommes-nous disposés à participer à une guerre de positions qui risque de durer fort longtemps ? Il semble bien que oui. Les dirigeants de l’Union européenne se trouvent à Kiev pour une réunion avec Zelenski pour décider de plusieurs modalités dans le déroulement de cette guerre. L’UE, par exemple, a décidé de former des tankistes ukrainiens. Zelenski, de son côté, réclame des avions de combat et des missiles à longue portée. On a inventé un néologisme pour désigner les pays européens dans ce conflit : les cobelligérants ! Est-ce à dire que des pays européens participeront directement aux combats ? On verra. Il est clair cependant qu’on s’installe dans la guerre. Rien n’est fait pour convaincre sinon contraindre les parties russe et ukrainienne de s’asseoir à la table de négociation.

D’ailleurs, Todd le dit : « Nous fournissons des armes, quand même. Nous tuons des Russes, même si nous ne nous exposons pas nous-mêmes. Mais il reste vrai que nous, Européens, sommes surtout engagés économiquement. Nous sentons d’ailleurs venir notre véritable entrée en guerre par l’inflation et les pénuries.

Poutine a fait une grosse erreur au début, qui présente un immense intérêt sociohistorique. Ceux qui travaillaient sur l’Ukraine à la veille de la guerre considéraient ce pays non comme une démocratie naissante, mais comme une société en décomposition et un « failed state » en devenir. On se demandait si l’Ukraine avait perdu 10 millions ou 15 millions d’habitants depuis son indépendance. On ne peut trancher, parce que l’Ukraine ne fait plus de recensement depuis 2001, signe classique d’une société qui a peur de la réalité. Je pense que le calcul du Kremlin a été que cette société en décomposition s’effondrerait au premier choc, voire dirait « Bienvenue maman » à la sainte Russie. Mais ce que l’on a découvert, à l’opposé, c’est qu’une société en décomposition, si elle est alimentée par des ressources financières et militaires extérieures, peut trouver dans la guerre un type nouveau d’équilibre, et même un horizon, une espérance. Les Russes ne pouvaient pas le prévoir. Personne ne le pouvait. »

L’Ukraine « membre de facto de l’OTAN » ?

Emmanuel Todd partage l’analyse du géopoliticien américain John Mearsheimer.

« Ce dernier faisait le constat suivant : il nous disait que l’Ukraine, dont l’armée avait été prise en main par des militaires de l’Otan (américains, britanniques et polonais) depuis au moins 2014, était donc de facto membre de l’Otan, et que les Russes avaient annoncé qu’ils ne toléreraient jamais une Ukraine membre de l’Otan. Ces Russes font donc (ainsi que Poutine nous l’a dit la veille de l’attaque) une guerre, de leur point de vue, défensive et préventive. Mearsheimer ajoutait que nous n’aurions aucune raison de nous réjouir d’éventuelles difficultés des Russes, parce que, comme il s’agit pour eux d’une question existentielle, plus ça serait dur, plus ils frapperaient fort. L’analyse semble se vérifier. »

Le philosophe français ajoute : « Lorsqu’il dit que l’Ukraine était de facto membre de l’Otan, il ne va pas assez loin. L’Allemagne et la France étaient, elles, devenues des partenaires mineurs dans l’Otan et n’étaient pas au courant de ce qui se tramait en Ukraine sur le plan militaire. On a critiqué la naïveté française et allemande, parce que nos gouvernements ne croyaient pas en la possibilité d’une invasion russe, certes, mais aussi parce qu’ils ne savaient pas qu’Américains, Britanniques et Polonais pouvaient permettre à l’Ukraine d’être en mesure de mener une guerre élargie. L’axe fondamental de l’Otan maintenant, c’est Washington-Londres-Varsovie-Kiev. »

En clair, l’Allemagne, la France, les pays méditerranéens, le Benelux et la Scandinavie sont hors-jeu dans cette guerre. Cela explique sans doute la fuite en avant de Ursula von der Leyen et de Charles Michel.

Un autre aspect est avancé par Todd : l’économie russe ne s’est pas effondrée avec les sanctions occidentales. Elle s’est au contraire renforcée. D’ailleurs, l’embargo a des aspects presque comiques : ainsi le pétrole russe parvient à se vendre en Europe en le mélangeant dans l’oléoduc avec du pétrole d’une autre provenance ! Les Européens se sont tiré une rafale de mitrailleuse dans le pied avec les sanctions qui se retournent contre eux. Par exemple, les USA nous vendent au prix fort du gaz de schiste alors que pour des raisons environnementales évidentes, il est interdit sur le continent !

Emmanuel Todd estime qu’à terme, l’économie russe adossée à celle de la Chine pourrait à terme porter préjudice à celle des Etats-Unis. Jusqu’à présent, Xi Jin Ping a campé sur une position prudente. Il vient de s’exprimer : il exhorte Biden à cesser de livrer des armes à l’Ukraine. Cela signifie-t-il que la Chine se range aux côtés de la Russie ? D’autre part, la France est en train de perdre ses positions en Afrique. Des pays africains comme le Mali se rapprochent eux aussi de la Russie. Sans doute, l’isolement, si  cela continue, sera celui de « l’Occident », c’est-à-dire les Etats-Unis et ses supplétifs européens sans compter les risques d’affrontements avec la Chine en mer de Chine.

Noam Chomsky, le fameux linguiste américain, l’affirme : « Si la guerre continue, l’Ukraine sera la première victime. Les armes étasuniennes avancées peuvent maintenir une impasse sur le champ de bataille alors que la Russie verse plus de troupes et d’équipements, mais combien la société ukrainienne peut-elle tolérer maintenant que la Russie, après plusieurs mois, s’est tournée vers le style de guerre américano-britannique, attaquant directement les infrastructures, l’énergie, les communications, tout ce qui permet à la société de fonctionner ? L’Ukraine est déjà confrontée à une crise économique et humanitaire majeure. Alors que la guerre persiste, les responsables de la banque centrale ukrainienne craignent que "les gens ne fuient l’Ukraine en masse, emportant leur argent avec eux, ce qui pourrait faire s’effondrer la monnaie nationale alors qu’ils cherchent à échanger leur hryvnia ukrainienne contre des euros ou des dollars".

Heureusement, les Ukrainiens de souche qui fuient sont susceptibles d’être acceptés en Occident. Ils sont considérés comme (presque) blancs, contrairement à ceux qui se sont noyés par milliers en Méditerranée en fuyant la destruction de l’Afrique par l’Europe, ou renvoyés de force dans des États terroristes soutenus par les États-Unis. Bien que beaucoup puissent être en mesure de fuir, dans l’état actuel des choses, la destruction d’une société viable en Ukraine est susceptible de poursuivre son horrible chemin. » (voir le Grand Soir https://www.legrandsoir.info/l-armement-avance-des-etats-unis-en-ukraine-maintient-l-impasse-sur-le-champ-de-bataille.html )

Un autre aspect est avancé par Todd : l’économie russe ne s’est pas effondrée avec les sanctions occidentales. Elle s’est au contraire renforcée. D’ailleurs, l’embargo a des aspects presque comiques : ainsi le pétrole russe parvient à se vendre en Europe en le mélangeant dans l’oléoduc avec du pétrole d’une autre provenance ! Les Européens se sont tiré une rafale de mitrailleuse dans le pied avec les sanctions qui se retournent contre eux. Par exemple, les USA nous vendent au prix fort du gaz de schiste alors que pour des raisons environnementales évidentes, il est interdit sur le continent !

Emmanuel Todd estime qu’à terme, l’économie russe adossée à celle de la Chine pourrait à terme porter préjudice à celle des Etats-Unis. Jusqu’à présent, Xi Jin Ping a campé sur une position prudente. Il vient de s’exprimer : il exhorte Biden à cesser de livrer des armes à l’Ukraine. Cela signifie-t-il que la Chine se range aux côtés de la Russie ? D’autre part, la France est en train de perdre ses positions en Afrique. Des pays africains comme le Mali se rapprochent eux aussi de la Russie. Sans doute, l’isolement, si  cela continue, sera celui de « l’Occident », c’est-à-dire les Etats-Unis et ses supplétifs européens sans compter les risques d’affrontements avec la Chine en mer de Chine.

Noam Chomsky, le fameux linguiste américain, l’affirme : « Si la guerre continue, l’Ukraine sera la première victime. Les armes étasuniennes avancées peuvent maintenir une impasse sur le champ de bataille alors que la Russie verse plus de troupes et d’équipements, mais combien la société ukrainienne peut-elle tolérer maintenant que la Russie, après plusieurs mois, s’est tournée vers le style de guerre américano-britannique, attaquant directement les infrastructures, l’énergie, les communications, tout ce qui permet à la société de fonctionner ? L’Ukraine est déjà confrontée à une crise économique et humanitaire majeure. Alors que la guerre persiste, les responsables de la banque centrale ukrainienne craignent que "les gens ne fuient l’Ukraine en masse, emportant leur argent avec eux, ce qui pourrait faire s’effondrer la monnaie nationale alors qu’ils cherchent à échanger leur hryvnia ukrainienne contre des euros ou des dollars".

Heureusement, les Ukrainiens de souche qui fuient sont susceptibles d’être acceptés en Occident. Ils sont considérés comme (presque) blancs, contrairement à ceux qui se sont noyés par milliers en Méditerranée en fuyant la destruction de l’Afrique par l’Europe, ou renvoyés de force dans des États terroristes soutenus par les États-Unis. Bien que beaucoup puissent être en mesure de fuir, dans l’état actuel des choses, la destruction d’une société viable en Ukraine est susceptible de poursuivre son horrible chemin. » (voir le Grand Soir https://www.legrandsoir.info/l-armement-avance-des-etats-unis-en-ukraine-maintient-l-impasse-sur-le-champ-de-bataille.html )

Au secours ! Orwell revient.

La grande difficulté pour analyser objectivement cette guerre est que l’information est entachée par la propagande des deux côtés. Ainsi, Chomsky explique :

« Les discussions sur les armes nucléaires sont presque toutes le fait de l’Occident, bien qu’il soit trop facile de penser à des étapes sur l’échelle d’escalade. Le discours désinvolte sur la guerre nucléaire aux États-Unis est choquant, désastreux.

Il en va de même pour la rengaine désormais standard sur une lutte cosmique entre la démocratie et l’autocratie – suscitant le ridicule en dehors des cercles instruits occidentaux. Ailleurs, les gens sont capables de regarder les faits flagrants de l’histoire passée et actuelle et ne sont pas si profondément immergés dans les fabrications doctrinales qu’ils en deviennent aveugles.

Il en va de même des récits concoctés dans la propagande occidentale sur les plans de Poutine pour conquérir l’Europe, sinon au-delà, suscitant des craintes qui coexistent facilement avec la jubilation devant la démonstration de l’incompétence militaire de la Russie et de son incapacité même à conquérir des villes à quelques kilomètres de ses frontières. Orwell l’appelait « double pensée » : la capacité de garder à l’esprit deux idées contradictoires et d’y croire fermement. La double pensée occidentale est étayée par l’industrie de la lecture du marc de café qui cherche à pénétrer l’esprit tordu de Poutine, discernant toutes sortes de perversités et de grandes ambitions. Balayant ainsi les découvertes de George W. Bush lorsqu’il a regardé dans les yeux de Poutine, a vu son âme et a reconnu qu’elle était bonne. Et c’est à peu près aussi fondé que les idées de Bush.

Vers une guerre nucléaire ?

Mais la réalité est tenace. Outre la destruction de l’Ukraine, il y a une possibilité toujours croissante de guerre nucléaire. Des millions de personnes sont confrontées à la famine en raison de la perturbation des expéditions de céréales et d’engrais en provenance de la région de la mer Noire. Des ressources précieuses qui sont désespérément nécessaires pour éviter une catastrophe climatique sont gaspillées dans la destruction et une préparation fortement accrue pour plus. L’Europe en prend un coup, avec sa relation de complémentarité très naturelle avec la Russie brisée, et ses liens avec le système émergent basé sur la Chine sont également mis à mal. C’est une question ouverte de savoir si l’Europe – en particulier le système industriel basé sur l’Allemagne – acceptera de décliner en se subordonnant à Washington, un sujet d’une importance considérable. »

La haine de guerre

Enfin, le philosophe et sociologue Edgar Morin – 101 ans ! – dans un petit livre décapant « De guerre en guerre – De 1940 à l’Ukraine », éditions de l’Aube, Paris, 2023, dénonce aussi la propagande diffusées des deux côtés. En premier lieu, il fustige le discours de haine de Poutine qui fait des Ukrainiens des nazis en général. Ce qui est faux, même s’il y a un puissant courant d’extrême-droite en Ukraine nostalgique de Bandera et de ses ignominies pendant la Seconde guerre mondiale.

Morin dénonce aussi « la prohibition de la littérature russe, Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov, Soljenitsyne compris, et de la musique des compositeurs russes, est un signe très alarmant de la haine de guerre non seulement contre un peuple, mais également contre sa culture. » Et il ajoute : « Nous subissons une propagande de guerre qui nous fait haïr la Russie, admirer inconditionnellement tout ce qui est ukrainien et occulter tout contexte, dont celui de la guerre ininterrompue depuis 2014 [le coup d’Etat de Maidan] entre l’Ukraine et les provinces russophones irrédentistes [le Donbass], ainsi que le rôle des Etats-Unis, qu’il faudra bien un jour examiner en historien. » Et Edgar Morin conclut cette question : « Le caractère remarquable de l’hystérie de guerre et des certitudes intolérantes qu’elle suscite depuis le début de la guerre d’Ukraine en France, c’est que nous demeurons toutefois en paix, sans courir de risque mortel, et que nous voulons y rester, tout en étant des va-t-en-guerre jusqu’au-boutistes par Ukrainiens interposés. ». Oui, tant que nous ne sommes pas entraînés dans cette guerre par « cobelligérance » !

Laissons la conclusion – toute provisoire – à Emmanuel Todd :

« Existe-t-il des possibilités de diplomatie ? Les États-Unis et le Royaume-Uni, les deux États guerriers traditionnels, insistent toujours sur le fait que la guerre doit être menée pour affaiblir gravement la Russie, donc pas de négociations, mais même dans leurs cercles intimes, il y a un certain relâchement à cet égard.

À l’heure actuelle, les positions des deux adversaires semblent irréconciliables, s’étant durcies de manière prévisible à mesure que les hostilités s’intensifient. On ne sait pas s’il est possible de revenir aux positions de mars dernier, lorsque, selon des sources ukrainiennes de gauche, « l’Ukraine avait annoncé publiquement des propositions à la réunion d’Istanbul du 29 mars, qui prévoyaient le retrait des troupes russes sur la ligne le 23 février [2022, le jour du déclenchement de l’offensive russe] et le report des discussions sur la Crimée et le Donbass. Dans le même temps, la partie ukrainienne a insisté pour que tous les différends soient résolus par des référendums transparents organisés sous la supervision d’observateurs internationaux et après le retour de toutes les personnes déplacées de force.

Les négociations d’Istanbul ont échoué. La source qui vient d’être citée blâme entièrement la Russie. On sait peu de choses, car la couverture des efforts diplomatiques est si rare. En particulier, nous ne savons pas si un facteur de l’effondrement a été l’opposition de la Grande-Bretagne aux négociations, apparemment soutenue par les États-Unis. Reste-t-il des possibilités ? La seule façon de le savoir est de faciliter les efforts pour essayer. »

Certes, mais la diplomatie actuelle semble bien impuissante. Et on est bien loin des grands mouvements pour la paix des années 1960-80 dans le Benelux et en Allemagne occidentale qui ont mis dans la rue des centaines de milliers de personnes. Quelques timides initiatives sont prises, mais elles restent marginales.

Apprêtons-nous dans cette Europe en déliquescence dirigée par de pâles personnalités incapables d’adopter une politique de ferme diplomatie et surtout d’avoir une vision à long terme avec une opinion publique manipulée par la propagande de guerre, à payer longtemps encore l’impôt du sang sans engranger les revenus de la Paix.

Pierre Verhas

 

Bron: https://uranopole.over-blog.com/2023/02/l-ukraine-ou-la-fin-de-l-europe.html