Depuis le début de cette année, l’hypothèse d’une attaque aérienne préventive d’Israël contre l’Iran est agitée avec complaisance sur la scène internationale. Il n’est pas certain que la droite sioniste incarnée par Netanyahou osera se passer du feu vert de Washington, mais il l’est qu’elle profite outrageusement de la pression de son lobby américain sur un Obama en campagne électorale. Plus Obama redoute un fait accompli, plus il assure Israël d’un soutien indéfectible.
La gauche internationale doit avoir une position très claire sur le sujet. Elle est contre la dissémination de la bombe nucléaire, soutient le traité de non prolifération, et n’a aucune raison de croire sur parole les dirigeants iraniens lorsqu’ils assurent que leur programme nucléaire n’a d’autres fins que civiles : ils n’ont pas joué franc jeu avec l’AIEA chargée des inspections. Mais une attaque aérienne contre des installations iraniennes serait une folie guerrière -une de plus - au résultat d’ailleurs aléatoire : ainsi, le site de Fordow est profondément enfoui. Mais là n’est pas l’essentiel.
Alors que le régime des mollahs ne se maintient que par la force contre un peuple las de cette tyrannie cléricale et conservatrice, toute agression extérieure aurait pour effet de renforcer le genre de patriotisme qui lui sert d’assise. La démocratisation du monde arabe et musulman n’est évidemment pas le principal souci des dirigeants israéliens, qui ont réussi à ruiner la politique arabe d’Obama, en particulier en lui refusant l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie.
Il n’y a donc qu’à soutenir la politique des sanctions, à condition qu’elles soient bien ciblées, sur les dirigeants et non sur le peuple.
Faut-il rappeler au reste que l’Etat israélien est, lui, doté de l’arme atomique (un faux secret), et aussi que le drame palestinien a été et reste toujours le terreau de l’islamisme extrême, sans lequel il n’aurait jamais atteint son ampleur ?
Afghanistan
La guerre en Afghanistan est désormais perdue pour les Etats-Unis et l’Otan. Au lieu de « reconstruire » ce pays après la chute des talibans fin 2001, l’administration Bush a préféré se lancer dans son aventure belliciste en Irak, avec le bilan lamentable qu’on sait, et en y gaspillant d’immenses ressources. Obama a poursuivi l’illusion d’une victoire militaire sur les talibans, adossés au Pakistan, l’Etat (nucléaire) le plus islamiste du monde. Maintenant, ce sont des soldats et des policiers gouvernementaux afghans qui tirent sur les soldats américains, lesquels, eux, multiplient des « dégâts collatéraux » souvent odieux.
La seule voie qu’aurait pu suivre Obama - hormis l’abandon- eut été de proclamer un cessez le feu unilatéral, laissant aux talibans la responsabilité de poursuivre la guerre ; et de « tenir » Kaboul et les régions du nord. Mais, redisons le, les clés du conflit sont au Pakistan.
Syrie
Pendant des mois, les foules qui manifestaient pacifiquement ont été victimes des tireurs du régime. Celui-ci a atteint le but de susciter une opposition armée « terroriste » et d’opposer « le chaos », ou la « guerre civile », au maintien de son appareil d’Etat répressif. Au Conseil de Sécurité, la Russie et la Chine ont bloqué toute action décisive, préférant s’enfermer dans des schémas de guerre froide. A terme, le régime d’Assad est voué à l’implosion, mais le peuple syrien est la grande victime de toute cette géostratégie. Un autre mensonge énorme des années 1989-90 : la voie du désarmement était soit disant ouverte !
Robert Falony
Commentaire repris du blog « Osons le Socialisme »
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