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Un 'sommet d’affaires' rassemblant des dirigeants d’entreprises multinationales s’est réuni jeudi dernier avec les des hommes politiques européens de premier plan au Palais d’Egmont à Bruxelles. Sur l’ordre du jour figuraient des questions telles que la politique d’austérité à tenir afin de sauver l’euro et la négociation sur un accord de libre-échange transatlantique (TTIP) pilotée par le commissaire européen Karel De Gucht. En quelques minutes, ce bout de terrain habituellement paisible de Bruxelles s’est transformée en une zone militarisée et 300 (!) manifestants pacifiques souhaitant plus de transparence quant au TTIP ont été traités comme des criminels et arrêtés arbitrairement.

Selon des manifestants syndicaux ayant l’habitude de l’action de la police c’était du jamais vu et cela avait été conçu dès le début comme visant à provoquer les manifestants. Ceux-ci restèrent dignes et n’ont à aucun moment utilisé la violence ou cassé quoique ce soit. L’action de la police a par contre détruit quelques illusions sur la vitalité de la démocratie chez certains de nos concitoyens. Selon Alexis Deswaef, président de la Ligue des droits de l’homme, il y a ces jours derniers beaucoup d’actes illégaux dont la police s’est rendue coupable. Plaintes en justice et plaintes collectives auprès Comité P en perspective…

Mais aujourd’hui, il convient de se poser certaines questions importantes. Est-ce juste une coïncidence que cela s’est produit lors d’une réunion au sommet sur le TTIP ? Précédemment, lors de la manifestation organisée par l’Alliance D19- 20 lors du dernier sommet européen en décembre et lors de la récente visite du président chinois, il est apparu plus que clairement que le droit de manifestation à Bruxelles était réduit à sa plus simple expression. Pourquoi ? Est-ce que Bruxelles est une ville qui appartient à ses habitants, la capitale de la Belgique, ou n’est-ce seulement qu’un bout de terre privilégié pour en toute tranquillité faire le marketing de la soi-disant démocratie européenne ? Et qui assume en dernier ressort la responsabilité politique de cette manifestation démocratique de la semaine dernière ? Nous attendons avant tout une réponse du bourgmestre (socialiste) de Bruxelles Yvan Mayeur. Même si quelqu’un comme De Gucht, grand partisan du libéralisme, devrait lui aussi avoir honte et fournir des explications.

Dans de nombreux pays européens tout comme aux États-Unis, la gronde des représentants de la société civile, des syndicats, des agriculteurs, des citoyens et de certains politiciens contre la TTIP devient de plus en plus manifeste. Mais il n’y a que des oreilles de sourd pour l’entendre. Pire, De Gucht accuse tout qui ose poser des questions critiques de propager des mensonges ou d’utiliser abusivement le TTIP à des fins électorales. Comment osent-ils se mêler de ses négociations commerciales bien-aimées, ces ignorants ? Alors qu’il ne s’agit que d’une action démocratique saine où des citoyens s’impliquent activement dans des décisions politiques et économiques qui vont avoir des effets profonds sur la vie de centaines de millions de personnes.

Comme pour les Jeux d’hiver en Russie, les autorités ont octroyé ce 15 mai aux manifestants un bout de place, loin du Palais d’Egmont, de sorte que les élites n’aient pas à les voir ou à les entendre. Pour les Jeux d’hiver il en allait de même: les manifestants avaient reçu l’autorisation d’occuper une enceinte entourée de barrières de sécurité derrière lesquelles ils pouvaient crier quelques slogans et étendre leurs calicots. Ce n’est pas ce en quoi consistent le droit de manifester et la liberté d’expression, affirme Alexis Deswaef dans son analyse de ce qui s’est passé la semaine dernière.

Ce qui est en jeu est tout simplement le droit à la libre expression que nos autorités foulent du pied sans vergogne.

Aujourd’hui quelque 1300 accords de commerce et d’investissement lient les pays européens avec les Etats-Unis. La tâche de M. De Gucht est de les remplacer par un grand accord mutuel, qui permette de créer un marché unique transatlantique qui a pour but de créer des normes qui seraient mutuellement acceptables des deux côtés de l’Atlantique et d’harmoniser les législations. En conséquence de quoi les normes sociales, environnementales, financières, les normes de consommation, que nous connaissons aujourd’hui en Europe seront inévitablement mises sous pression. Le plus grand marché unique de l’histoire est dans le pipeline et De Gucht balaye d’un revers de main toute critique avec morgue.

De plus en plus, les médias sociaux remplissent l’absence totale d’informations sur le contenu de cet accord laissés par les médias publics ou commerciaux. Même les parlementaires européens qui dans peu de temps devront se pencher sur ces textes le feront dans une salle spéciale, sous bonne garde et l’autorisation d’y amener appareil photo ou smart phone sera proscrite. L’alliance D19- 20 fait pression depuis des mois, exprimant ainsi la volonté de nombreux citoyens européens, afin d’obtenir sur ces négociations historiques une transparence totale. Les arrestations massives et arbitraires du 15 mai montrent encore une fois que les intérêts des grandes entreprises sont plus importants que ceux des citoyens européens. Il est inacceptable que des citoyens qui souhaitent faire entendre leur voix contre les lobbies des grandes entreprises soient ainsi arrêtés comme de vulgaires casseurs. Bruxelles connaît un problème démocratique majeur.

Alors que la société civile s’attaque à ce problème démocratique, le problème que constitue ce traité transatlantique est mis sous le boisseau. Maintenant que la période d’observation se termine et que le 4ème round a été lancé aujourd’hui à Washington, la concertation nécessaire sera d’autant plus difficile à obtenir. Les désaccords entre les Etats-Unis et l’UE sur des questions telles que les services financiers, les marchés publics et les tarifs douaniers provoquent néanmoins les premières fissures à ce bel édifice. Pierre Defraigne, ancien secrétaire de l’ancien commissaire européen au commerce, Pascal Lamy, encourage à laisser ce projet s’enliser dans ses propres contradictions. L’action répressive des autorités bruxelloises ont manqué leur objectif. Elles n’auront eu comme seul effet que d’agiter un chiffon rouge devant un taureau et ne feront que renforcer le mouvement contre la TTIP.

Signataires:
Luc Hollands (Alliantie D19-20), Felipe Van Keirsblick (algemeen secretaris CNE), Geert van Istendael, Paul Verhaeghe (Ugent), Paul Goossens, Dominique Willaert (Victoria Deluxe), Eric Goeman (Attac Vlaanderen), Rik De Coninck (secretaris Flemish Milk Board), Albert Martens (em Kuleuven), Caroline Copers (algmeen secretaris Vlaams ABVV), Michel Genet (directeur Greenpeace Belgium), Karim Zahidi (UA), Erik Swyngedouw (Manchester University), Lieven De Cauter (RITS & KULeuven/LUCA), Koen Dille (Masereelfonds & Vooruitgroep), Karel Vanhaesebrouck (ULB & Rits), Raf Verbeke (constituente.be), Pieter Saey (em. Ugent – Vooruitgroep), Eric Corijn (em. VUB), Stijn Oosterlynck (UA), Frank Vanaerschot (Fairfin), Thierry Kesteloot, Petra De Sutter (Ugent), Giselle Nath, Barbara Van Dyck (KULeuven), Ida Dequeecker, Herman De Ley, (em. UGent), Anne Grauwels, Robrecht Vanderbeecken, Hans Van Scharen (publicist), Alma De Walsche, John Vandaele, Monika Triest, Frank Moulaert (Kuleuven), Jérôme Peraya (Action pour la Paix), Pascal Debruyne (Ugent), Pascale Dedecker (LUCA/KULeuven), Johan Van Hoorde, Eric Goeman (woordvoerder Attac Vlaanderen), Karin Verelst (VUB), Kobe Mathijs (kunstenaar), Damien Charles (Quinoa asbl), Omar Jabary Salamanca (Ugent), Michel Vanhoorne (LEF), Sigried Vertommen (Ugent), Bruno Verlaeckt (Voorzitter Algemene Centrale ABVV), Muriel Di Martinelli (Voorzitster ACOD-LRB Brussel), Rudy Janssens (Federaal secretaris ACOD-LRB Brussel), Patrick Delmarquette (Gewestelijk secretaris ACOD-LRB Brussel), Maxime Nys (Adjunct- Gewestelijk secretaris ACOD-LRB Brussel), Chris Kesteloot (KULeuven), Jan Teurlings (UVA), Myriam Djegham (Alliantie D19-20)

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D19-20 - 28 mai 2014