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arton7168La Coalition Corona, large plate-forme d’organisations belges de la société civile, appelle à faire du plan de relance un véritable plan de transformation pour la santé, la lutte contre la pauvreté et la transition juste vers une économie zéro carbone.

« On tient le coup du point de vue macroéconomique ». Tel était le message délivré par le Gouverneur de la Banque Nationale lors de la publication du rapport annuel de la BNB.

« Tenir le coup ». On aimerait en dire autant d’une partie de plus en plus importante de la population du pays qui est en train de basculer dans le risque de pauvreté. De nombreux indicateurs nous alertent en effet sur un effet collatéral désastreux de la pandémie : l’amplification des inégalités sociales qui pourraient atteindre un niveau rarement atteint depuis la seconde guerre mondiale. Les signaux d’alerte ne manquent pas. Au travers d’exemples très visibles, comme la hausse substantielle des recours à l’aide sociale ou aux banques alimentaires, beaucoup d’éléments indiquent que l’envolée du taux moyen d’épargne des ménages à des niveaux inédits masque une répartition des richesses de plus en plus inégale. Les prémisses d’une crise sociale découlant de la crise sanitaire et économique sont réunies.

Beaucoup d’éléments indiquent que l’envolée du taux moyen d’épargne des ménages à des niveaux inédits masque une répartition des richesses de plus en plus inégale

Dans un tel contexte, on ne peut qu’accueillir favorablement la mise sur les fonts baptismaux par le Gouvernement d’un « Plan de Reprise et de Résilience » de 5,9 milliards d’euros aux accents très ambitieux – dont 37% doivent être affectés à la transition écologique et 20% à la transformation numérique selon les règles du plan « Next Generation » de l’Union européenne. Face à la crise, la mobilisation de moyens d’investissements considérables orientés, notamment, dans des domaines aussi stratégiques que l’enseignement, le logement, la mobilité, le climat, les énergies renouvelables, l’économie circulaire ou la santé, ne pouvait que réjouir les organisations membres de la Coalition Corona.

La dynamique de collaboration enclenchée au forceps par les différents niveaux de pouvoir pour répondre au calendrier et aux exigences de la Commission européenne pourrait constituer une fantastique opportunité en faveur d’un Green New Deal alliant investissements, réduction des inégalités et basculement vers une économie zéro carbone. Toutefois, derrière les ambitions du plan et les avancées qu’il permet d’espérer, se cachent d’autres réalités plus inquiétantes qu’il convient de corriger.

FINANCER LA SANTÉ
Au premier rang figure un des principaux angles morts de ce plan, à savoir la consolidation du système de soins. Il est difficile de comprendre qu’après un an de pandémie, les causes et les impacts sanitaires de la crise systémique dans laquelle la Covid-19 nous a fait basculer semblent, à ce point, absentes des priorités du plan. Bien entendu, le Gouvernement pourra rétorquer, à raison, qu’une partie de l’effort concernant la résilience du système de santé est concrétisé dans le budget des soins de santé. Mais nous savons également que la norme de croissance de 2,5% ne servira, pour l’essentiel, qu’à compenser une partie des sous-financements chroniques de ces dernières années.

Les besoins créés par le vieillissement de la population et les inégalités de santé, que la pandémie a révélés, se situent aussi au niveau d’investissements dans le capital humain au travers d’infrastructures intermédiaires de soins et de services non-marchands performants destinés aux « oubliés » de la crise que sont les personnes âgées et/ou précaires. Ces besoins ne sont, à ce jour, pas rencontrés par le plan.

LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ
Le plan de relance ne répond pas non plus aux besoins en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Rappelons qu’avant la crise, près de 2 millions de personnes en Belgique vivaient avec un revenu, souvent une allocation, en dessous du seuil de pauvreté. Ces revenus, déjà insuffisants dans des circonstances normales, sont soumis à une forte pression par la crise actuelle. Les conséquences sont majeures et se feront sentir à long terme : les personnes sont incapables de payer leur loyer et leurs factures ; elles se retrouvent dans une spirale d’endettement et risquent d’être expulsées ; les soins de santé sont reportés et de nombreuses personnes ont des problèmes de santé mentale. En outre, un grand nombre de ménages, qui pouvaient à peine joindre les deux bouts avant la crise, font maintenant face à de sérieux problèmes qui risquent de les faire tomber dans le cercle vicieux de la pauvreté.

Or, en matière de pauvreté et d’inégalités sociales, le plan de relance se concentre principalement sur la lutte contre la fracture numérique. Cela ne contribuera que dans une mesure très limitée à résoudre les grands défis sociaux auxquels nous sommes confrontés. Soutenir les bas revenus pendant un temps suffisant, y compris ceux qui n’ont pas droit aux mesures actuelles, et permettre des augmentations salariales, dont une augmentation substantielle du salaire minimum, aura aussi un impact positif sur la reprise.

Le plan de relance doit prendre en compte dès le départ la dimension sociale, en la plaçant sur un pied d’égalité avec les objectifs économiques et environnementaux

Le plan de relance doit prendre en compte dès le départ la dimension sociale, en la plaçant sur un pied d’égalité avec les objectifs économiques et environnementaux. Dans ce but, il faut notamment garantir que la création des emplois de demain atteindra les personnes en situation de pauvreté ou que les investissements dans les transports en commun les rendront plus accessibles à ces personnes. Plus généralement, si les investissements dans les infrastructures, tels que visés par le plan, sont en soi importants, la reconstruction post-Covid demandera d’investir dans bien plus que des briques – notamment dans la prévention et la réparation des dégâts sociaux et sanitaires causés par la crise actuelle et dans le relèvement des minima sociaux.

UNE TRANSITION JUSTE
En matière environnementale, les chapitres Climat et Mobilité du plan font preuve d’une ambition qui devrait permettre de résorber une partie de l’important retard engrangé dans l’adaptation de nos infrastructures aux besoins impérieux de la transition écologique. Il est toutefois important de garantir une vision transversale reliant les dimensions économique, sociale et environnementale. En particulier, la logique du tout-à-la-digitalisation, si elle ne fait pas l’objet de balises sérieuses, pourrait entraîner une augmentation de la demande énergétique annihilant les efforts en matière d’efficacité énergétique et de déploiement du renouvelable. En outre, vu que la majorité du plan dépend de commandes publiques, il est également important que les clauses sociales et environnementales soient renforcées par les règles européennes en la matière.

La logique du tout-à-la-digitalisation pourrait entraîner une augmentation de la demande énergétique annihilant les efforts en matière d’efficacité énergétique et de déploiement du renouvelable

Il est par ailleurs indispensable d’inscrire l’ensemble du plan dans une logique de transition juste. Cela implique non seulement de définir les politiques énergétiques et industrielles menant à la neutralité climatique au plus tard en 2050, mais aussi d’assurer la formation et l’accompagnement des travailleurs et le renforcement de la protection sociale.

UN PLAN DE TRANSFORMATION
Plus qu’un plan de relance, c’est d’un plan de transformation dont nous avons besoin. La reconstruction post-Covid est une opportunité pour enclencher une transition écologique et sociale créatrice d’emplois et de revenus décents, en même temps que réductrice des émissions polluantes et des dépenses énergétiques.

Une telle perspective est incompatible avec le retour de l’austérité. Alors que la Secrétaire d’Etat au Budget annonce que « nous allons devoir nous serrer la ceinture les 10 prochaines années », c’est au contraire d’investissements publics suffisants dont la reconstruction post-Covid dépend. Si la dette publique augmente à une vitesse inédite, la faiblesse des taux d’intérêt rend son coût plus faible que jamais, alors que les besoins d’investissements dépassent les 5,9 milliards financés par l’UE.

Aussi nous invitons la Belgique à poursuivre les efforts d’investissements publics et de réformes nécessaires, au-delà des 5,9 milliards, pour atteindre d’ici 2024 les 3,5% du PIB en investissements (correspondant à 13 milliards), tels que prévus par l’accord du Gouvernement fédéral. La Belgique devrait dans ce but renforcer les outils de financement public comme les banques publiques de développement. D’autant que les investissements publics auront aussi un impact positif sur le taux d’endettement public via la hausse du PIB et sur les recettes publiques futures – surtout s’ils s’accompagnent de réformes pour une fiscalité plus juste et d’une réorganisation du SPF Finances pour lui permettre de lutter efficacement contre la grande fraude et l’évasion fiscales.

La Belgique doit également plaider pour la révision des règles budgétaires européennes (suspendues jusqu’à fin 2022), afin d’octroyer plus de marges de manœuvre aux Etats membres et ne pas retomber dans les travers du passé. Investir dans les secteurs d’avenir, garantir le travail décent et renforcer la protection sociale sont les clés d’une reconstruction post-Covid juste et durable.

Signataires : Bernard Bayot, directeur de Financité ; Thierry Bodson, président de la FGTB ; Xavier Brenez, directeur général des Mutualités Libres ; Elisabeth Degryse, vice-présidente de la Mutualité Chrétienne ; Valérie Del Ré, directrice de Greenpeace ; Ariane Estenne, présidente du MOC ; Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris ; Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté ; Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC ; Olivier Valentin, secrétaire national de la CGSLB ; Caroline Van der Hoeven, coordinatrice du Réseau belge de lutte contre la pauvreté ; Nicolas Van Nuffel, président de la Coalition Climat ; Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD-11.11.11.

Source: https://www.cncd.be/Pour-un-plan-de-transformation