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Mercredi prochain, 27 avril 2022, Melissa Lucio mourra. 

Nous vivons pas mal d’horreurs ces temps-ci : l’Ukraine, le Yémen, la Syrie, la Palestine et bien d’autres régions en ce bas monde. Il existe encore pas mal de pays avec lesquels nous entretenons de bonnes relations qui font de la peine de mort une sanction ordinaire. La Chine, l’Arabie Saoudite et plusieurs Etats des Etats-Unis dont le Texas.

L’histoire rapportée sur son blog par notre ami Bernard Gensane (http://bernard-gensane.over-blog.com/2022/04/melissa-lucio-va-mourir.html ) que nous reproduisons intégralement ici, raconte le calvaire de Melissa Lucio, une jeune-femme d’origine latino qui va mourir le 27 avril 2022 dans une prison du Texas.

Cette jeune femme, Melissa Lucio, a été condamnée dans des circonstances plus que contestables à la peine de mort pour le meurtre d’un de ses enfants. Elle est femme, elle est pauvre, elle est droguée, elle est latino, c’est-à-dire qu’elle possède tous les critères pour passer à la chaise électrique.

Si, dans le monde et aussi au Texas, des voix se sont élevées pour que l’Etat du Texas ne procède pas à l’exécution de Melissa. Il y a même un sénateur républicain, chaud partisan de la peine de mort qui a affirmé que Melissa Lucio est victime d’une « erreur judiciaire » et un des jurés a déclaré publiquement regretter d’avoir voté la peine de mort de Melissa Lucio.

En dépit de cette levée de boucliers, l’exécution est prévue pour mercredi prochain, 27 avril. Les pressions seront-elles suffisantes pour que le Gouverneur du Texas sursoie à cette exécution ? Il en est encore temps, plus que temps !

Au-delà de cette horrible histoire, il est plus que temps de nous poser une question : quand va-t-on cesser les indignations à géométrie variable ? Les indignations qui sont souvent dictées par les intérêts politiques du moment. En Europe, à notre connaissance, seuls Robert Badinter, l’ancien Garde des Sceaux de François Mitterrand et l’ancienne Garde des Sceaux de François Hollande, Christine Taubira ont exprimé leur ferme soutien à Melissa Lucio. Le silence des autres « autorités morales » serait-il dû à la situation géopolitique actuelle où il n’est pas de bon ton de critiquer les Etats-Unis ?

Si on mettait les principes au-dessus des intérêts politiques, économiques, ou  partisans, bien des drames seraient évités et on empêcherait pas mal d’ injustices qui sont en réalité des crimes.

Pierre Verhas

Melissa Lucio attend son exécution dans le couloir de la mort qu'ne prison texane.

par Bernard Gensane

Elle est la première femme hispanique au Texas à être condamnée à mort, pour le meurtre de Mariah, sa fille de deux ans. Elle sera exécutée le 27 avril 2022.

Son procès a présenté de nombreuses failles de procédure.

Dès l’âge de six ans, elle a été victimes d’agressions sexuelles. Après l’avoir régulièrement battue, son mari l’abandonne en la laissant seule avec ses cinq enfants. Elle a d’autres enfants. Au moment des faits, elle vit avec neuf de ses enfants et son compagnon qui l’a violée à plusieurs reprises et a menacé de la tuer.

  

« Je suppose que je l'ai fait ! »

Le 17 février 2007, des ambulanciers sont appelés au domicile de Melissa car sa plus jeune enfant, âgée de deux ans, est inconsciente et ne respire plus. Elle présente des ecchymoses, des marques de morsure sur le dos, des touffes de cheveux arrachées et un bras cassé. Quelques jours avant, elle était tombée dans les escaliers mais ce fait n’est pas porté au dossier. L’enfant est déclarée morte après son arrivée à l’hôpital. Une expertise ultérieure permet d’estimer que la fracture au bras a été causée deux à sept semaines avant le décès. Deux jours après la mort de l’enfant, les inspecteurs interrogent Lucio pendant cinq heures en l’intimidant alors qu’elle est enceinte de cinq mois. Elle finit par dire : « Je suppose que je l’ai fait. »

Le procès a lieu en 2008. Le procureur est alors en période de réélection. Il est aujourd’hui emprisonné pour corruption et extorsion (condamnation des 13 ans). Aucun témoin n’est cité pendant le procès puisque la mort de la petite fille n’a eu aucun témoin. Aucun témoin n'est présent pendant le procès puisque puisqu'il n'y a eu aucun témoin de la mort de la petite fille. L'avocat de Melissa Lucio, commis d'office et ayant travaillé pour le procureur après le procès, ne permet pas à ses proches ni à ses enfants de témoigner en sa faveur, alors que ceux-ci disent tous d'elle que c'est une bonne mère. Les procureurs allèguent que Melissa Lucio a battu sa fille Mariah à mort ; les avocats de Lucio contestent la cause du décès et présentent le témoignage d’expert d’un neurochirurgien selon lequel la mort de Mariah pourrait plutôt résulter d’un traumatisme crânien causé par une chute dans un escalier. Melissa Lucio est néanmoins reconnue coupable de meurtre et condamnée à mort le 12 août.

En 2011, un appel est rejeté. En 2019, un groupe de trois juges de la Cour d’appel ; fédérale des États-Unis annule la sentence originelle au motif que la cour n’a pas permis à Melissa Lucio de se défendre correctement. Cette décision est ensuite annulée et Mélissa reste dans le couloir de la mort.

80 élus du Texas, dont des Républicains, réclament l’annulation de l’exécution de Mélissa.

En mars 2022, elle reçoit le soutien de Christine Taubira. Le mois suivant, celui de Robert Badinter.

Les enfants de Melissa ont écrit au gouverneur du Texas de ne pas tuer leur mère.

Selon Sabrina Van Tassel, qui a consacré un film à cette affaire, « les policiers ont montré à Melissa comment frapper une poupée violemment afin qu'elle imite leurs gestes et montre comment elle aurait battu sa fille. »

Pour Van Tassel, « Melissa Lucio est là où elle est parce qu’elle est femme. Femme, pauvre, hispanique. Elle coche toutes les cases de ce que l’Amérique honnit. Elle a clairement été condamnée pour ce qu’elle représente : une femme latino qui a trop d’enfants, un problème de drogue, et qui vit dans un taudis. A travers l’histoire de Melissa Lucio, c’est l’histoire de toutes les minorités accusées à tort aux Etats-Unis, c’est l’histoire de tout un système.
 
Dès qu’ils la voient, les policiers se disent qu’elle est coupable et qu’elle va payer. Melissa Lucio représente l’erreur judiciaire aux Etats-Unis qui s’abat sur les plus pauvres, les noirs, les latinos et toutes les minorités. Elle est en passe de devenir une icône. A travers son histoire, le gens se révoltent. Se rendre compte que l’on peut exécuter quelqu’un sur un tel manque de preuve, avec un procureur en prison et tout un système qui dysfonctionne a mis les Américains très en colère. Le mouvement a pris un tel essor que le Congrès texan, pourtant en grosse majorité républicain, a exprimé publiquement son opposition à l’exécution.

 

Aujourd’hui, les Américains n’en peuvent plus des erreurs judiciaires. Il ne se passe pas un mois sans que quelqu’un qui a pris vingt ans, trente ans, quarante ans de prison, en sorte, à la faveur des analyses ADN et autres progrès de la science. Hélas, tous les condamnés à mort n’ont pas la chance d’avoir un film.
 
Les Américains se rendent compte que ce sont les plus pauvres et les minorités qui font les frais des dysfonctionnements du système judiciaire. Et ce particulièrement pour la peine de mort, car on ne peut se retrouver dans le couloir de la mort que si on est pauvre, que l’on appartient à une minorité ou que l’on est malade mental. Jamais quelqu’un qui a les moyens de payer une défense ne se retrouve dans le couloir de la mort. »

Un correspondant de Bernard Gensane raconte une autre histoire tout aussi atroce et édifiante.

C'est d'une tristesse infinie, les mots nous manquent comme pour « George Stinney Jr , d’origine africaine, ( qui ) était la plus jeune personne à avoir été condamné à mort aux États-Unis.


Il n’avait que 14 ans lorsqu’il a été exécuté sur une chaise électrique. Au cours de son procès, il portait une bible entre ses mains, affirmant son innocence. Il a été accusé d’avoir tué 2 fillettes blanches Betty 10 ans et Mary, âgée de 7 ans.


Les corps ont été retrouvés près de la maison du garçon dans laquelle il vivait avec ses parents.


A cette époque, tous les membres du jury étaient blancs. Le procès n’a duré que 2 heures et la peine à été dictée 10 minutes plus tard. Les parents du garçon ont été menacés et empêchés d’être présent dans la salle d’audience, avant d’être expulsés de la ville.


Avant l’exécution, George a passé 81 jours en prison sans pouvoir voir ses parents. Il a été maintenu à 80 kilomètres de sa ville, à l’isolement sans personne à qui parler.


Il a été électrocuté avec 5380 volts dans sa tête, imaginez toutes cette tension dans la tête d’un enfant, une mort horrible.


70 ans plus tard en 2014, son innocence a finalement été prouvée par un juge. Le garçon été innocenté, quelqu’un lui a reproché d’être noir. »


Les images de son exécution sont à voir sur internet. C'est une honte pour le genre humain.

 Source: https://uranopole.over-blog.com/2022/04/mercredi-prochain-27-avril-2022-melissa-lucio-mourra.html