Lettre ouverte à nos dirigeants syndicaux : les partis qui négocient actuellement semblent avoir l'intention d'approfondir la régionalisation des compétences et cela nous inquiète
| 
Les négociateurs politiques opèrent un nouveau grand marchandage qui, à notre avis, n'est pas dans l'intérêt dela population belge.
Lettre ouverte à nos dirigeants syndicaux : les partis qui négocient actuellement semblent avoir l'intention d'approfondir la régionalisation des compétences et cela nous inquiète© Faustro Urru stagiaire LLB
Une opinion signée par plus de 300 syndicalistes. Retrouvez la liste complète des signataires au bas de l'article.
Chers dirigeants de la CSC, de la FGTB, de la CGSLB,
Chers Marc Leemans et Marie-Hélène Ska,
Chers Miranda Ulens et Thierry Bodson,
Cher Mario Coppens,
Nous sommes tous des syndicalistes convaincus et engagés. Employés, militants, membres de la CSC, de la FGTB et de la CGSLB. Nous sommes fiers de nos organisations syndicales, du mouvement ouvrier et de tout ce qu'il a accompli.
Les négociations actuelles pour un nouveau gouvernement fédéral nous inquiètent beaucoup. Les partis politiques qui négocient actuellement semblent avoir clairement l'intention d'approfondir la régionalisation des compétences. En plus des soins de santé, il est également question de domaines fondamentaux tels la politique de l'emploi, pour ne citer qu'un sujet touchant directement les intérêts des travailleurs et du mouvement syndical.
Les négociateurs politiques opèrent un nouveau grand marchandage qui, à notre avis, n'est pas dans l'intérêt de la population belge. Au cours des dernières décennies, il y a eu de nombreux marchandages et accords politiques de ce genre et les vrais besoins et nécessités de la population y étaient très souvent négligés, considérés comme sans importance et non prioritaire.
Des études scientifiques récentes, confirmés par de sérieux sondages d'opinion montrent que la majorité des citoyens en a marre de la fragmentation et du morcellement des compétences. Certainement lorsqu'il s'agit de nos soins de santé, mais également lorsqu'il s'agit d'autres domaines (1) (2).
Nous craignons que le futur nouveau gouvernement fédéral ne régionalise encore davantage de compétences, prétextant la prise en main des crises sanitaire et politique actuelles. Et cela pour nous préparer à encore plus de la même chose et même de pire. En tant que syndicalistes, nous considérons que la fragmentation de notre pays est désastreuse et en contradiction avec les droits et intérêts des travailleurs.
Nous sommes des syndicalistes en Belgique et nous voulons travailler dans cet esprit. Toutes les ctoyens qui travaillent en Belgique ont les mêmes intérêts, les mêmes droits et jouissent de notre soutien. Nous ne voulons pas nous laisser diviser, certainement pas par ces manœuvres politiques.
Dans les milieux syndicaux, la fragmentation actuelle de notre système de soins de santé a déjà été clairement remise en question. La crise du Coronavirus a illustré l'aspect néfaste de cette fragmentation, qui a conduit à moins d’efficacité et à des pertes de vies humaines. Nous avons besoin d'une gestion nationale centralisée et d'un système de santé entièrement fédéralisé.
Rassembler
Nos syndicats et le mouvement ouvrier doivent œuvrer pour une solidarité entre tous les travailleurs (avec ou sans emplois). C'est l'essence même de notre ADN syndical. Pourquoi devrions-nous souhaiter ou faire une distinction entre les salariés, les demandeurs d'emploi, les étudiants, les retraités, en fonction de la langue nationale qu'ils parlent ou du lieu où ils vivent ? Cette distinction serait en totale contradiction avec toutes les valeurs et tous les idéaux syndicaux, et nous la rejetons résolument.
Quels seraient les avantages de la division du pays pour les travailleurs avec et sans emploi ? Cela ne fait que le jeu d'autres "intérêts" qui vont à l'encontre des intérêts et des droits des travailleurs et des demandeurs d'emploi. Les syndicats des travailleurs garantissent leur impact grâce à leur nombre et la force de nos conviction. L'union fait la force : nul besoin de divisions !
L'unité, pas la division
Nous, les syndicats, défendons tous les salariés, avec ou sans emploi, en Belgique. Nous ne défendons pas les "Flamands", les "Wallons" ou les "Bruxellois". Nous défendons chaque travailleur et chaque demandeur d'emploi en Belgique. Contrairement à certains dans notre système politique, nous nous efforçons d'être unis et non divisés.
Nous n'enfermons pas le monde du travail dans les carcans communautaires, qui deviennent de plus en plus étroits. Nous n'acceptons aucun projet politique qui aurait pour ambition de diviser le pays ou le monde du travail.
C'est pourquoi nous, syndicalistes, lançons cet appel à vous, nos dirigeants syndicaux : dites avec conviction OUI pour plus de Belgique, pour une refédéralisation, pour plus de solidarité basée sur une véritable politique sociale.
Tout nouveau gouvernement doit répondre à ces critères pour espérer mériter notre soutien. Et nous nous opposons clairement et publiquement à toute nouvelle forme de régionalisation. Ce dont nous avons plus que jamais besoin maintenant, c'est d'une gestion centralisée et d'une refédéralisation, notamment des soins de santé.
La présente lettre est un signal à l'attention de nos dirigeants syndicaux. Nous sommes conscients que la période des vacances et la crise du coronavirus ne sont pas propices à une consultation facile et rapide de la base et des militants de nos syndicats. C'est pourquoi nous voulons vous lancer cet appel de manière très explicite.
Ne soyez pas attentistes, et exprimez-vous dès à présent, dans l'intérêt de plusieurs millions d’affilié-e-s, de travailleurs, d’allocataires sociaux, qui toutes et tous ont un besoin crucial des organisations syndicales.
Parlez maintenant, avec force et conviction.
Pour le bien de la Belgique, de sa population et de tous travailleurs avec et sans emplois.
Nous comptons sur vous !
Liste complète des signataires :
