Alors que le COVID sévit toujours, mais ce n’est une surprise pour personne, les organisations syndicales et les mouvements citoyens se voient amputer du droit de se rassembler et de se mobiliser.
Pourtant, la colère gronde chez les travailleurs des administrations locales et régionales, des 19 communes et CPAS de Bruxelles, des Hôpitaux publics et des associations chapitre XII (le chapitre XII d’une loi de 1976 autorise les CPAS à s’associer avec d’autres CPAS, d’autres pouvoirs publics ou personnes morales de droit public ou privé, en vue de réaliser certaines tâches des CPAS, par exemple : Les Cuisines bruxelloises, Maisons de Quartiers, Brulabo, Crématorium de Bruxelles…).
La crise sociale qui nous arrive en pleine face, nécessiterait que les organisations syndicales soient présentes autour de la table du CNS afin de pouvoir influencer les décisions et peut être les rendre plus cohérentes. Leur présence permettrait de préparer l’avenir, d’éviter de prendre des mesures iniques comme le certificat médical de quarantaine et/ou avoir des positions plus tranchées obligeant les employeurs à respecter certaines mesures visant à protéger les travailleurs plutôt que de faire des recommandations que l’employeur aura loisir de respecter ou pas, ou encore d’appliquer à sa façon.
Mais outre ces généralités , aujourd’hui se rassembler entre militants est d’office refusé, ou encadré de façon incohérente (max 400 personnes en position statique : donc pas de manifestation) alors qu’on vient d’accepter que les stades de foot soient remplis, que Pairi Daiza et Walibi continuent à fonctionner, sans compter les entreprises où depuis le début du COVID , les travailleurs sont des centaines, voire des milliers à travailler côte à côte parfois sans équipement de protection ou distanciation sociale. De qui se moque- t-on ?
La CGSP-ALR FORTEMENT MOBILISEE AVANT LE COVID SUR SON CAHIER DE REVALORSIATION DES SALAIRES DES TRAVAILLEURS DE LA FONCTION PUBLIQUE LOCALE NE VOIT TOUJOURS RIEN VENIR……
Le 20 septembre 2018 déjà, nous avions déposé un cahier de revendications ambitieux auprès du ministre des pouvoirs locaux de la région de Bruxelles capitale. Ambitieux mais tellement justifié, car les travailleurs des communes , des CPAS, des Hôpitaux et des Chapitres XII sont les moins bien payés de la fonction publique régionale et si on compare avec les autres régions, à fonction identique, ils sont également sous-payés et rarement statutarisés. Cela rend les emplois de plus en plus précaires et pour les employeurs, il devient de plus en plus difficile de recruter ou de conserver un personnel qualifié.
Il était grand temps de réagir et les travailleurs étaient demandeurs, prêts à se mobiliser. Ce qu’ils ont fait ! Nous voilà presque 2 ans plus tard, sans avancée. A cause du COVID et du changement de gouvernement, les négociations ont pris du retard. De plus, on sent une réelle volonté de la part du ministre de la fonction publique locale (Clerfayt) de minimiser encore la problématique sous couvert du fait que la région n’a pas d’argent à cause de la crise COVID.
La région a toujours de bonnes excuses pour ne pas revaloriser ces travailleurs qui je vous le rappelle ont des fonctions essentielles, vu que ces travailleurs ont toujours continué à travailler en première ligne, aussi bien durant la crise COVID que durant la période des attentats. Dans toutes les situations, il est évident que l’on ne peut pas faire sans notre personnel qui travaille dans les hôpitaux, les CPAS, les communes, les cuisines Bruxelloises ou le crématorium….
Nous nous rencontrons avec le front commun syndical la première semaine de septembre pour un plan d’action, de mobilisation et de grève dès la rentrée parlementaire. Nous n’attendrons pas qu’ils s’installent et qu’ils oublient les travailleurs, COVID ou pas. Le plan d’action sera rendu public dans les prochains jours.
Le secteur des soins de santé :
Tout le monde a crié VICTOIRE quand le gouvernement a annoncé qu’il allait refinancer les soins de santé, à la suite des applaudissements et de la prise de conscience par tous des sous-financements dans les soins de santé.
Mais la réalité sur le terrain est loin de s’être améliorée. Actuellement le seul financement qui soit arrivé sur le terrain ce sont les 400 millions du fonds “blouses blanches” acquis par la lutte avant la crise.
Pour ce qui est des 600 millions, négociés avant l’été par le gouvernement doté de pouvoirs spéciaux, rien n’est acquis, et ce sont les parlements qui vont devoir mettre ou pas ces décisions en applications. La mobilisation est d’autant plus importante que ces 600 millions sont insuffisants vu qu’ils ne sont destinés qu’a implémenter selon le modèle salarial de l’IFIC (Institut de classification des fonctions fédérales mandaté par Maggie De Block afin de définir les profils des fonctions par métier), c’est à dire à réaliser l’uniformisation des barèmes entre ceux du privé et ceux du public avec revalorisation de certaines fonctions au détriment d’autres fonctions qui seront moins bien payées. Pour la CGSP-ALR, il est évidement inadmissible d’augmenter le salaire des uns au détriment de celui des autres. De plus la réforme qui avait été demandée en front commun syndical public/privé et qui porte sur la révision des normes d’agrément (les normes d’encadrement définissent le nombre d’infirmières, d’aides-soignants…nécessaires pour s’occuper d’un certain nombre de lits) est à notre avis la revendication la plus importante dans le cadre de l’amélioration des conditions de travail et de la qualité des soins. Cette demande des travailleurs, tellement justifiée, implique une révision de la loi sur le financement des hôpitaux et surtout un refinancement de la santé bien plus important que 600 millions.
La CGSP-ALR redoute évidement le démantèlement de la sécurité sociale prévue au programme de certains partis et la régionalisation des soins de santé, projet qui est visiblement à l’agenda de certains partis politiques. Régionaliser ces matières est pour nous un non-sens. Nous adhérons et sommes demandeurs d’un refédéralisme de toutes les matières de santé afin d’avoir une vision cohérente de tout le secteur social santé et de pouvoir ainsi mener des politiques similaires tant au nord qu’au sud du pays et à Bruxelles. Neuf ministres de la santé pour un si petit pays, c’est… trop; avec des décisions prises par les uns, des décisions que les autres doivent ensuite mettre en place et tout cela sans financement, cela provoque de multiples inquiétudes au sein du secteur ( exemple la formation de réseaux d’hôpitaux imposée par le fédéral et que les régions doivent mettre en place).
La CGSP milite pour un refinancement de la sécurité sociale, un refédéralisme des matières de la santé et surtout pour supprimer le mode de financement de la sécu à budget fermé mis en place par le gouvernement MR/NVA. Nous nous inquiétons d’ailleurs fortement sur la façon dont cette règle d’enveloppe fermée va pouvoir s’appliquer dans le cadre de la crise COVID et des dépenses que celle-ci aura générées.
Outre ces problèmes et dans un avenir proche, nous nous inquiétons pour la santé financière de nos institutions de soins , qui ont été obligées de suspendre, durant le lock-down, toute ou presque toute l’activité hospitalière (consultations, opérations…). Il n’est actuellement pas prévu que les pertes financières ainsi engendrées, soient compensées par le fédéral. A ce jour le fédéral n’intervient que sur les frais liés au surcoût de la prise en charge des patients COVID liés à l’infrastructure et autres frais…….
D’autres mesures prises par le gouvernement aux pouvoirs spéciaux ont à mon sens un effet contreproductif en ce qui concerne la santé publique et mettent les travailleurs dans de réelles difficultés financières. Je souhaite dénoncer ici, la création du certificat de quarantaine qui ne donne pas droit au salaire garanti, qui oblige le travailleur soit à prendre sur ses congés, soit à se mettre en chômage temporaire si l’employeur a mis ce système en place, pire à se retrouver en congé sans solde et sans aucune couverture. Ce système va mettre des familles en grosses difficultés car généralement quand une personne dans une famille est en quarantaine, le reste de la famille l’est aussi et donc peut se retrouver aussi sans revenus et ce à plusieurs reprises parfois en fonction de ses contacts familiaux et/ou professionnels. Dans cette crise, certains travailleurs ont même perdu leur emploi. Une véritable catastrophe sociale sur le long terme se dessine.
Dans cet esprit la CGSP-ALR voit plus largement et demande, par exemple, au gouvernement régional de revoir sa position quant à la fin du moratoire sur les expulsions à partir du 1er septembre. Le budget consacré au loyer est souvent très important et les bas salaires obligent de nombreuses familles à devoir faire des choix entre se loger, se nourrir ou se soigner. La crise liée à la pandémie a accentué cette situation et si aucune mesure n’est prise d’ici ce 1er septembre, ce seront entre 200 et 300 familles qui vont se retrouver à la rue et grossir les rangs des plus démunis.
Préavis déposés durant la crise COVID :
03/04/2020, on dépose un préavis de grève à Bruxelles propreté, parce que les mesures de distanciation ne sont pas respectées dans les camions, que la charge du travail est très élevée du fait de l’absentéisme, qu’il n’y a pas de gel hydroalcoolique et de masques à disposition des travailleurs.
07/04/2020, on dépose un préavis d’action et de grève à Ixelles, sur les mêmes sujets, pas de désinfection des véhicules, pas de masques , pas de gel, pas de distanciation sociale.
26/05/2020, On dépose un préavis d’action auprès du gouvernement régionale pour demander qu’il fasse pression quant au retrait de l’AR de réquisition que le gouvernement veut mettre en place dans les soins de santé ( hôpitaux et maison de repos), on demande (cgsp et setca bxl) à la FGTB BXL de lancer une pétition qui exige le retrait de l’AR de réquisition du personnel des soins de santé. A chaque signature les ministres du gouvernement reçoivent un courrier sur leur boite mail. L’AR est rapidement suspendu.
26/06/2020, préavis d’action et de grève à Molenbeeck parce que les travailleurs forcés de faire du télétravail ne reçoivent aucune compensation alors qu’ils utilisent leur matériel et leur connexion privée.
Pour la CGSP ALR, dès la rentrée parlementaire, les organisations syndicales publiques et privées de tous les secteurs devraient de front exiger du gouvernement, des parlements, du futur gouvernement une autre vision sociétale. Nous ne cessons de répéter que la convergence des luttes est la seule et unique façon de venir à bout d’un capitalisme dérégulé par la finance. C’est également dans cet esprit que nous soutenons les luttes sociales dans le monde et notamment en Europe, pendant la crise, nous avons été solidaires des luttes des personnels de santé en France, en Bulgarie etc. La solidarité internationale est un de nos fondements.
Les politiciens ont vendu leurs âmes au diable et le citoyen en prend de plus en plus conscience au travers des différentes crises.
Nous appelons à soutenir la manifestation de ce 13 septembre organisée par “la santé en lutte”. Chacun pourra trouver sa place : soins de santé, logement, santé mentale, maisons médicales, structure d’accueil pour handicapés, maison de repos… au travers des différents blocs au sein de la manifestation…Venez nous rejoindre afin de ne plus jamais devoir applaudir les travailleurs des soins de santé.
Un peu de désobéissance civile sera peut-être nécessaire, mais la démocratie et le droit d’expression n’ont jamais été autant en danger que maintenant.
Tous se demandent de quoi sera fait demain, je ne me fais aucune illusion, ce sont les travailleurs, les citoyens, les organisations syndicales qui seront les acteurs du changement. La CGSP-ALR BRUXELLES en tout cas soutiendra toutes les actions en faveur des travailleurs avec ou sans emplois.
Rosteleur Carine,
(Secrétaire régionale CGSP ALR)
26/8/2020