Alors qu’a repris hier, lundi, au Royaume-Uni, l’audience concernant l’extradition de Julian Assange, qui devrait durer plusieurs semaines, des représentants d’Amnesty International font parvenir ce mardi 8 septembre à l’ambassade des États-Unis, à Bruxelles, quelque 25 000 signatures récoltées en Belgique d’une pétition demandant l’abandon de toutes les charges pesant contre lui.
« Forts de ces signatures, nous demandons aux autorités américaines d’abandonner toutes les accusations portées à l’encontre de Julian Assange en lien avec ses activités d’édition ; parallèlement, nous enjoignons les autorités britanniques à rejeter la demande d’extradition formulée par les États-Unis à cet égard », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.
L’audience déterminera la réponse à la demande du gouvernement de Donald Trump concernant l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis, où il encourt une peine maximale de 175 ans d’emprisonnement pour avoir publié des documents relatant de possibles crimes de guerre commis par l’armée américaine.
« Cette audience est la dernière salve d’une vaste offensive contre le droit à la liberté d’expression. Si Julian Assange est poursuivi, cela pourrait avoir un effet dissuasif sur la liberté des médias, poussant des éditeurs et des journalistes à s’autocensurer par peur des représailles, a déclaré Nils Muižnieks, directeur Europe à Amnesty International.
« Si Julian Assange est extradé, cela aura de lourdes conséquences en termes de droits humains, établissant un dangereux précédent pour la protection des personnes qui publient des informations classées secrètes dans l’intérêt public. »
La demande d’extradition des États-Unis se fonde sur des accusations qui découlent directement de la publication de documents classés secrets dans le cadre du travail de journaliste de Julian Assange avec Wikileaks. Publier ce type d’informations est la pierre angulaire de la liberté des médias et du droit de la population d’avoir accès à des informations d’intérêt public et cette liberté doit être protégée et non criminalisée.
Aux États-Unis, Julian Assange pourrait être jugé pour 18 chefs d’inculpation – 17 au titre de la Loi relative à l’espionnage et un chef d’inculpation au titre de la Loi relative à la fraude et à la délinquance informatiques. Il y serait également confronté à un risque élevé de graves violations des droits humains, notamment des conditions de détention s’apparentant à de la torture et à d’autres mauvais traitements, comme le maintien prolongé à l’isolement. Julian Assange est le premier éditeur à être inculpé au titre de la Loi relative à l’espionnage.
Le fait qu’il ait été la cible d’une campagne publique de dénigrement menée par des représentants du gouvernement américain au plus haut niveau porte atteinte à son droit à la présomption d’innocence et l’expose au risque d’être soumis à un procès inique.
« Le Royaume-Uni doit s’acquitter de ses obligations découlant du droit international relatif aux droits humains, qui interdisent de transférer une personne vers un pays où elle risque de subir de graves violations des droits humains », a déclaré Nils Muižnieks.
Complément d’information
Amnesty International est préoccupée par la santé physique et mentale de Julian Assange, particulièrement dans le contexte de la propagation du COVID-19.
Les conditions dans les prisons et les centres de détention britanniques sont inférieures à la norme. Il est impératif que des protocoles de santé et de sécurité soient mis en place afin de limiter le risque d’infection au COVID-19, tout en veillant à protéger les droits des détenus et des prisonniers. La libération pure et simple ou sous caution devrait être envisagée pour chaque personne placée en détention ou en prison qui souffre de graves affections préexistantes et est particulièrement à risque face au virus.