Une manifestation devant le ministère des Affaires étrangères à Bruxelles, ce vendredi 22 janvier 2021. Photo © Agir pour la Paix
Ce 22 janvier, le Traité d'interdiction des armes nucléaires (TIAN) entre en vigueur. Les armes nucléaires deviennent officiellement illégales en vertu du droit international, rejoignant enfin les armes chimiques et biologiques. Le Traité interdit d’utiliser, de menacer d’utiliser, de mettre au point, d’essayer, de produire, d’acquérir, de posséder, de stocker et de transférer des armes nucléaires.
Le Traité est le résultat d'une lutte initiée il y a 75 ans, quand deux bombes nucléaires dévastèrent Hiroshima et Nagasaki. Porté par ce grand mouvement intergénérationnel, le TIAN a été adopté par 122 pays à l’Assemblée générale des Nations Unies en 2017. Depuis, 51 pays l'ont déjà ratifié et 86 autres l'ont signé.
Depuis le début, la Belgique a boycotté ce processus multilatéral d’interdiction des armes nucléaires, prolongeant et légitimant toujours la présence d’armes nucléaires et leur potentielle utilisation. Le 07 décembre dernier, la délégation belge à l’ONU a voté contre une Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies en soutien au TIAN. Un vote qui s’oppose tant à l’accord de gouvernement – qui s’engage « à examiner comment le Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires peut donner un nouvel élan au désarmement nucléaire multilatéral » - qu’à la volonté très largement partagée de la population belge. Les résultats d'un sondage réalisé en décembre 2020 soulignent en effet que 77 % des belges souhaitent que la Belgique signe le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Et les Belges ne font pas exception : ils et elles partagent cette volonté avec 89 % de la population en Espagne, 87 % en Italie, 86 % en Islande ou encore 78 % aux Pays-Bas et au Danemark.
Evidemment, ce Traité d’interdiction vient stigmatiser les manquements de la Belgique vis-à-vis de ses obligations comme État partie au Traité sur la non-prolifération (TNP). Des manquements qui culminent dans l’entreposage des ogives nucléaires étasuniennes sur la base aérienne de Kleine Brogel. Des ogives qui doivent être remplacées entre 2022 et 2024 et que les futurs potentiels F35 de l’armée belge auront la capacité de transporter et de larguer. En violation du TNP auquel la Belgique est pourtant liée depuis le début des années 1970.
L'existence du TNP est souvent utilisée pour saper la légitimité et la nécessité du TIAN. C'est notamment l'argument principal utilisé par l'OTAN – et donc par la Belgique. Le mouvement pour la paix a toujours souligné l'importance du TNP. Ceci étant, nous devons constater, un demi-siècle après son entrée en vigueur, que ce Traité s'est révélé être un instrument inadéquat pour parvenir à un désarmement nucléaire complet. Ainsi, tous les États dotés d'armes nucléaires sont engagés ou prévoient de grands programmes d'investissements pour la modernisation de leurs arsenaux nucléaires.
Pour dépasser ce statu quo, le TIAN est un complément nécessaire au TNP. Il est en plus, rappelons-le, la mise en œuvre de l’article 6 du TNP.
Les armes nucléaires appartiennent au passé et leur réalité reste potentiellement apocalyptiques. La signature du TIAN et le respect des engagements de la Belgique sont les seuls gages d’un avenir sûr : une Belgique sans armes nucléaires dans un monde sans armes nucléaires.
La Coalition belge contre les armes nucléaires, partenaire d’ICAN, est une plateforme qui rassemble plus de 50 organisations, dont Pax Christi Vlaanderen, Vrede vzw, la CNAPD, Agir pour la paix, la CSC, la FGTB, Greenpeace, 11.11.11, Intal, le CSO, le MCP, LEF, LV, etc. voir www.nonukes.be