En matière de virtuel, les confinements successifs ont aussi agi comme un révélateur d’exclusion des Vieilles et des Vieux.
Apartheid digital
Le Gang des Vieux en Colère rappelle la part importante de la population qui est exclue du monde numérique.
Selon différentes sources européennes, quelques chiffres : En 2018, 13 % des Belges n’utilisaient pas Internet et l’on évalue à 29 % le nombre de Belges « éloignés du virtuel », soit près de 3 millions de personnes dont principalement les plus de 65 ans !
Les chiffres sont plus élevés encore lorsqu’on prend en compte ceux qui se disent « inquiets » de réaliser des démarches administratives en ligne : 43 % dans les villes de 2 000 à 1.000.000 d’habitants.
Le numérique, accélérateur des inégalités ?
Certains décideurs politiques rêvent déjà à une société du tout-virtuel mais les chiffres (ci-dessus) nous rappellent que c’est d’abord un excellent moyen d’accroître les inégalités.
L’étude européenne a porté une attention particulière aux 70 ans et plus, dont un tiers ne sont pas connectés !
Une situation qui n’a pas manqué de créer un sentiment d’injustice chez ces laissés pour compte du numérique pendant ces périodes de confinement (et encore plus pour tous ceux qui sont enfermés, isolés, en Maisons de Repos).
Et pourtant, il y a 18 ans, la Belgique avait déjà signé un… » Plan d’action national pour lutter contre la fracture numérique » :
En effet, lors du Sommet mondial sur la société de l’information (WTIM) en décembre 2003 à Genève, la Belgique s’était engagée à développer un plan d’action national contre la fracture numérique. Par la suite, le gouvernement fédéral avait chargé le ministre de l’Intégration sociale et le secrétaire d’État à l’informatisation de coordonner ce plan d’action national. Ce plan visait à réduire d’un tiers la fracture numérique au cours des cinq prochaines années. Où est passé ce plan ? Les promesses n’engagent que ceux qui les croient !Le plan est divisé en 3 volets: sensibilisation, accès et formation.
Une telle fracture numérique pose la question de la digitalisation de nombreux services et de l’abandon du papier (dans le privé comme dans le public), pour certaines formalités administratives.
Alors, que penser des guichets de banque et de gares de chemins de fer remplacés par des bornes (ce qui ajoute aussi à l’insécurité) et, Covid 19 oblige, que penser de l’exclusion des Vieux des concerts en VR, des visites virtuelles dans les musées etc… ?
Le GANG constate que la part grandissante des échanges avec les administrations par voie électronique est couplée avec l’impossibilité d’avoir un contact physique, lors des premières étapes des démarches.
Les obstacles numériques sont financiers et matériels :
23 % des Belges n’ont pas d’ordinateur et 24 % pas de Smartphone. Oui, un Belge sur quatre !
Les obstacles virtuels sont aussi cognitifs et culturels :
L’utilisation des sites administratifs suppose non seulement l’habileté à savoir se connecter, mais aussi, la connaissance du traitement de texte, la compréhension des procédures d’identification et de validation, la capacité à ouvrir un compte, l’emplois d’une imprimante, une évolution aisée dans l’architecture des sites etc.
Ces exclus, on sait qui ils sont :
– les plus âgés, les moins diplômés, les plus précaires.
– Et pour beaucoup : « les Vieux illettrés et pauvres ».
(Pour mémoire, les illettrés sont allés à l’école, mais ils ne maîtrisent pas la lecture, l’écriture, la compréhension de l’écrit. En 2018, il y avait plus de 7% d’analphabètes à Bruxelles.)
A eux seuls, ils représentent 2,5 millions de personnes C’est-à-dire ceux pour lesquels l’accès aux droits est le plus important.
Le GANG souligne que rien que cette inégale exposition à l’obligation de connexion (sans parler de l’arrivée imposée de la 5G) conduit à parler de ségrégation par le numérique :
« Ce sont les normes implicites de la virtualisation qui rendent les Vieilles et les Vieux incapables de défendre leurs droits. »
Bien sûr, on peut attendre que les vieux meurent et disparaissent…
En conclusion, le GANG DES VIEUX EN COLÈRE estime :
« Il faut, non pas plus de « virtuel », mais au contraire, préserver le contact humain et concret ; le numérique, oui mais, sans exclusion humaine. »