Samedi 13 novembre. La COP 26 s’est achevée avec plus de 24 heures de retard. Entre ambition et solidarité, la Présidence a réussi à atterrir sur un compromis sensible entre l’ensemble des Parties. Loin d’être parfaite, cette décision finale permet néanmoins de donner un coup d’accélérateur à la lutte contre la crise climatique et doit surtout se concrétiser par des mesures ambitieuses et solidaires.
L’Accord de Paris survit de justesse
Une victoire concerne l’accord trouvé sur des engagements à plus court terme en matière d’action climatique, parallèlement au rappel de l’urgence de réduire de moitié les émissions d’ici à 2030, en ligne avec l’objectif de maintenir le réchauffement à 1,5°C. “Nous sommes soulagés de voir que les engagements des Etats peuvent enfin se compter en années et non plus en décennies”, déclare la Coalition Climat. “Après de longues années de léthargie, on peut enfin espérer voir apparaître un tremplin concret pour le rehaussement global de l’ambition.” Rappelons toutefois que malgré les progrès accomplis, les plans actuels nous mènent toujours sur une trajectoire d'augmentation désastreuse de plus de 2 degrés de réchauffement global. L’heure est donc aux actions et non aux discours : il est essentiel que l'ambition des contributions nationales soit considérablement renforcée dans les années à venir.
Autre sujet clé : la mention historique de la sortie des énergies fossiles, dans ce cas ci le charbon. “S’il a été très difficile de maintenir cette référence jusqu’au bout, et même si elle a été fortement affaiblie en dernière minute, il est primordial de capitaliser sur cette avancée et de sortir du tabou : il est temps de nommer la cause principale de la crise climatique.” Enfin, concernant la question des marchés de carbone et de l’article 6, les négociations ont malheureusement abouti sur un compromis qui contient encore trop peu de gardes-fous, ce qui risque de mettre en danger l’objectif vital des 1,5°C de réchauffement.
Timides avancées pour la solidarité internationale
Glasgow devait être un test de crédibilité pour les pays riches qui se sont engagés à verser 100 milliards d'euros par an pour le financement climat international. "Le résultat est un progrès dans les procédures, mais pas dans les moyens fournis", déclare la Coalition Climat. "Point positif, les pays riches se sont engagés à doubler le financement de l'adaptation. Mais les engagements concrets pour combler le déficit de financement font encore défaut". Un autre sujet brûlant était la question du financement des pertes et dommages causés par les catastrophes climatiques. "Cette question restée trop discrète pendant de longues années, devient enfin un point clé de l'agenda. Cependant, en termes de ressources, on ne compte malheureusement à ce stade que sur des engagements ponctuels. Les pays vulnérables au changement climatique ont droit à un financement structurel dans lequel la prévisibilité, l'accessibilité et la qualité sont centrales." Ce ne sont pas des questions de charité mais bien de justice et de responsabilité. Par ailleurs, l'accord souligne également l'importance de la protection de la nature et des écosystèmes, de la participation des jeunes, des femmes et d'une transition juste. Des éléments cruciaux pour la Coalition Climat, qui doivent encore être traduits en termes beaucoup plus concrets.
Une Belgique, deux images
Selon la Coalition Climat, la Belgique a montré une double image au cours de la COP26. "La délégation belge a joué un rôle constructif dans les négociations, et la Belgique a signé un certain nombre de déclarations importantes. Cependant, l'absence d'accord intra-belge sur la répartition des efforts climatiques continue de jouer des tours à la crédibilité de la Belgique”. De plus, la Belgique n'a pas été en mesure de s’engager sur le financement climat international et n'a pas rejoint la High Ambition Coalition. La Coalition Climat demande donc à toutes les parties concernées, et particulièrement à la Région flamande, d'intensifier leur action. Ils doivent rapidement parvenir à un accord solide sur la répartition des efforts et confirmer ainsi la contribution belge aux objectifs climatiques européens.
La Coalition climat rentre donc chez elle avec un sentiment mitigé : Il y a des progrès, grâce notamment aux mobilisations de masse et à la pression de la société civile. L'espoir de maintenir le réchauffement global à 1,5°C n'a pas disparu. Mais des progrès bien plus importants sont nécessaires. "Nous attendons désormais des actions rapides et concrètes à tous les niveaux, avec une politique climatique audacieuse et juste qui ne laisse personne de côté”, conclut la Coalition Climat.