La mise en bourse de la banque
Ce thème était déjà à l'ordre du jour lors de notre campagne des élections sociales de 2016. Le feu vert pour la privatisation partielle de la banque et les actions récentes menées par la plateforme "Belfius est à nous" remettent ce sujet sur le devant de la scène.
En accord avec la position prise sur ce sujet par la FGTB – ABVV, nous avons depuis 2012 inclus dans la « Vision stratégique 2020 » du SETCa le fait que Belfius doive rester une banque gérée par l'autorité publique.
Nous maintenons notre point de vue : la banque Belfius, actuellement détenue par l'État via la Société fédérale de participations et d'investissement, doit rester détenue et contrôlée par l'État !
Rappelons que Belfius se compose de Bel pour la Belgique, l'ancrage belge, de Fi pour les Finances et de Us pour NOUS. On ne parle pas de Belfi-else où « else » renverrait « aux autres ».
Belfius, une banque qui doit rester publique !
La banque dispose d'une expérience unique de collaboration avec les pouvoirs publics. Cette expérience risque d'être perdue en cas de « dilution » de la banque au sein d'un groupe plus important, qu'il soit belge ou étranger. Ce danger va de pair avec la menace qui peut planer sur une partie importante de la dette des pouvoirs publics belges si celle-ci venait à être détenue par une entité purement commerciale, belge ou étrangère.
Le modèle économique de la banque (récolte de fonds / financements) a fait ses preuves en plus de 150 ans d'existence. Les pouvoirs publics disposent ainsi d'un outil rodé qui peut être un instrument privilégié de mise en œuvre de la relance économique et qui peut jouer le rôle « sociétal » que l'on attend de lui.
Alliant une profonde connaissance du monde public à une pratique courante du monde des entreprises, Belfius est l'acteur par excellence du rapprochement entre ces deux mondes, via un échange de know-how et une collaboration fructueuse.
Belfius permet également aux citoyens d'investir dans leur environnement direct (commune, CPAS, etc.) et resserre ainsi les liens entre la population et les pouvoirs publics locaux.
Les pouvoirs publics ont par ailleurs intérêt à s'assurer de sa bonne santé financière et à éviter toute dérive à une des grandes banques systémiques restant en Belgique.
Rentabilité et gestion responsable donneront également l'assurance à toutes les entités locales de trouver un financement adéquat.
Le client s'y retrouvera aussi en continuant à payer un prix correct pour ses produits. Une banque publique est une banque qui n'est pas soumise à devoir produire un rendement équivalent à celui des autres acteurs de son secteur et ne doit donc pas à tout prix dégager des bénéfices supplémentaires, bénéfices qui proviennent bien souvent de l'augmentation des marges sur les produits.
Et pour le personnel ?
À côté des considérations économiques générales, il nous faut prendre en compte l'impact sur le
personnel, c'est-à-dire sur vous.
Beaucoup d'entre nous se souviennent des conséquences des crises de 2008 et 2011 sur la banque, le groupe et surtout sur le personnel : diminution du nombre d'effectifs, rationalisation de certains services et augmentation de la charge de travail, discipline de fer appliquée aux salaires...
Est-il normal que les économies dégagées principalement sur le dos du personnel aillent à l'actionnaire actuel et surtout à une plus-value que dégagera cet actionnaire de la vente partielle de ses actions ?
Une des raisons de ces crises au niveau de notre banque était la mise en bourse et le désir d'offrir aux actionnaires, sous la forme de dividende, des rendements à deux chiffres. Ceci poussa nos gestionnaires à prendre des risques inconsidérés, rapportant effectivement beaucoup, jusqu'au moment où le château de cartes s'effondra et que l'État dut ouvrir à deux reprises son porte- monnaie pour nous sauver.
Sommes-nous prêts à repasser une xième fois à la caisse lorsque la situation de la banque tournera à nouveau au vinaigre ? Quelles garanties avons-nous que la direction se montrera prudente dans ses investissements ? Dans quelle mesure sommes-nous à l'abri d'une prise en main par un groupe étranger ? Combien de temps avant qu'une privatisation partielle ne devienne totale ?
Le SETCa est partisan d'une banque viable, développant ses compétences dans ses domaines d'activités historiques et mettant à disposition du gouvernement belge son expérience.
Le SETCa plaide pour que la banque se développe, ait un avenir, trouve sa place sur le marché.
Le SETCa est favorable à une banque saine, sans mouvements spéculatifs à l'intérieur ou
l'extérieur.
Le SETCa est là pour s'assurer que le personnel ne soit pas une nouvelle fois victime de jeux politiques ou de valeur sur le marché.
Et pour ces raisons, le SETCa prône un maintien de l'actionnariat au sein du gouvernement, soit directement, soit via des institutions publiques.
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