Il y a tant de quartiers populaires, dans tant de villes, que nous avons vus se lisser, s'aseptiser, s'édulcorer, se muséifier, être transformés en quartiers chers, en zones de chalandise vivant sur l'image de carte postale de leur passé, en caricatures de cette chose difficile à définir mais qui fait que nous les aimons... Aujourd'hui, il faut éviter aux Marolles de connaître un tel processus de transformation.
La Région et la Ville veulent "embellir" le quartier en y investissant 27.000.000€ via un Contrat de quartier. Malgré la volonté affichée de "contrebalancer la pression immobilière et touristique grandissante menaçant son identité populaire historique et son accessibilité", nous avons toutes les raisons de penser que ce programme (soumis à enquête publique jusqu'au 17 mars) va lui-même contribuer à augmenter cette pression. Parce qu'il privilégie les flux touristiques aux dépens de la vie locale et des espaces publics de proximité ; parce qu'il propose une action sur le logement bien trop faible pour contenir la flambée des loyers qu'il va provoquer ; parce qu'il dédaigne les dynamiques associatives et citoyennes locales qu'il devrait au contraire renforcer ; parce qu'il rate l'occasion de régler certains problèmes du quartier ; parce qu'il recale de nombreux projets ayant une utilité concrète et un impact positif immédiats pour les habitants...
À vouloir embellir ce qui est déjà beau et particulier, on n'obtient parfois rien d'autre que de la laideur et de l'uniformité. Les Marolles sont déjà un quartier très vivant, très beau et très mixte. C'est un équilibre fragile. Il faut modifier le programme de ce Contrat de quartier pour qu'il devienne ce qu'il prétend être : "un programme pour les Marolliennes et les Marolliens."
C'est bien de rénover les Marolles... mais c'est encore mieux de pouvoir continuer à y habiter ! Soutenez nos demandes de mesures fortes sur l'accès au logement. Pour éviter que cette rénovation entraîne une hausse des loyers. Pour que les Marolles restent un quartier populaire. Signez notre pétition.