L'opacité et l'irrégularité de la procédure de remplacement des F16 s'est une nouvelle fois illustrée par la divulgation, ce mardi 20 mars, d'un rapport de l'avionneur américain Lockheed Martin, grand favori de l'appel d'offre lancé par le gouvernement. Ce rapport souligne la possibilité de prolonger la durée de vie des F16 au-delà de la date d'obsolescence annoncée par le gouvernement Belge (2028). Cette divulgation vient encore confirmer, si besoin en était, que la « nécessité » de décider du remplacement des F16 Belges au cours de cette législature ne relève pas d'un prétendu impératif technique, mais bien d'une volonté politique, éminemment questionnable, de notre gouvernement.
La divulgation d'un tel rapport, un an après son envoi, est préoccupante. Elle constitue un marqueur supplémentaire d'une procédure de remplacement qui s'illustre depuis le départ par ses irrégularités. La liste est longue : défections de deux candidats sur 5 (Saab et Boeing) de la procédure dénonçant un marché public tronqué, contre-offre légalement questionnable de l'avionneur Dassault qui s'est affranchi des « règles de concurrence » demandée par la Belgique, dissension au sein du Gouvernement sur la direction à prendre, prix du contrat sous-évalué. Le tout dans une opacité la plus totale.
L'on est pourtant en droit d'attendre de ce « contrat du siècle », autre chose que la « négligence » que le Ministre Vandeput vient d'imputer à la Défense pour se dédouaner de la divulgation tardive du rapport de Lockheed Martin. Derrière ce projet de remplacement, dont les répercussions économiques impacteront deux générations de contribuables belges, c'est un réel débat public qui doit finalement être organisé. Un débat transparent, démocratique et inclusif. Un débat où les questions innombrables soulevées par un tel contrat trouvent enfin des réponses : Comment justifier une telle dépense, alors même que les budgets alloués à la justice, à l'environnement, à la lutte contre la pauvreté, à la solidarité internationale, à la mobilité sont systématiquement rabotés ? Les interventions militaires auxquelles la Belgique veut manifestement encore participer permettent- elles réellement de construire un monde plus stable et plus en paix ? Pourquoi les autres moyens – pourtant moins couteux en argent et en vies humaines et réellement constructifs – de travailler à la paix ne sont-ils pas pris en compte par notre gouvernement ? En quoi la capacité d'emport nucléaire des F16 et de leurs potentiels remplaçants oriente-t-elle le (non-)débat politique ? Quelques interrogations, parmi d'autres, que tout citoyen belge peut légitimement soulever, et qui restent aujourd'hui lettre morte même après la demande d'entrevue, restée lettre morte, que la plateforme « Pas d'avions de chasse » a demandé au Premier ministre au mois de novembre 2016, forte des 37.000 signatures citoyennes récoltées à cet effet.
Les 130 associations membres de la plateforme « Pas d'avions de chasse » demandent, plus que jamais, l'arrêt immédiat d'une procédure manifestement irrégulière, dont les enjeux budgétaires et politiques colossaux ne peuvent se passer de l'ouverture d'un débat public à la mesure des conséquences qu'elle ne manquera pas d'engendrer.
Pour la plateforme « Pas d'avions de chasse »,