Aujourd'hui comme hier, le constat est le même : les listes d'attentes pour obtenir un logement social ne cessent de s'allonger. Elles dépassent actuellement les 43 000 ménages inscrits alors même que 60% de la population bruxelloise se trouve dans les conditions pour y prétendre.
En parallèle, les Sociétés de logements sociaux ont laissé se dégrader une bonne partie du parc existant (la tour Brunfaut, les Goujons et les blocs Remparts des Moines, pour ne citer qu'eux). Tant et si bien qu'au lieu de résoudre les problèmes des habitants, le logement social devient un problème en soi (stigmatisant). Cet abandon par les pouvoirs publics contribue à dégrader son image et pose un défi supplémentaire. Revaloriser cette image est devenu une nécessité : seul le logement social permet de fournir un logement convenable aux familles à bas revenus, et elles sont nombreuses. Il est aussi le seul véritable rempart contre les discriminations au logement dont souffrent, sur le marché, les populations d'origine immigrées, les chômeurs, les familles nombreuses, les familles monoparentales.
Pour faire face à cette pénurie de logements, il faudrait une politique volontariste de rénovation et de construction de 45 000 logements sociaux (demande officielle enregistrée par la SLRB). Cette volonté politique n'existe pas, ni au niveau communal, ni au niveau régional, quelle que soit l'échéance.
Les autorités communales ont leurs parts de responsabilité dans l'incapacité à juguler la crise du logement (débutée officiellement en 1989) dès lors qu'elles veulent résoudre leurs difficultés financières en gardant et/ou en attirant des habitants à revenus moyens, souvent tentés par l'habitat en périphérie. Les problèmes de logements des ménages bruxellois, de plus en plus nombreux et particulièrement dans les communes du croissant pauvre, ne les intéressent guère.
Le manque de terrains à bâtir en contexte urbain est une excuse régulièrement avancée pour expliquer le manque de construction de logements sociaux. Pourtant, la Région possède plusieurs terrains sur lesquels sont projetés des milliers de logements. La part du social y reste cependant le parent pauvre.
Dernier exemple en date : le site Josaphat situé sur le territoire des communes de Schaerbeek et d'Evere, qui comprend une quinzaine d'hectares, et est complètement sous la maîtrise foncière publique.
La Région y projette 1 800 logements, selon une répartition en inadéquation totale avec les besoins avérés d'une bonne partie de la population bruxelloise. En effet, les plans actuels en attribuent 55% au marché privé, 23% au logement acquisitif conventionné (18% pour le « moyen », 5% pour le « social ») et seulement 22% pour des logements locatifs dont on peut préjuger qu'ils se répartiront, conformément à la nouvelle norme en vigueur, en 2/3 de sociaux stricto sensu et 1/3 de moyens. Donc finalement, une part résiduelle de 15% de logements sociaux dignes de ce nom et clairement accessibles à la majorité des Bruxellois. Ce faible pourcentage, bien en dessous des promesses régionales, dépasse pourtant de loin bien des projets portés par les mêmes autorités sur des terrains publics comme au Heysel (projet Neo), ou privés comme à Tour et Taxis. Le manque de volonté est flagrant.
Rappelons que selon les chiffres 2017 du baromètre social, le nombre total de logements sociaux en Région bruxelloise n'a pas augmenté, il a même diminué de 132 logements par rapport au 31 décembre 2014. Dans le même temps, la population bruxelloise a progressé de 30 000 personnes. Cherchez l'erreur !
Cource: http://www.ieb.be/Logement-social-blocage-politique??suivi=2018-04-19&noix=editobem293