Un nouveau rapport d'experts montre que les estimations des coûts de démantèlement des centrales et de gestion des déchets nucléaires ne font qu'augmenter et ne sont pas correctement provisionnés. Le risque que le citoyen doive régler la facture est élevé, c'est pourquoi Greenpeace appelle à changer le Fonds.
Alors que la date de fermeture des centrales nucléaires se rapproche, un nouveau rapport commandé par Greenpeace auprès du bureau Zero Emission Solutions (ZES) sur le fonds Synatom illustre que ce système mis en place pour financer leur démantèlement et la gestion à long terme de leurs déchets est inadéquat.[1]
Le rapport montre qu'il n'est aujourd'hui pas possible de connaître le montant final nécessaire pour ces opérations et de garantir que cet argent sera disponible. Par ailleurs, les experts du ZES notent que les coûts de démantèlement et de gestion des déchets n'ont fait qu'augmenter au cours des années et continueront à croître à l'avenir.[2]
"Nous devons éviter que les exploitants des centrales nucléaires, qui ont fait tant de profits durant des décennies, ne fassent porter les coûts de ces opérations sur les citoyens de cette génération et des suivantes", réagit Eloi Glorieux, expert Nucléaire chez Greenpeace. "Il en va de leur responsabilité de payer ces frais et de celle de nos politiciens, Mme Marghem et M. Peeters en tête, de s'assurer qu'ils s'acquittent de leurs factures."
La conclusion du rapport propose plusieurs scénarios possibles pour que le démantèlement des centrales et la gestion à long terme des déchets nucléaires soient correctement pris en charge. Selon Greenpeace, le gouvernement devrait s'en inspirer pour:
1. Mettre en place un nouveau Fonds national de provisions nucléaires qui soit indépendant et retiré des mains d'Engie-Electrabel.
2. Réévaluer correctement - et donc revoir à la hausse - les prévisions financières pour le démantèlement et la gestion des déchets nucléaires.
3. Imposer à Engie-Electrabel de déposer l'argent dans le Fonds dès que les combustibles usés sont déchargés des réacteurs et pas 80 ans plus tard comme actuellement prévu.
"Engie-Electrabel cherche à se débarrasser de ses centrales nucléaires belges[3], mais après avoir mangé aussi longtemps au buffet nucléaire, il est nécessaire de payer l'addition avant de quitter le restaurant", pointe Eloi Glorieux.
Notes:
[1] Vous pouvez lire le rapport complet du bureau Zero Emission Solutions via ce lien.
[2] Récemment, l'Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (ONDRAF) a encore drastiquement revu à la hausse les coûts estimés pour la gestion à long terme des déchets, ceux-ci passant de 3,2 milliards à 8-10 milliards d'euros.
[3] Comme la presse s'en est fait l'écho fin septembre, ici Le Monde.