Plan Canal, Plate-Forme Kanal, Festival Kanal, Musée Kanal, Canal Wharf,... le canal bruxellois est l’objet de toutes les attentions et convoitises. Pouvoirs publics, promoteurs, créatifs et touristes de tout poil, tout le monde veut y acheter, s’y promener, s’y loger jusqu’à l’état de siège.
Dans ce dossier de début d’année, l’équipe d’IEB, accompagnée d’habitants et de chercheurs, décortique les stratégies utilisées par les pouvoirs publics pour attirer un nouveau public dans les quartiers populaires qui bordent le canal. Alliance entre plan canal sécuritaire et plan canal immobilier permettent aux autorités de jouer la carte de la sécurité et de la pacification quitte à procéder au nettoyage des populations en place.
Tandis que le fédéral multiplie les pratiques d’intimidation vers les habitants du Vieux Molenbeek, la Région abandonne ses missions d’intérêt public aux forces du marché et aux promoteurs : Up Site, Docks Bruxsel, Tour et Taxis, Canal Wharf… autant de projets qui commercialisent l’espace urbain et en dépossèdent les habitants.
Quant aux outils de rénovation urbaine, force est de constater qu’ils organisent surtout la dépossession des classes populaires au nom de politiques « participatives ». Loin de contrebalancer la logique du marché, ils agissent au contraire de façon sélective au profit d’un public à venir.
Autre contributeur au siège dont le canal fait l’objet : le secteur des industries culturelles et créatives. L’accueil enthousiaste qui leur est réservé par les communes des quartiers populaires est à la mesure des ambitions que celles-ci nourrissent pour le redéploiement urbain de leur territoire.
Emballage culturel, appel incantatoire au vivre ensemble et à la mixité sociale ont du mal à occulter l’esprit haussmannien et le modèle entrepreneurial qui président aux opérations sécuritaires et immobilières qui prennent place dans ces quartiers, le tout mené par les pouvoirs publics.
Ces thèmes sont déclinés dans cinq contributions qui mettent en exergue que les habitants du canal ont bien plus besoin d’un plan de justice sociale que de plans sécuritaires ou immobiliers.