#SaveHakeem: Bahreïn doit renoncer et mettre fin à l’extradition
Bruxelles, le 6 février 2019 (CSI en ligne): Bahreïn doit mettre un terme à ses tentatives d’extradition du footballeur réfugié Hakeem al-Araibi de Thaïlande, et le gouvernement thaïlandais doit le libérer, conformément à sa propre législation qui interdit les extraditions politiques. Hakeem s’est vu octroyer le statut de réfugié par l’Australie après s’y être rendu en 2014 en fuyant le Bahreïn, où il a été soumis à la torture et condamné à tort à dix ans de prison pour avoir critiqué la famille royale régnante. Bahreïn réclame son retour au pays suite à sa détention à son arrivée à l’aéroport de Bangkok, le 27 novembre, où il s’y rendait avec son épouse en lune de miel. Il avait reçu préalablement l’assurance des autorités thaïlandaises qu'il pouvait s'y rendre en toute sécurité.
« Nous appelons le gouvernement thaïlandais à exercer son pouvoir pour libérer Hakeem et lui permettre de retourner en Australie sans plus tarder. Il a déjà suffisamment souffert en tant que réfugié politique du Bahreïn, qui a systématiquement emprisonné et torturé tous ceux ayant réclamé des réformes politiques. Non seulement sa peine d’emprisonnement au Bahreïn a été imposée sans la moindre preuve, mais il a également été vérifié qu’il n’avait pas pu commettre le délit présumé, étant donné qu'il participait à un match de football professionnel télédiffusé, de l'autre côté de la ville, une demi-heure avant les actes de vandalisme présumés à l’encontre d'un commissariat de police. La loi thaïlandaise interdit l’extradition dans les affaires politiques et les autorités thaïlandaises doivent veiller au respect de leur propre législation à cet égard », a indiqué Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.
Des syndicats de joueurs, des groupes de défense des droits humains et des stars internationales du sport ont joué un rôle majeur dans la campagne visant à libérer Hakeem, dont l’ancien capitaine de football australien Craig Foster est le chef de file. L'affaire d’Hakeem a attiré outre mesure l’attention du public en Australie et en Thaïlande, et la dynamique qui s’est enclenchée au niveau international en vue de sa libération n'a cessé de croître, notamment au sein de la FIFA, du Comité international olympique et de la Confédération asiatique de football (AFC), qui ont lancé un appel pour qu'il puisse retourner en Australie. Le président de l’AFC, cheikh Salman Bin Ibrahim Al-Khalifa, s’est dégagé de ses responsabilités dans cette affaire.
Plusieurs gouvernements expriment également leur inquiétude, notamment l’Australie, rejointe par des diplomates d’Allemagne, de Belgique, du Canada, des États-Unis, de Finlande, de France, de Nouvelle-Zélande, de Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de Suède, ainsi que de l’Union européenne, qui ont assisté à l’audience le 4 février, où il a été jugé qu’Hakeem, portant des chaînes aux pieds, restait en détention pendant deux mois supplémentaires durant le procès concernant son extradition.
L’Australian Council of Trade Unions (Conseil australien des syndicats – ACTU) a demandé qu'une enquête parlementaire soit menée sur l’implication de la police fédérale du pays dans la diffusion temporaire et erronée d’une « notice rouge » par Interpol le concernant alors qu’il voyageait en Thaïlande, tandis qu’Interpol n’a toujours pas expliqué comment le Bahreïn est parvenu à obtenir une notice rouge dans son système, en violation de la procédure d’Interpol.
La persécution continue à laquelle est soumis Hakeem serait liée aux critiques qu’il a exprimées contre Salman, qui est également vice-président de la FIFA, concernant la répression et la torture dont sont victimes les sportifs, notamment les footballeurs à la suite des manifestations en faveur de la démocratie en 2011.
« Les faits propres à cette affaire sont incontestables. Hakeem est innocent de tout crime. L’enquête parrainée par le propre gouvernement du Bahreïn en 2011 a d'ailleurs révélé de nombreuses preuves de torture et d'autres actes de répression durant ces manifestations, et la législation thaïlandaise stipule qu’il devrait retourner en Australie. Tout manquement à cette obligation aurait des conséquences négatives importantes pour la Thaïlande, tant dans ses relations internationales que dans le monde du sport en particulier », a déclaré Sharan Burrow.
Les dirigeants du Bahreïn ont mené d'une main de fer le pays depuis les manifestations en 2011, où des centaines de Bahreïnites sont privés de leur citoyenneté et où ont été enregistrés de nouveaux cas d’emprisonnement injuste et de torture.
« Il est difficile de s’imaginer comment le Bahreïn peut être un pays hôte acceptable d’un événement sportif, ou comment les candidats présentés par le gouvernement bahreïnite occupent des postes importants aux Jeux olympiques et à la FIFA. C’est un moment déterminant pour les engagements que prennent les organismes sportifs internationaux en matière de droits humains et il est temps que les régimes cruels, tels que Bahreïn, cessent d’améliorer leur image à l’échelle mondiale grâce au sport », a indiqué Sharan Burrow.