Bruxelles, 8 mai 2019 (CSI En Ligne) : L’accord entre l’Équateur et le Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit des coupes claires dans les dépenses publiques et des réformes du code du travail allant dans le sens d’une précarisation accrue de l’emploi, appauvrira les citoyens et aura des répercussions adverses sur l’économie nationale.
« Une stratégie de croissance portée par le secteur public a permis à l’Équateur de réduire la pauvreté de plus d’un tiers entre 2007 et 2016. Cette approche couronnée de succès est aujourd’hui battue en brèche alors que le FMI insiste sur l’austérité comme condition d’accès du pays à un prêt de 4,2 milliards USD. Les salaires baisseront et le chômage augmentera, laissant craindre une stagnation voire un ralentissement des perspectives de croissance économique », a indiqué Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.
Une analyse approfondie de l’accord du FMI réalisée par le Bureau de la CSI/Global Unions à Washington revient sur les projections discutables du FMI, qui sont brandies comme justification pour la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans le secteur public, la réduction des salaires et l’affaiblissement du respect des normes de l’OIT par l’Équateur. Les recommandations relatives à la déréglementation du droit du travail sont, quant à elles, issues du rapport Doing Business (La pratique des affaires) de la Banque mondiale, aujourd’hui largement décrié.
À l’occasion d’une rencontre en Équateur avec le ministre du Travail Andrés Vicente Madero Poveda, le secrétaire général adjoint de la CSI, Víctor Báez, a averti des répercussions adverses que des accords similaires ont eues sur les travailleurs en Grèce, en Égypte, en Tunisie et en Argentine. Il a fait remarquer que quand bien même le gouvernement envisagerait des mesures favorables aux travailleurs, toutes les décisions du gouvernement devront d’abord être « approuvées » par les personnels du FMI.
Le Fonds, pour sa part, soutient que la réduction des coûts de main-d’œuvre combinée à d’autres mesures de libéralisation économique contribuera à attirer les investissements privés et à relancer l’économie. Cependant, le recours antérieur à ce même modèle dans le cadre de programmes similaires s’est invariablement soldé par l’échec des projections de croissance peu réalistes, tandis que les indicateurs sociaux se sont détériorés.
« Le FMI devrait cesser de s’accrocher à des politiques qui causent des dommages à long terme aux économies et qui font peser le fardeau sur les travailleurs. Il devrait soutenir un secteur public fort et viable, et des programmes qui garantissent que l’économie agit au service des personnes plutôt que des intérêts financiers internationaux et des entreprises multinationales, qui sont continuellement à l’affût de la main-d’œuvre la moins chère et la plus ‘flexible’, sans tenir compte des moyens de subsistance et des conditions de vie et de travail des gens », a déclaré M. Báez.
À lire également, le document d’information CSI/Global Unions intitulé, en anglais, The IMF returns to Ecuador (Le retour du FMI en Équateur).
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