Soudan, rompre le silence !
Le massacre du 3 juin à Khartoum a montré le vrai visage du TMC (Conseil militaire de transition). Son agenda s’inscrit dans la continuité des méthodes de l’ancien régime : un gouvernement militaire sans partage imposé par la terreur.
Les hommes en armes du régime ont tiré, violé, fouetté, jeté dans le Nil des civils.
Le bilan fait état de plus d’une centaine de morts, de centaines de blessés et de centaines de disparus. La contre-révolution est à l’offensive.
Il y a urgence à agir, y compris pour la diaspora soudanaise, les citoyens européens, et leurs institutions, dont l’UE.
Comme un rayon de lumière au cœur des ténèbres. Comme un coup de tonnerre qui briserait des années de silence. La révolution soudanaise s’est levée pour mettre fin à trente ans de tyrannie, d’oppression et de répression. Pour les Soudanais, les cendres des 3000 villages incendiés au Darfour par le régime islamiste du dictateur Omar el Bachir sont encore chaudes. Les cris de douleur des 221 femmes et petites filles violées et torturées dans le village de Tabbit résonnent encore dans tous les esprits. Les millions de personnes déplacées et les réfugiés soudanais en exil n’ont pas oublié les exactions qui les ont séparés de leurs familles, les privant de leurs foyers et de leur pays. Tous ces crimes ont été commis par les « Janjaweeds », les bien nommés « démons à cheval », récemment rebaptisées RSF (forces de soutien rapide), la milice raciste et criminelle dirigée par le général Muhammad Hamdan Daklo qui se fait appeler « Hemetti ». Cet homme fut en son temps au service du dictateur déchu ; il sévit aujourd’hui dans les rues de Khartoum et voudrait étendre ses crimes à l’échelle de tout le pays.
Depuis une semaine, des millions de Soudanais vivent en état de siège. À Khartoum, les miliciens du RSF s’introduisent dans des maisons au hasard pour agresser et piller les habitants. La résistance pacifique continue. Les Soudanais ont lancé dimanche un grand mouvement de désobéissance civile : grève générale, reconstruction permanente des barricades pour entraver le mouvement des milices, marches pour demander la passation du pouvoir au peuple.
Nous appelons les citoyens européens à faire pression sur leurs gouvernements et sur l'Union européenne pour qu'ils rompent le silence et agissent. Rester silencieux et continuer à considérer le Conseil Militaire de Transition comme un partenaire politique après les crimes commis depuis le 3 juin, reviendrait à soutenir des milices militaires qui terrorisent et assassinent des populations civiles pacifiques.