10 milliards de plus pour les investissements socialement responsable, mais la qualité des fonds est toujours très faible

Investir dans un fonds vert, socialement responsable, qui finance la transition. C'est le choix que font de plus en plus de particuliers. Mais ces fonds sont-ils vraiment « responsables » ? Si l'encours des investissements socialement responsables a à nouveau explosé, la qualité des produits laisse encore à désirer.

Financité publie son quatorzième rapport annuel sur l'investissement socialement responsable. Un rapport qui montre que l'encours total en ISR a atteint un nouveau record en 2018 avec 42,85 milliards d'euros. Cette hausse de 10,67 milliards par rapport à 2017 est essentiellement due à l'explosion des fonds ISR qui ont progressé de 10,52 milliards.

Preuve que l'ISR séduit de plus en plus l'investisseur, la part de marché des investissements ISR par rapport à l'ensemble du marché passe de 6,2% à 8,5% au 31 décembre 2018. Si l'on considère uniquement les fonds d'investissement, elle augmente significativement en 2018 pour atteindre 19,1%. La part de marché des comptes d'épargne ISR reste quant à elle relativement faible et atteint péniblement 0,91%, en légère diminution par rapport à 2017.

Un peu de tout (et surtout n'importe quoi)

Si les produits ISR séduisent les investisseurs, Financité regrette cependant que la qualité des ces derniers ne soit toujours pas au rendez-vous. Financité analyse depuis plus dix ans la qualité extrafinancière des fonds commercialisés en Belgique et évalue alors si les prétendus fonds « socialement responsables » le sont vraiment.

Il faut croire que non. Car sur l'ensemble des fonds étudiés, 83% (soit 452 fonds) ont obtenu la note de zéro. Soit parce que les informations sont insuffisantes pour procéder à une analyse, soit parce qu'ils contiennent dans leur portefeuille un ou plusieurs actifs de la liste noire de Financité. Cette dernière recense des entreprises de droit belge ou étranger, des Etats et des organismes internationaux ne respectant pas des conventions internationales ratifiées par la Belgique dans les domaines humanitaire, civil, social, environnemental et de gouvernance. Le strict minimum, donc.

Seul un quart de l'encours appartient à des fonds qui obtiennent une note supérieure à zéro. Les fonds les mieux notés sont à découvrir dans nos Awards ISR (voir ci-dessous).

Des avancées légales

Au niveau européen, un Groupe d'experts de haut niveau a soumis une série de recommandations pour encadrer les investissements socialement responsables. Une grande partie se retrouve dans le Plan d'action de la Commission européenne et donne un meilleur l'espoir d'un meilleur contrôle de la qualité des fonds dits ISR.

Début 2019, la Fédération belge du secteur financier (Febelfin) a annoncé la future mise en place d'un label certifiant la durabilité des produits financiers. Mais le même jour, la banque Triodos (qui obtient l'Award Financité du meilleur fonds cette année), a annoncé qu'elle n'adhérera pas à ce « Quality standard » qui ne va pas assez loin selon son directeur : « une entreprise qui tire 60% de ses revenus du pétrole peut encore bénéficier d’un fonds portant le nouveau label.»

Pour Financité, l'ISR doit être impérativement défini et encadré. Ce n'est pas tout de laisser les promoteurs « pousser » ce type d'investissement, il faut aussi offrir aux consommateurs une vision plus claire de la finalité de leur argent et ce qu'il finance vraiment. Parce que l'enjeu est de taille. C'est celui d'une société qui va devoir changer ses modes de fonctionnement et de consommation : investir de façon plus responsable, en prenant en considération des aspects environnementaux, sociaux, de gouvernance et d'éthique.