Ces pesticides sont plus efficaces pour tuer les abeilles que les champignons qu'ils sont censés combattre…
Une nouvelle étude scientifique apporte la preuve incontestable de la toxicité des pesticides SDHI sur le fonctionnement des cellules des abeilles, et d'autres organismes comme les vers de terre ou même les humains…
… mais sous la pression des lobbys de l'agrochimie, les autorités sanitaires refusent toujours de suspendre l'utilisation de ces poisons, massivement déversés dans les champs.
Le doute n'est plus permis :
Une nouvelle étude publiée dans la très renommée revue scientifique PLOS One confirme les effets délétères des pesticides SDHI sur le fonctionnement cellulaire des abeilles des vers de terre et des humains (1).
Les chercheurs ont passé en revue 8 substances de la famille des SDHI, ces pesticides utilisés massivement en agriculture pour combattre les moisissures – sur les céréales, les fruits, les légumes, mais aussi les stades de foot et les terrains de golf. Leurs résultats sont sidérants :
Non seulement ces pesticides ont tous des effets négatifs inquiétants sur les cellules des abeilles, des vers de terre et des humains…
… mais pire encore : certains d'entre eux sont PLUS EFFICACES pour tuer la respiration cellulaire des abeilles – donc pour tuer les abeilles elles-mêmes ! – que pour détruire les moisissures et les champignons sur les cultures – leur mission première (2.1). Et d'autres ont plus d'effets sur les cellules humaines que sur celles des champignons, notamment en ce qui concerne les personnes vulnérables aux maladies mitochondriales (2.2) !
Face à de telles révélations, l'autorité sanitaire en charge de l'évaluation et du contrôle des substances chimiques déversées dans la nature, l'Anses, devrait procéder au retrait immédiat de ces pesticides :
à la place, elle déclare attendre « le premier semestre 2020 » pour de nouvelles études…
Un cadeau colossal aux grandes firmes agrochimiques, qui pourront pendant des mois encore engranger de juteux bénéfices en commercialisant des centaines de tonnes de pesticides SDHI en France et en Europe, au détriment des abeilles, de la nature et de la santé humaine.
Je fais appel à vous aujourd'hui car notre équipe a besoin de votre aide pour faire éclater le scandale partout en Europe :
Pour couper court à cette connivence insupportable des grands lobbys de l'agrochimie avec les autorités sanitaires censées les contrôler, 360 000 personnes se sont déjà mobilisées aux côtés de POLLINIS pour demander le retrait immédiat des SDHI avant que les conséquences sur les abeilles, l'environnement et la santé humaine ne soient irréversibles. Rejoignez la mobilisation en cliquant ici !
Faut-il le rappeler, les SDHI sont qualifiés par les plus grands spécialistes mondiaux des maladies mitochondriales de « bombe à retardement » pour la nature et pour l'Homme :
lls empêchent le fonctionnement de l’enzyme SDH, qui permet la respiration cellulaire chez les champignons, mais également chez tous les organismes vivants (abeilles, insectes, oiseaux, mammifères et donc humains). Or, de nombreuses recherches ont montré qu'un déficit de l'enzyme SDH peut entraîner la mort des cellules, ou au contraire leur prolifération incontrôlée. Cela se traduit par :
- des affections sévères du cerveau (encéphalopathies), surtout chez les jeunes enfants ;
- la formation de tumeurs du système nerveux, au niveau de la tête, du cou, du thorax, de l’abdomen ou du bas-ventre ;
- une fragilisation qui favorise certains cancers du rein ou du système digestif ;
- une modification génétique, transmissible de génération en génération, entraînant des affections graves telles que la maladie de Parkinson, l’ataxie de Friedreich, le syndrome de Barth, ou la maladie de Huntington, ainsi que certains troubles de la fertilité (3).
Leurs effets délétères sur les abeilles ont été documentés par plusieurs études scientifiques (4) et enquêtes de terrain menées suite à la mortalité inexpliquée de colonies entières d'abeilles (5).
Pourtant, sous la pression des lobbys de l'industrie, les autorités sanitaires continuent de fermer délibérément les yeux sur cette catastrophe sanitaire et environnementale qu'elles sont en train de contribuer à créer…
La chronologie des faits parle d'elle-même :
- Octobre 2017 : le Pr. Rustin et ses collègues du CNRS, de l'Inserm et de l'Inra, alertent l'Anses sur les risques induits par l'utilisation massive des pesticides SDHI >> Silence radio de l'Anses pendant plus de 7 mois – aucune réponse, aucune position officielle !
- 15 avril 2018 : les chercheurs sont obligés de sortir de leur réserve scientifique et dénoncent publiquement l'existence et le mode d'action des SDHI dans une tribune publiée dans le journal Libération - pour obliger l'Anses à sortir de son mutisme >> Acculée, l’agence se résout à réunir un Gecu (Groupe d'expertise collective d'urgence) pour étudier l'alerte des chercheurs.
- 14 juin 2018 : les scientifiques lanceurs d'alerte sont enfin reçus au siège de l'Anses pour présenter leurs études ; ils en ressortent abasourdis face à l'attitude méprisante et résolument non-scientifique des membres du Gecu : 4 toxicologues ne connaissant ni la SDH ni les SDHI, dont un « expert » directement lié aux intérêts des producteurs de fongicides ;
- 15 janvier 2019 : quinze mois plus tard, le GECU remet son rapport : les SDHI « ne font pas partie des familles chimiques analysées (dans les programme de surveillance des pesticides français et européens)... Aucune donnée de bio-surveillance humaine... aucune donnée d'exposition professionnelle agricole n'est disponible à ce jour... À ce stade, il n'est pas prévu de les ajouter au programme... » alors que ces pesticides sont parmi les plus utilisés en Europe !
>> Sans ciller, les autorités sanitaires françaises reconnaissent donc qu'il n'existe pas de données ni de recherches sur les SDHI - des pesticides au mode d'action pourtant particulièrement inquiétant présents partout dans notre environnement...
Tout comme leurs homologues de l'EFSA, l'autorité sanitaire chargée d'évaluer et d'autoriser les pesticides au niveau européen, elles assument ne rien savoir ou presque des effets potentiels des SDHI pour l'environnement et la santé.
Et cela ne les empêche pas d’accorder à Bayer-Monsanto, Syngenta-ChemChina et autres géants de l'industrie chimique l'autorisation de vendre 11 pesticides SDHI différents en Europe...
… ni de prolonger à nouveau en juillet dernier l'autorisation de vente du boscalid, le SDHI le plus utilisé en Europe, sans exiger de nouvelles études et sans prendre en compte les études déjà réalisées depuis la première mise sur le marché (6).
Pire encore : maintenant que les chercheurs lui présentent noir sur blanc la preuve de la toxicité inquiétante des SDHI sur les cellules d'un large panel d'organismes vivants (abeilles, vers de terre, humains)...
… l'Anses continue de faire comme si l'alerte était infondée (7) !
C'est inacceptable :
Nous devons couper court à cette complaisance insupportable, à cette collusion dangereuse qui met en danger des millions de personnes et sacrifie le vivant pour préserver les seuls intérêts financiers des multinationales de l’agrochimie !
POLLINIS a rencontré deux fois les représentants de l'autorité sanitaire française pour exiger des explications - et le lancement d’études pour évaluer la réelle dangerosité des SDHI – ce que l'Anses a, contre toute logique, sytématiquement reporté.
Pour forcer l'agence à réagir, notre association POLLINIS a mobilisé ses membres pour participer au financement des études jugées nécessaires par les scientifiques – mais même avec les preuves devant les yeux, nos autorités préfèrent privilégier les intérêts de l'industrie à ceux des citoyens.
La course contre la montre est enclenchée : à chaque report d'une salutaire interdiction par l'Anses, ce sont des dizaines de tonnes supplémentaires de ces poisons qui sont déversées dans notre environnement…
… avec des conséquences sur le vivant, et notre santé et celle de nos enfants, qui ne se manifesteront massivement que dans 10 ou 20 ans.
Le Professeur Pierre Rustin, directeur de recherche émérite du CNRS et l'un des plus grands spécialistes mondiaux des maladies mitochondriales, est formel : les autorités sanitaires nous font prendre « un risque monstrueux »
« Si j’étais responsable d’une agence sanitaire et qu’on me livrait les informations que nous publions, j’interdirais les SDHI dans la journée. Chaque jour compte.» (8).
C'est pourquoi nous devons immédiatement faire pression tous ensemble, directement sur les représentants politiques pour qu'ils prennent de toute urgence des mesures de salut public :
S'il vous plaît, signez immédiatement la pétition ci-jointe !
Et faites-la circuler largement autour de vous pour alerter et mobiliser le plus grand nombre possible de citoyens – pour faire pression tous ensemble sur les autorités françaises et européennes, et exiger le retrait immédiat de toutes les substances fongicides de la classe SDHI – et éviter un possible désastre sanitaire et environnemental de grande ampleur.
Après avoir signé, s'il vous plaît prenez quelques minutes supplémentaires pour transférer cet e-mail à l'ensemble de vos contacts et personnes susceptibles de se mobiliser : tout le monde doit savoir ce qui se passe avec les SDHI et l’inaction insupportable de nos autorités sanitaires, afin d’empêcher un potentiel désastre sanitaire !
Agissons tous ensemble dès maintenant pour montrer que nous n’accepterons pas un nouveau scandale comme celui des pesticides néonicotinoïdes tueurs d'abeilles, ou un nouveau scandale sanitaire comme celui de l'amiante, du Mediator ou du Levothyrox :
Merci par avance pour votre action déterminante pour les abeilles, et la santé de nos enfants.
Bien cordialement,
Nicolas Laarman
Délégué général
POUR SIGNER LA PÉTITION, CLIQUEZ ICI
Références :
Bénit P, Kahn A, Chretien D, Bortoli S, Huc L, Schiff M, et al. (2019) Evolutionarily conserved susceptibility of the mitochondrial respiratory chain to SDHI pesticides and its consequence on the impact of SDHIs on human cultured cells. PLOS ONE 14(11): e0224132.
Par exemple, à quantité égale, la dangerosité du flutolanil est accrue pour les abeilles et les vers de terre par rapport au champignon pathogène cible, tandis que pour le fluopyram, les effets inhibiteurs sur les
enzymes sont quasiment les mêmes dans les cellules des abeilles que celles du champignon cible.
Fig 2. IC50 values of SDHIs on the succinate cytochrome c reductase of Homo sapiens, Lombricus terrestris, Apis mellifera, and Botrytis cinerea.
Au sujet des maladies liées à une défaillance de la SDH, voir :
Genetic and Biochemical Intricacy Shapes Mitochondrial Cytopathies, Turnbull, Rustin, in Neurobiol Dis, 12 février 2015, 92, 55-63.
Mutation of a Nuclear Succinate Dehydrogenase Gene Results in Mitochondrial Respiratory Chain Deficiency, Bourgeron, Rustin, Chrétien in Nat Genet, octobre 1995, 11(2), 144-149.
Mutations in SDHD, a Mitochondrial Complex II Gene, in Hereditary Paraganglioma, Baysal, Ferrell, Willett-Brozick in Science, 4 fév. 2000, 287 (5454), 848-851.
The R22X Mutation of the SDHD Gene in Hereditary Paraganglioma Abolishes the Enzymatic Activity of Complex II in the Mitochondrial Respiratory Chain and Activates the Hypoxia Pathway, Gimenez-Roqueplo, Favier, Rustin in Am J Hum Genet, décembre 2001, 69(6), 1186-1197.
Defects in Succinate Dehydrogenase in Gastrointestinal Stromal Tumors Lacking KIT and PDGFRA Mutations, Janeway, Kim, Lodish in Proc Natl Acad Sci USA, 4 janv. 2011, 108 (1), 314-318.
SDH Mutations Establish a Hypermethylator Phenotype in Paraganglioma, Letouzé, Martinelli, Loriot, in Cancer Cell, 10 juin 2013, 23(6), 739-752.
The Environmental Carcinogen Benzo[a]pyrene Induces a Warburg-Like Metabolic Reprogramming Dependent on NHE1 and Associated With Cell Survival Hardonniere, Saunier, Lemarié in Sci Rep, 4 août 2016, 6, 30776.
4. Gloria Degrandi-Hoffman, Yanping Chen, Emily Watkins Dejong, Mona L. Chambers, Geoffrey Hidalgo; Effects of Oral Exposure to Fungicides on Honey Bee Nutrition and Virus Levels, Journal of Economic Entomology, Volume 108, Issue 6, 1 December 2015, Pages 2518–2528
Jacob B. Campbell, Rachna Nath, Juergen Gadau, Trevor Fox, Gloria DeGrandi-Hoffman, Jon F. Harrison ; The fungicide Pristine® inhibits mitochondrial function in vitro but not flight metabolic rates in honey bees. Journal of Insect Physiology Volume 86, March 2016, Pages 11-16
Simon-Delso N, San Martin G, Bruneau E, Minsart L-A, Mouret C, et al. (2014) Honeybee Colony Disorder in Crop Areas: The Role of Pesticides and Viruses. PLoS ONE 9(7): e103073. doi:10.1371/journal.pone.0103073
5. Bilan 2016 du réseau de surveillance des troubles des abeilles, DRAAF Auvergne-Rhône-Alpes
Un apiculteur de Haute-Garonne perd deux millions d'abeilles et soulève un élan de solidarité, Noémie Bonnin pour France Bleu Occitanie, 14/05/2018
6. L'autorisation de la substance active boscalid a été repoussée une première fois au 31 juillet 2019, puis une seconde fois jusqu’au 31 juillet 2020. Commission Implementing Regulation (EU) 2018/917 of 27 June 2018 amending Implementing Regulation (EU) No 540/2011 as regards the extension of the approval periods of the active substances.
7. « L’Anses rappelle que suite au signalement d’un collectif de scientifiques, elle avait réuni un groupe d’experts scientifiques indépendants et conclu le 14 janvier dernier à l’absence d’alerte sanitaire pouvant conduire au retrait des autorisations de mise sur le marché des fongicides SDHI. » ANSES, « Point sur les SDHI » 08/11/2019
8. Interview du Professeur Pierre Rustin dans Libération « Fongicides SDHI : « On ne peut se permettre, comme l’Anses, d’attendre la catastrophe » » Coralie Schaub 07/11/2019