Il a fallu des années de bataille, les cris d'alarme d'apiculteurs, le soutien des meilleurs chercheurs et spécialistes de l'abeille en France et en Europe, et la mobilisation de centaines de milliers de citoyens…
...pour convaincre les députés européens d'adopter, en mars 2018, un texte réclamant la sauvegarde des abeilles locales européennes au patrimoine génétique si précieux, et la protection des conservatoires qui tentent de les préserver, dans l'intérêt de tous.
Mais depuis bientôt deux ans, la Commission européenne et les États membres, désormais en charge du dossier, refusent d'agir.
À ce jour, nos abeilles locales sont extrêmement vulnérables. Elles ont besoin du soulèvement massif de toutes les personnes qui voudront bien prendre un petit peu de leur temps et agir pour les défendre.
► JE SIGNE LA PÉTITION
La situation devient critique :
Installées depuis plus d'un million d'années sur tout le continent européen, les abeilles locales butinent sans relâche, saison après saison, siècle après siècle, les fleurs de nos campagnes, assurant la reproduction d'une grande partie des fruits et légumes consommés par des générations d'habitants.
C'est en partie grâce à leur travail acharné que nos paysages sont aujourd’hui riches de tant d’espèces et sous-espèces d’arbres, arbustes et autres plantes à fleurs qui forment les prairies d’Irlande, les forêts slovènes ou la garrigue typique des berges de la Méditerranée.
Aujourd'hui, ces pollinisateurs pourtant indispensables subissent de plein fouet le contrecoup des grands bouleversements contemporains...
Attaquées de toutes parts – par les pesticides déversés dans les champs qu’elles butinent, par la suppression au profit de la monoculture intensive des haies et des friches qui étaient autant de refuges et de réservoirs à fleurs sauvages, par les parasites et les agents infectieux qu’on retrouve désormais dans toutes les ruches de France et d’Europe (l’acarien Varroa destructor, le champignon Nosema ceranae, et d’autres virus, bactéries et champignons), par de nouvelles espèces prédatrices (comme le frelon asiatique) qu’elles ne savent pas combattre, par les changements climatiques –, nos abeilles sont vulnérables.
Mais ce n'est pas tout.
Pour faire face à la mortalité massive de leurs colonies et renouveler leurs cheptels disparus…
...un grand nombre d'apiculteurs désespérés ont recours à des reines importées de pays étrangers (Grèce, Malte, Chypre, mais aussi Chili, Argentine, Australie, Nouvelle-Zélande ou Chine...).
Voyageant par avion ou par camion sur de longues distances dans des petites boîtes, accompagnées de quelques ouvrières qui les assistent pour assurer leur survie, les reines arrivent fragilisées et affaiblissent la colonie sur laquelle elles sont appelées à régner.
Surtout, elles apportent avec elles un patrimoine génétique adapté à un environnement souvent très différent, à d’autres climats, d’autres fleurs et d’autres conditions de vie avec lesquelles elles ont co-évolué pendant des millénaires…
Ces abeilles ne sont pas adaptées à nos conditions locales, et naturellement décorrélées du calendrier des floraisons.
Elles nécessitent encore plus de soins et d'interventions de la part des apiculteurs, qui les nourrissent avec du sucre, ce qui ne permet pas à leur système immunitaire de se renforcer : aujourd'hui en France, la quantité de sucre utilisé pour le nourrissement des abeilles dépasse le poids de la récolte de miel.
C'est surréaliste !
Résultat : les colonies d'abeilles hybrides ou étrangères deviennent rapidement très fragiles, et résistent difficilement aux agressions extérieures - parasites, virus, produits chimiques, manque de diversité dans le pollen dont elles se nourrissent...
Il est probable que d'ici quelques années seulement, plus aucune abeille à miel ne soit capable de survivre sans intervention humaine – qu'on est loin des butineuses libres et sauvages, parfaitement autonomes, qu'elles ont été pendant des millénaires !
Peut-être pire encore :
Comme une reine abeille peut être fécondée dans la nature par au moins 15 ou 20 mâles qui n'hésitent pas pour cela à parcourir des dizaines de kilomètres pour la trouver, l'hybridation des abeilles locales avec des races d'abeilles importées s'accélère à une vitesse effrayante.
Dans certaines régions, les abeilles importées ou hybridées sont désormais majoritaires : vers les Pyrénées, en Alsace et en Bourgogne, dans le Jura...
Le phénomène touche tous les pays européens. Et le rythme des importations continue d’augmenter au fur et à mesure que les abeilles dépérissent plus rapidement : 5 % d’abeilles hybridées en 2007, 48 % en 2012... On atteint même 80 % dans certaines régions !
Une spirale infernale qui pourrait mener, selon les scientifiques, à une disparition irréversible de notre abeille locale d'ici 15 ans seulement.
Ce sont des millénaires d'adaptation génétique au climat local, aux plantes, aux fleurs des vergers et des potagers, aux parasites et aux prédateurs qui disparaîtraient avec elles...
Des abeilles irremplaçables, qui ont maintes fois révélé leurs capacités extraordinaires de résistance aux changements climatiques et au stress, et sur lesquelles nous devons pouvoir compter pour les générations futures...
...sont en train de succomber sous les coups répétés d’une agriculture toxique, d’une gestion des cultures aberrante, et des tentatives désespérées des apiculteurs pour sauver leur activité.
Nous avons vraiment BESOIN de nos abeilles locales.
L’abeille noire de Savoie, par exemple, sait particulièrement bien s’adapter aux conditions difficiles de la vie en montagne : rustique, économe, elle peut passer six mois sous la neige, quand les autres abeilles ont besoin d’être nourries artificiellement et en quantité avec des pains de sucre pour survivre à l’hiver.
L’abeille des Landes a adapté son cycle de butinage à l’apparition de la bruyère, au mois d’août, tandis que l’abeille normande butine les fleurs de pommier dès le mois d’avril…
Certains grands laboratoires se permettent déjà de séquencer ce capital génétique unique pour se l’approprier dans des banques génétiques, le breveter à leur avantage et le commercialiser le jour où l'on ne trouvera plus une seule abeille locale dans la nature ou dans nos ruches...
Cet intolérable accaparement de la nature au profit d'une poignée de grandes industries, ne peut être efficacement combattu qu'en protégeant à tout prix nos abeilles locales dans la nature, dans les milieux avec lesquels elles ont évolué !
C'est l’objectif de petits groupes d'apiculteurs engagés, de chercheurs et de passionnés de l’abeille de plus en plus nombreux, qui ont décidé d'agir pour protéger ce qu'il reste encore de colonies d'abeilles locales – en France, en Belgique, en Suisse, en Italie, au Royaume-Uni, au Danemark et un peu partout en Europe.
Ils ont monté des conservatoires, véritables sanctuaires où les abeilles locales peuvent continuer à évoluer et se reproduire naturellement, dans le respect de leur cycle de vie et de leur biologie, et dans la plus complète autonomie possible.
Dans ces conservatoires – que ce soit dans la vallée des Encombres en Savoie, au cœur des bocages de l’Orne, dans la forêt de Rambouillet en région parisienne, sur les monts rocheux des Cévennes ou près des volcans d’Auvergne en Combrailles, pour ne parler que de la France et des conservatoires soutenus et défendus par POLLINIS...
...les butineuses sont assurées de polliniser les plantes et fleurs locales avec lesquelles elles ont évolué depuis des millénaires.
Ces volontaires accomplissent au quotidien un travail magnifique, dramatiquement nécessaire pour TOUS : apiculteurs professionnels ou amateurs, naturalistes passionnés de « l’abeille pour l’abeille », ou simples citoyens.
À partir de ces petits paradis où l’abeille locale peut retrouver sa force et se reproduire, il sera peut-être possible de repeupler l’ensemble du territoire !
Mais ces conservatoires sont en danger : ils ont besoin de votre aide – et de celle du plus grand nombre de citoyens que nous arriverons à mobiliser à travers l'Europe.
Certains pays de l'UE ont déjà pris, à leur niveau, des mesures pour consacrer de petites zones de leur territoire à la protection de leurs précieuses abeilles locales. Mais en France, comme dans la plupart des pays européens... rien ou presque : il y a bien des arrêtés (communaux, ministériels, fédéraux...) qui listent les insectes protégés - on y trouve des papillons comme l'azuré du serpolet, l'apollon ou le sphinx de l'épilobe ; des coléoptères comme le grand capricorne ou la rosalie des Alpes ; une grande variété, hélas, de libellules (leucorrhines, cordulies...).
Mais pas d'abeilles.
Du fait de sa rencontre avec l'Homme, l'abeille qu'on trouvait pourtant à l'état naturel il y a quelques décennies encore, n'entre désormais plus dans la catégorie des espèces sauvages.
Elle ne peut donc pas être protégée comme le sont les papillons par exemple...
Pour autant, elle n'entre pas non plus dans le cadre des animaux d'élevage protégés - comme le cabri créole, le porc de Bayeux ou la vache mirandaise par exemple.
Les abeilles locales sont victimes d’un vide administratif : elles n'entrent pas dans les cases des espèces considérées comme menacées.
Et il en va de même pour les conservatoires qui tentent coûte que coûte de les sauvegarder : aucun outil juridique ne leur permet de protéger leurs ruches contre l'intrusion d'abeilles importées et empêcher l'hybridation de leur cheptel.
C'est un combat de tous les jours pour ces apiculteurs courageux et déterminés à sauver ce qu'il reste encore d'abeilles locales sur le territoire.
À Belle-Île-en-mer, en Lozère, ou même dans les conservatoires d'Île-de-France ou d'Auvergne, soutenus par le CNRS, il ne se passe pas une année sans qu'une affaire d'intrusion de cheptel importé n’éclate :
il suffit de l'installation dans ces zones d'une seule ruche peuplée d'abeilles différentes pendant la période de fécondation pour anéantir tout ce travail de protection et de préservation.
Et à chaque fois, il faut se battre, essayer de convaincre les intrus de la nécessité de protéger l'écotype local...
Ce serait tellement plus facile si les conservatoires bénéficiaient tout simplement d'une protection juridique solide, comme c'est le cas pour les parcs nationaux, les espaces naturels sensibles, les réserves biologiques ou les aires marines protégées !
Suite à une première vague de mobilisation des citoyens et des apiculteurs en Europe, initiée par POLLINIS :
Les députés européens ont adopté en mars 2018 un texte salvateur qui prévoyait de « renforcer la protection juridique et le soutien financier accordés aux écotypes et populations locaux d’abeilles domestiques dans l’ensemble de l’Union européenne, y compris par la mise en place de zones de conservation, protégées par la loi, des abeilles domestiques endémiques ». (1)
Mais à ce jour, ces belles promesses sont restées lettre morte.
Aucune suite n'a été donnée par la Commission européenne ou les États membres, chargés de la mise en œuvre concrète de ces recommandations…
Chaque année qui passe augmente pourtant davantage la menace d'extinction de nos précieuses pollinisatrices locales...
...vulnérables dans leurs sanctuaires qui ne sont protégés que par la vigilance et la détermination d'une poignée de citoyens et d'apiculteurs volontaires !
C'est pourquoi notre association POLLINIS - qui est l'un des membres fondateurs de la Fédération européenne des Conservatoires de l'abeille noire (FEdCAN) - bat une nouvelle fois le rappel en Europe pour demander d'urgence la mise en place des mesures salutaires votées par les députés européens il y a presque deux ans déjà :
...pour demander la protection juridique des conservatoires d'abeilles locales et pour faire reconnaître l'importance majeure des différentes variétés locales pour la biodiversité et l'avenir de l'apiculture en Europe !
Nous sommes en train de lancer une grande mobilisation des citoyens, des apiculteurs, des associations naturalistes et de défense des pollinisateurs, dans tous les pays d'Europe, pour obtenir l'adoption d'un statut d'urgence garantissant la protection par zones des différentes espèces locales d'abeilles.
Des dizaines d'associations a déjà rejoint notre coalition pour mener la bataille en Finlande, en Norvège, en Suède, en Belgique, dans les Balkans...
Il suffit parfois de seulement quelques essaims d'abeilles importées pour détruire tout un cheptel d'abeilles locales. Sans véritable protection officielle, les zones de sauvegarde sont à la merci de n'importe quel voisin qui déciderait de se lancer dans l'apiculture avec des colonies exotiques. Les conséquences sont potentiellement dramatiques pour l'abeille locale :
La disparition de ces petits insectes indispensables réduirait à néant tous les espoirs de repeupler les territoires avec les différents écotypes locaux d'abeilles naturellement adaptées et résistantes, et d'enrayer en Europe le déclin alarmant des abeilles et des pollinisateurs.
Vous le savez, ici chez POLLINIS, nous nous battons depuis des années contre les principaux facteurs de mortalité des abeilles – pesticides tueurs d'abeilles en tête...
Mais tout ce travail ne servirait à rien si nous laissions en parallèle le patrimoine génétique des abeilles se dégrader à force d'hybridations incontrôlées avec des abeilles moins adaptées.
Nous avons obtenu de haute lutte la prise en compte officielle de cette tragédie par les décideurs européens en 2018 : désormais, nous devons exiger la mise en place de mesures qui permettent réellement de protéger, de façon durable et naturelle, les races d'abeilles locales pour empêcher leur disparition !
Mais nous avons besoin pour y arriver d'une vaste mobilisation des citoyens européens pour faire pression sur les institutions européennes :
S'il vous plaît, rejoignez la mobilisation en cliquant ici, et aidez-nous à faire connaître l'histoire des abeilles locales et de leur extinction silencieuse à un maximum de personnes à travers l'Europe. C'est une catastrophe qui nous concerne tous, et qui est malheureusement ignorée de la plupart des gens.
Ne croyez surtout pas que le combat soit gagné d'avance.
En face de nous, des laboratoires se démènent pour décoder les précieux gènes de l'abeille locale et fabriquer des "super-abeilles", résistantes aux pesticides par exemple…
...pour breveter ce bien inestimable (qui devrait au contraire être protégé au titre de patrimoine commun de l'Humanité – et de la Nature !) et en faire une source de profit gigantesque en prenant toute l’humanité en otage.
Ces géants de la biotechnologie espèrent, en « créant » de toutes pièces des abeilles « compatibles » avec les pesticides (comme ils le font déjà avec certaines cultures comme le maïs OGM), maintenir l’Europe dans la dépendance chimique où elle se trouve actuellement, et empêcher le passage urgent à une agriculture qui ne décime plus les pollinisateurs.
La préservation des différentes abeilles locales européennes est l'un des meilleurs moyens dont nous disposons aujourd'hui pour garantir aux générations futures des pollinisateurs naturellement résistants et adaptés à leurs environnements locaux.
Et pour espérer faire basculer rapidement l’Europe dans un système agricole respectueux des pollinisateurs et des écosystèmes, qui apprend à les utiliser plutôt que vouloir à tout prix les transformer.
Alors s'il vous plaît, signez au plus vite votre pétition pour obtenir la sauvegarde des abeilles locales et la protection juridique de leurs zones de conservation.
Et si vous le voulez bien, faites circuler largement ce message autour de vous, pour informer et alerter vos proches de ce gâchis gigantesque et encore méconnu, et les rallier à notre mouvement pour faire pression sur les institutions européennes et protéger véritablement les abeilles locales.
Merci par avance !
Bien cordialement,
Nicolas Laarman
Délégué général
POUR REJOINDRE LA MOBILISATION, CLIQUEZ ICI