Mercredi 4 mars, la Commission européenne présentera sa nouvelle “loi climat”, une des pierres angulaires du Pacte vert européen (ou European Green Deal) [1]. La Coalition Climat soulève une série de garanties fondamentales pour faire de ce texte un réel tremplin de l’ambition climatique européenne, qui réponde à l’urgence sociale et environnementale. Dans ce contexte, elle rappelle à la Belgique qu’il est grand temps qu’elle prenne le train de la transition déjà en marche. Cela commence par rejoindre l’appel lancé par les pays européens les plus ambitieux aujourd’hui.
Avoir une vision à long terme est indispensable pour donner un cap clair et opérer une transformation systémique de notre société. Il est donc positif que l’objectif de neutralité carbone pour 2050 soit entériné dans la loi européenne. Cependant, l’Union européenne ne pourra respecter ses engagements et se positionner en leader climatique mondial qu’à deux conditions supplémentaires: rehausser son ambition en ligne avec la science, à savoir une réduction de minimum 55% de gaz à effet de serre pour 2030 (par rapport à 1990) [2] et le faire suffisamment en amont de la COP 26, c’est-à-dire au plus tard en juin. Point positif, le texte prévoirait un mécanisme de révision de l’ambition tous les 5 ans, qui soit contraignant et basé sur la science la plus récente, comme demandé par l’Accord de Paris.
Ensuite, atteindre une société décarbonée nécessite des changements profonds et structurels dans tous les secteurs de la société. “Sans mobiliser largement les ressources financières, politiques et humaines dont dispose notre société, les objectifs climatiques resteront lettre morte”, explique Nicolas Van Nuffel, président de la Coalition Climat. La discussion sur les objectifs, si elle ne doit pas être réduite à l’argent, ne peut pas non plus être isolée de la discussion des investissements et du financement de la transition. La Commission européenne doit d’urgence revoir à la hausse son plan d’investissements et prévoir des recettes substantielles pour l’alimenter. “Par ailleurs, l’action climatique ne peut être réellement efficace et acceptée que si elle repose sur des mesures socialement justes” ajoute-t-il.
La Commission ne peut tenir un discours ambitieux et vert d’un côté, tout en adoptant des politiques néfastes pour le climat et l’environnement de l’autre. L’Europe ne peut continuer à subsidier l’industrie fossile ou à passer des accords de commerce internationaux qui nuisent aux objectifs de l’Accord de Paris et ne respectent pas les objectifs de développement durable.
En tant qu’émetteur historique, l’Union européenne a la responsabilité de venir en aide aux pays en développement, premières victimes du dérèglement climatique. Outre le respect de ses engagements climatiques, elle doit contribuer de manière juste, nouvelle et additionnelle à l’objectif collectif de 100 milliards de dollars annuels pour l’atténuation et l’adaptation, qui doit être atteint pour 2020.
Enfin, la Belgique doit sortir de sa léthargie et rejoindre les pays européens ambitieux. Aujourd’hui encore, elle a manqué une occasion de demander, avec d’autres pays, à la Commission européenne d’en faire plus et de rehausser ses objectifs pour les mettre en ligne avec l’Accord de Paris [3]. Par ailleurs, la politique climatique belge dépend directement des décisions prises par l’Union européenne. Régions et Fédéral doivent donc collaborer et adopter les mesures nécessaires pour mettre le Plan National Énergie Climat en ligne avec les nouveaux objectifs européens. “Plus que jamais, nous avons besoin de responsables politiques qui portent une vision collective, cohérente et juste de la transition. Notre pays a le devoir et la capacité d’être moteur du changement.” conclut Van Nuffel.
Lisez la réaction de Climate Action Network Europe par rapport au draft du texte de la Loi Climat européenne.
[1] Lien vers l'événement officiel : https://www.climat.be/fr-be/news/2020/inscrivez-vous-au-lancement-du-pacte-europeen-pour-le-climat-le-4-mars-2020
[2] Concernant l’horizon 2030, réduire de 55% les émission de gaz à effet de serre (par rapport à 1990) est un strict minimum sachant que le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement nous apprend qu’il faut désormais réduire les émissions mondiales de 7,6% par an, entre 2020 et 2030, pour rester sous la barre des 1,5°C de réchauffement et éviter les pires impacts. (UNEP, Emission Gap Report 2019, https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/30797/EGR2019.pdf)
[3] https://kefm.dk/media/12992/joint-letter-call-for-plan-to-increase-2030-target.pdf