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Dans De Standaard du 28 mars 2020, Ruud Goosens titre ainsi son article. Il constate que les partisans de la ligne dure néolibérale abandonnent maintenant la discipline budgétaire et nationalisent les services publics précédemment privatisés à un rythme record. Johnson prend en charge les chemins de fer pendant 6 mois et en Espagne tous les hôpitaux privés ont été nationalisés. Même notre Johan Van Oververtveldt (ancien ministre des Finances N-VA) pense qu’on ne doit pas être mesquin aujourd’hui.

C’est curieux dans la bouche d’un économiste qui a trafiqué Milton Friedman, pionnier du néolibéralisme, dont les idées ont été mises en pratique au Chili après le coup d’État de Pinochet en 1973. Ronald Reagan et Margaret Thatcher- arrivés au pouvoir d’une manière moins brutale il y a environ 40 ans- rêvaient d’un gouvernement minimal.

L’idéologie néolibérale a été adoptée dans de nombreuses parties du monde. En Belgique, le gouvernement Martens-Gol a repris cette tendance en 1982 en réduisant, entre autres, les recettes fiscales, en fractionnant les revenus qui ne proviennent pas du travail et en supprimant les barèmes fiscaux les plus élevés. Depuis lors, les gouvernements successifs ont veillé à ce que les épaules les plus fortes soient de moins en moins taxées. En outre, la baisse des recettes a été quelque peu compensée par une hausse des taxes à la consommation (e.a. la TVA), qui pèsent sur les épaules les plus faibles. En d’autres termes, dans le jargon des fiscalistes : moins de progressivité et plus régressivité fiscale.

La coalition suédoise, avec Van Overtveldt à la tête des finances, a intensifié le rythme en réduisant l’impôt sur les sociétés et dans le même ordre, en réduisant la contribution patronale à la sécurité sociale de 33% à 25%. Ce qui signifie une saignée annuelle de 5,8 milliards pour la Sécurité sociale.

Les néolibéraux sur la défensive, mais pour combien de temps?

Les opposants aux services publics et à la sécurité sociale se retiennent un peu maintenant. Mais pour combien de temps ?

Une fois la crise corona terminée et la facture présentée, ils sortiront sans doute avec prudence des tranchées et les histoires d’économies nécessaires reviendront sur l’avant de la scène.

Possibilités d’une politique sociale progressiste

Les forces progressistes en politique et dans la société civile ont maintenant l’occasion de faire entendre davantage les appels lancés depuis des années en faveur d’impôts équitables et de cotisations sociales et de services publics solides.

Attendre que la crise du Corona soit passée pour faire entendre sa voix de manière forte pour plus de solidarité ne nous semble pas souhaitable.

Il faut battre le fer tant qu’il est chaud !

PS. Dans son allocution de dimanche soir (29 mars) Boris Johnson remercie entre autres les 20.000 retraité du NHS (National Health Service) qui se sont portés volontaire pour aider leurs collègues surchargés. Il termine son discours ainsi: “If this crisis has learned us something, it is that there is such a thing as society” , une claire référence au slogan de Margaret Thatcher: “There is no such thing as society, there are only individuals and their families”.