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Agriculture JVDDu 6 au 14 juin, « La Semaine Bio », campagne de promotion coordonnée par l’APAQ-W, devait battre son plein avec plus de 200 activités proposées par des acteurs de l’ensemble de la filière (producteurs, transformateurs, points de vente, etc.). Le contexte actuel de crise sanitaire force le report et la réorientation de la plupart des activités prévues. Mais cela n’empêche pas la sortie des chiffres annuels du secteur, qui confirment une progression du secteur d’année en année.

Cet événement phare fait partie des actions du premier plan stratégique wallon dans le domaine agricole, celui « pour le développement de l’agriculture biologique à l’horizon 2020 » (PSDAB). Sous l’impulsion du ministre de l’agriculture de l’époque (Carlo Di Antonio), qui s’était également attelé à la rédaction du code wallon de l’agriculture, la construction de ce plan a été largement concertée avec les acteurs concernés.

En 2013, on note déjà une volonté d’organiser le paysage des structures. Mais les choix posés sont soutenus et assumés par la majorité des acteurs autour de la table dont les représentants des producteurs comme l’UNAB et Nature & Progrès. Parmi ces choix, il y la création d’une asbl pour le conseil et l’encadrement des producteurs : Biowallonie. Mais aussi, celui de ne pas créer de nouvelle(s) structure(s) pour la recherche et la promotion en confiant les missions – et le budget – au Centre wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W) et à l’Agence wallonne pour la Promotion d’une Agriculture de Qualité (APAQ-W).

Un bilan chiffré positif source de nouvel enjeu
Entre 2013 et 2020, période de programmation du PSDAB, les chiffres annuels, compilés par Biowallonie, n’ont fait qu’augmenter : plus 47% de la superficie agricole certifiée en agriculture biologique, plus 52% pour le nombre de fermes soit 84.442 ha et 1816 fermes en 2019. 14,3% des fermes wallonnes: une ferme sur sept est donc en agriculture biologique sur notre territoire!

Peut-on attribuer ce succès au PSDAB ? Pour la production, ce sont en effet ces deux paramètres (nombre de fermes et Surface Agricole Utile – SAU) qui figurent comme indicateurs d’impact avec l’objectif de 2000 fermes converties pour fin de l’année 2020 et/ou 18% de la SAU. Dans un rapport intermédiaire, la Cour des comptes qualifie le soutien actuel au travers du plan « davantage du registre de l’accompagnement que d’une orientation forte du développement futur de l’agriculture biologique en Région wallonne ».

Un enjeu majeur pour « le bio » reste le développement des filières. Dans cette croissance fulgurante, un risque de « conventionnalisation »1 des systèmes de production mais aussi des circuits de commercialisation est bien réel.

Le prochain plan actuellement en construction sera-t-il à la hauteur ?
La Déclaration de Politique Régionale ambitionne de compter 30% des surfaces agricoles wallonnes en agriculture biologique d’ici 2030 ; c’est-à-dire tripler les terres actuellement sous contrôle du label, en 10 ans.

Un processus de co-construction est actuellement en cours pour proposer un nouveau « Plan Bio » à cet horizon. Si le pourcentage des terres certifiées est un objectif louable, cet indicateur quantitatif à lui seul a montré qu’il n’était pas suffisant pour garantir la qualité du développement de « la bio ». Comme l’indique l’analyse des forces et des faiblesses du secteur, l’enjeu pour les acteurs autour des tables de concertation va être de gérer une réponse durable de l’offre au succès croissant de la demande. Avec la concurrence du bio « low cost », la confusion engendrée chez le consommateur avec les produits locaux et/ou de qualité différenciée non certifiés, les acteurs du bio doivent plus que jamais faire valoir leurs spécificités. Or, parmi la cinquantaine d’acteurs qui constituent la plate-forme de concertation autour du nouveau « Plan Bio », moins de la moitié sont issus de structures spécifiques au bio. Un acteur ayant participé aux discussions constatait déjà pour la mise en place du premier plan qu’« avec cette structuration des acteurs, le secteur bio a perdu en indépendance ».

De la plus-value de l’intégration des associations environnementales
A l’heure où le succès du bio constitue lui-même une menace sur sa pérennité, notamment à travers l’importation de produits moins chers par les grandes surfaces, il importe que le futur Plan définisse des critères de durabilité environnementale et sociale. Dans cette perspective, on peut regretter qu’aucune association environnementale wallonne n’ait été conviée à la table des discussions afin de définir, avec les autres acteurs, de tels critères dans le développement de ces filières.

La voix des associations environnementales pourrait être celle qui rappelle aux acteurs bio wallons leurs fondamentaux…


1. Envisager l’évolution des pratiques en agriculture biologique (AB) comme une substitution simple des pratiques en agriculture conventionnelle. C’est-à-dire par exemple, ne plus utiliser de produits de synthèse mais mettre au point un produit qui puisse être agréé en AB pour remplacer le produit chimique. Or, la clé de la réussite des systèmes de production conduit en agriculture biologique est d’anticiper et non pas de substituer. Cela implique notamment de revoir sa rotation de cultures, les associations d’espèces, etc. pour limiter la pression des ravageurs et favoriser la présence d’auxiliaires.

Source: https://www.iew.be/la-wallonie-en-route-vers-30-de-bio/