Au moment où les derniers chiffres de l’épidémie indiquent que celle-ci est loin d’avoir disparu, le Conseil d’État a rendu ce 8 décembre un arrêt n° 249.177 pour le moins interpellant.
Alors que cette juridiction a systématiquement rejeté tous les précédents recours introduits contre les mesures de confinement édictées par les autorités, à la veille d’une fête religieuse, le Conseil d’État retoque ici une mesure de santé publique édictée pour le bien de tous.
En effet, pour éviter toute contamination, nos autorités ont interdit par principe les rassemblements. Pour les cultes et les associations philosophiques non confessionnelles, c’est l’article 17 de l’Arrêté ministériel du 28 octobre 2020 portant des mesures d’urgence pour limiter la propagation du Coronavirus COVID-19 qui traduit ce principe: l’exercice collectif du culte est interdit (sauf dans des circonstances précises et limitées et sous de strictes conditions: mariages, funérailles ou enregistrement).
Aujourd’hui, le Conseil d’État a ordonné que l’État belge modifie ce régime, à tout le moins provisoirement, de sorte qu’une restriction éventuelle de l’exercice collectif du culte ne soit plus disproportionnée.
Autrement dit, sur l’unique question de la possibilité d’observer un prescrit religieux, alors que les membres du gouvernement fédéral se disputent sur l’opportunité ou pas de pouvoir simplement accueillir des membres de sa famille pour couper une dinde, d’autres demandent ainsi – même devant des juges ! – à organiser de ces rassemblements de masse dont tous les experts du virus nous disent qu’ils sont les principaux vecteurs de la pandémie (voire même en France à l’origine).
Si certaines mesures peuvent être ressenties comme particulièrement sévères, si certaines d’entre elles peuvent interroger, jamais le mouvement laïque n’a pour autant questionné ce qu’il considère comme une solidarité indispensable pour limiter les contaminations et endiguer la propagation du virus.
Nul ne nie le besoin de spiritualité qu’éprouvent de nombreuses personnes mais, outre le fait que vivre sa foi peut se faire individuellement, ce constat n’autorise personne à s’exonérer des efforts collectifs demandés à la société dans la lutte contre le virus.
Dans les temps que nous vivons, l’impératif de santé publique devrait amener chacun à une élémentaire prudence et à une balance objective des intérêts en présence sur le plan sanitaire.
La Laïcité s’oppose en tous cas à la prise en compte d’intérêts particuliers au détriment du bien-être collectif.