Ce jeudi 16 décembre, le sort de la friche Josaphat va être fixé par une décision politique primordiale. Sur la partie Ouest de la friche, le Gouvernement bruxellois veut construire des immeubles de logement. Sur la partie Est de la friche, il est prévu de développer des infrastructures, du logement, de l’industrie et des équipements. Mais le projet gouvernemental n’est pas encore… coulé dans le béton. Associations et habitants demandent à être entendus et invitent le Gouvernement bruxellois à se projeter dans leur #PlanBJosaphat.
Par le biais d’une pétition en ligne, plus de 11 000 personnes ont déjà marqué leur désaccord avec le plan actuel. Début décembre, en réponse à l’absence de concertation, plus de dix associations bruxelloises et collectifs de riverains ont interpellé les autorités via une campagne sur les réseaux sociaux. Ensemble, ils proposent une autre vision : un Plan B pour Josaphat.
Amandine Tiberghien, chargée de mission chez Natagora, explique “Nous souhaitons que le plan actuel soit mis sur pause et que le vert reste vert. Concrètement, nous voudrions :
Faire de la partie Ouest de la friche une zone qui protège la biodiversité et qui fait le lien entre les citadins et la nature;
La partie Est de la friche serait réservée aux installations sportives, aux équipements, à l'industrie urbaine et aux logements;
La partie centrale, le long des voies de chemin de fer, joue un rôle important de maillage écologique. Elle peut en outre accueillir des solutions de mobilité douce."
Steyn Van Assche, chargé de mission Urbanisme et Environnement au BRAL, ajoute : “Il faut faire la ville sur la ville. Aujourd’hui, le potentiel de la zone industrielle située à l'Est du site est fortement sous-utilisé, voire non utilisé. Une analyse fine du tissu des entreprises existantes est nécessaire (calendrier des concessions/baux, type d'activité...). Privilégions une logique de bon sens. Exploitons les espaces déjà urbanisés. Créons ensemble un quartier en commun, une vision partagée et porteuse d’adhésion.”
LA NATURE EN VILLE EST INDISPENSABLE AU LOGEMENT
La nature en ville est très riche si on lui laisse un peu de place. La friche Josaphat est une vaste prairie sauvage où plus de 1.000 espèces ont été recensées, dont 120 abeilles sauvages (plus que dans toute la région du Zwin, qui est dix fois plus grande), 32 libellules et des papillons uniques à Bruxelles. Elle constitue également une halte migratoire de premier ordre pour les oiseaux.
Le logement et la nature en ville doivent être des alliés et non des adversaires. La crise sanitaire actuelle a montré que les citadins ont besoin de nature comme de pain, surtout s’ils n’ont ni terrasse, ni jardin. Depuis la conception du projet Josaphat, la croissance démographique bruxelloise a été divisée par cinq. La rénovation urbaine offre des possibilités gigantesques, et l’essor du télétravail va libérer des espaces de bureaux à réaffecter. De plus, en bétonnant les espaces verts, on crée des îlots de chaleur et des zones imperméables, on appauvrit les paysages et la biodiversité, et l’attrait de la ville diminue.
LAISSE BÉTON LÀ OÙ C’EST ENCORE VERT…
Avec la friche Josaphat, les politiques impliqués dans le PAD Josaphat (PS, Ecolo-Groen, DéFI, Open VLD, one.brussels) ont aujourd'hui l'occasion de mettre en place une véritable vision à long-terme pour répondre aux défis urbains. C’est faire preuve d’intelligence que de repenser un projet lorsque les circonstances ont changé. Il faut bâtir, rénover ou réaffecter là où il y a déjà des bâtiments, et préserver la nature en ville là où elle existe encore. On ne peut plus, à l’heure de la chute de la biodiversité, des dérèglements climatiques et d’une pandémie mondiale, lancer les pelleteuses à l’assaut d’une zone naturelle. Les citoyens demandent une vraie concertation pour construire un espace commun.