Le 17 janvier, Alexeï Navalny, éminent militant russe de la lutte contre la corruption, a été arrêté à l’aéroport alors qu’il rentrait à Moscou. Il a survécu de justesse à ce qui a depuis été confirmé comme un empoisonnement par l’agent neurotoxique Novichok en août 2020 et a passé les cinq derniers mois en Allemagne à se rétablir. Il est un prisonnier d’opinion, sa détention étant arbitraire et motivée par des raisons politiques.
Alexeï Navalny est un homme politique russe et un activiste anti-corruption. Il est l’un des plus éminents critiques des autorités russes. En 2011, il a fondé la Fondation anti-corruption (connue sous le nom de FBK en russe), qui a depuis mené des enquêtes et publié de nombreux rapports alléguant et documentant la corruption parmi les hauts fonctionnaires, les hommes politiques et les hommes d’affaires russes.
ALEXEÏ NAVALNY CIBLÉ DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES
En 2014, Alexeï Navalny et son frère Oleg Navalny ont tous deux été reconnus coupables de fraude pour des raisons politiques. Oleg Navalny a été condamné à trois ans et demi d’emprisonnement. Alexeï Navalny a été condamné à une peine non privative de liberté de trois ans et à un an de mise à l’épreuve.
En août 2020, il a survécu de justesse à ce qui a depuis été confirmé comme un empoisonnement, alors qu’il se rendait à Moscou. Toujours dans le coma, il avait été transféré à Berlin, en Allemagne, pour y être soigné et a été libéré de l’hôpital fin septembre pour poursuivre sa réadaptation.
Des experts en Allemagne et dans plusieurs autres pays ont conclu qu’Alexeï Navalny avait été empoisonné avec l’agent neurotoxique Novichok, considéré comme une arme chimique par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Malgré cela et malgré les tentatives incessantes des représentants d’Alexeï Navalny pour faire ouvrir une enquête criminelle sur son empoisonnement présumé, les autorités russes ont toujours refusé de le faire.
Le 14 décembre, le groupe d’enquête indépendant Bellingcat, en coopération avec plusieurs médias, a publié des preuves qu’un groupe d’agents du Service fédéral de sécurité (FSB) de Russie ayant une formation en médecine et en chimie suivait Alexeï Navalny depuis des années au cours de ses voyages, y compris lors de son dernier voyage à Tomsk, et a allégué qu’ils étaient responsables de son empoisonnement. Vladimir Poutine a admis plus tard que le FSB avait "gardé un oeil" sur Alexeï Navalny mais a rejeté les accusations de tentative de meurtre sur l’homme politique.
UNE ARRESTATION ET UNE DÉTENTION DE NAVALNY TOTALEMENT ARBITRAIRE
Quelques jours après la publication de l’enquête Bellingcat, une nouvelle procédure pénale a été ouverte contre Alexeï Navalny, l’accusant d’avoir "détourné" les dons de ses partisans. Le 28 décembre, deux jours avant la fin de sa période de probation, le Service Pénal Fédéral a averti Alexeï Navalny qu’il violait les conditions en ne se présentant pas aux autorités pénitentiaires et a demandé son arrestation et le remplacement de sa période de probation par une véritable peine de prison de trois ans et demi.
Le 13 janvier, Alexeï Navalny a annoncé qu’il reviendrait à Moscou le 17 janvier malgré le risque d’être arrêté. Le 17 janvier, la police anti-émeute a arrêté des dizaines de ses partisans, rassemblés à l’aéroport Vnukovo de Moscou pour l’accueillir. À la dernière minute, le vol a été redirigé vers Sheremetyevo, où Alexeï Navalny a été arrêté au contrôle des frontières. Le 18 janvier, une audience a eu lieu dans le commissariat de police où il était détenu, qui a placé Alexeï Navalny en détention provisoire pendant 30 jours dans l’attente d’un examen judiciaire de son cas. La loi russe ne prévoit pas une telle détention de 30 jours pour violation de la liberté surveillée.
La détention d’Alexeï Navalny est arbitraire et motivée par des raisons politiques. Il doit être libéré immédiatement et sans condition.