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Le gouvernement De Croo est-il le plus grand antivax du pays ?
Ce 30 novembre, la question de la levée des brevets sur les vaccins sera débattue à l’OMC, à Genève. La CSC Services Publics et la CNE appellent à soutenir la marche aux flambeaux qui partira de la place du Luxembourg à 17h.
L'inégalité mondiale en matière de vaccins est l'une des plus grandes injustices qui divisent actuellement notre planète. De surcroît, elle organise la prolifération de mutations virales de plus en plus infectieuses – ce qui impacte en fin de compte également la Belgique. Si notre gouvernement fédéral continue à faire obstacle à la levée des brevets par l'industrie pharmaceutique, nous pourrons affirmer qu'ils sont les plus grands antivax de notre pays.
C’est pourquoi la CNE et la CSC SP appellent à rejoindre l’action "Lights4Lifes", mardi prochain, 30 novembre, à 17h, à Bruxelles.
Faire de méga-profits sur les vaccins, tout en aggravant et prolongeant la pandémie, ça suffit !
Nous soutenons les efforts faits par les autorités pour convaincre la population de se faire vacciner : mais combien plus crédible serait ce gouvernement s’il n’était pas, en même temps, au nombre de ceux qui empêchent concrètement que la grande majorité des habitants des pays moins riches aient également accès au vaccin ? Promouvoir chez soi – y compris à coup de menaces de sanctions absurdes et discriminatoires – ce qu’on empêche de se réaliser ailleurs est incohérent et indigne.
Analyse :
Bien que le taux de vaccination en Belgique soit déjà assez élevé, les virologues recommandent en urgence une troisième dose. Non pas parce que les vaccins seraient inefficaces, mais parce que nous avons affaire à des variants hautement contagieux du virus.
L'inégalité des vaccins : une vision néocoloniale, et la recette de la catastrophe virologique
Le variant Delta, doublement infectieux, a été détecté pour la première fois en Inde, un pays où seulement 27% de la population est actuellement vaccinée. L'Inde n'est pas la plus mal lotie. Le Kenya (4,1) et l'Ouganda (2%), par exemples, n'ont pratiquement pas été vaccinés et sont donc des viviers potentiels pour de nouveaux variants super-infectieux. Il est très probable que Delta soit la première d'une longue série de mutations virales qui apparaissent dans des endroits où la couverture vaccinale est faible.
Outre ce cercle vicieux virologique, recette pour les désastres qui viennent, l'inégalité des vaccins est l'une des plus grandes privations de droits qui divisent notre planète à l'heure actuelle. En accumulat des doses au Nord tout en refusant au Sud le droit d’en produire pour sa population, l’UE détermine littéralement quelle vie compte et quelle vie est sacrifiable. L'écart entre les personnes "dignes d'être vaccinées" et les autres se situe entre les riches et les pauvres, le nord et le sud, les « blancs » et la majorité mondiale. L'inégalité face aux vaccins est une vision néocoloniale pilotée par les entreprises pharmaceutiques qui en tirent des turbo-profits.
Échec de la solidarité européenne : Covax ne tient pas ses promesses
Les gouvernements européens et belge répondent invariablement aux questions et aux préoccupations relatives à l'inégalité en matière de vaccins en faisant référence aux actions de « solidarité » européennes et à COVAX, le programme de vaccination de l’OMS et d'autres organisations, qui vise à faire en sorte que les pays les plus riches fassent don de vaccins aux pays les moins riches. Jusqu'à présent, ce plan a échoué lamentablement, puisqu'il apparaît qu'un fonctionnement et une communication médiocres ont entraîné l'enlisement des campagnes de vaccination et le non-respect des objectifs : moins de 5 % de toutes les doses administrées dans le monde étaient le résultat du COVAX.
Appel au gouvernement fédéral : pour lever les brevets, c’est maintenant ou jamais !
En octobre 2020, l'Inde et l'Afrique du Sud ont lancé une proposition ambitieuse à l'OMC (Organisation mondiale du commerce) pour mettre fin à la pandémie : arrêter temporairement les brevets sur tous les médicaments et technologies qui peuvent nous aider dans la lutte contre le coronavirus.
Plus d'un an après, la Commission européenne, la Norvège, le Royaume-Uni, la Suisse et les entreprises pharmaceutiques bloquent toujours la proposition. Dans l'intervalle, près de 4 millions de personnes ont perdu la vie à cause du COVID-19. Dix-mille morts par jour parce que l'UE et Big Pharma font passer le profit avant notre santé. Médecins Sans Frontières déclare : "La Belgique, comme l'Union européenne, se donne bonne conscience en mettant en avant sa solidarité. L'Union européenne s'enorgueillit d'être un champion des vaccins, grâce à sa position de premier exportateur mondial de vaccins. Mais dans le même temps, elle refuse la suspension temporaire de la propriété intellectuelle et d'obliger les entreprises pharmaceutiques à transmettre leur savoir-faire."
Ce 30 novembre, une décision finale sera prise à l'Organisation mondiale du commerce sur la dérogation ADPIC, la proposition largement soutenue de lever temporairement les droits de brevet sur les produits Covid-19. Si notre gouvernement fédéral s'oppose également à ces moments décisifs, comme il l'a fait au Conseil européen d'octobre dernier, nous pourrons dire à juste titre qu'il est le pire antivax de notre pays.
Agir
Si notre gouvernement reste inactif lorsqu'il s'agit de lutter contre l'inégalité des vaccins, mais nous pouvons agir.
Suivez la campagne "No Profit On Pandemic" et signez la pétition pour une initiative citoyenne européenne. Chaque signature compte à ce moment crucial, alors réfléchissez à la manière dont vous pouvez convaincre les personnes de votre entourage de signer et de partager.
Le 30 novembre, rejoignez l'action " #Lights4Lives " organisée à Bruxelles pour commémorer les victimes de l'inégalité vaccinale.
