Communiqué de presse - L’argent public donné au secteur des titres services doit améliorer les conditions de travail des aides ménagères et non aller dans les poches des actionnaires
Les organisations syndicales sortent une nouvelle étude (voir annexe) sur la situation économique du secteur des titres services (aides ménagères). En se basant sur les données de la Banque Nationale, elle montre que les bénéfices du secteur se sont maintenus pendant la crise grâce à un afflux d’argent public.
Le problème est que cet argent a été capté par les actionnaires qui se sont versés 29 millions € de dividendes en 2020. Les organisations syndicales estiment que les travailleurs méritent de meilleures conditions de travail. Derrière les profits se trouve le travail d’hommes et de femmes qui se sont dépensés sans compter durant la pire crise sanitaire qu'ait connu le monde. Pour dénoncer cette mauvaise répartition des moyens, des actions ont été menées ce dernier weekend.
Cette étude objective la situation économique du secteur des titres-services (aides ménagères). Elle s’est basée sur les comptes déposés par plus de 450 entreprises à la Banque Nationale.
D’un côté, on note un chiffre d’affaires en baisse de 15% en moyenne dans le secteur. Cette diminution est due au fait que le Covid a effrayé un certain nombre de familles. Si elles n'ont plus voulu faire appel à des aides ménagères, la diminution n'est pas non plus une diminution énorme de l'activité. D'ailleurs, on observe que malgré cette baisse, les bénéfices du secteur restent importants, à une hauteur de 47 millions €. « Ces bénéfices sont concentrés dans les plus grandes entreprises. Ainsi, les géants Poetsbureau et Trixxo réalisent à eux seuls respectivement 6,4 et 5 millions € de bénéfices en 2020. Le secteur se porte mieux que prévu. Certaines entreprises, comme Trixxo, ont même vu leurs bénéfices augmenter par dix pendant la crise » commente Tommy Jonckheere de la CGSLB. Les 24 plus grandes entreprises du secteur représentent 75% du chiffre d’affaire et 50% des bénéfices (même 75% en 2019) du secteur.
Le problème, pour le front commun syndical, est que ces performances aboutissent dans les mauvaises poches. « Les entreprises commerciales du secteur ont versé 30 millions € de dividendes aux actionnaires en 2020 (64% des bénéfices). C’est autant qu’en 2019 alors que la conjoncture était meilleure. Si ces dividendes avaient été plutôt versés aux 150 000 travailleurs du secteur, chacun aurait pu recevoir une prime bien méritée de 200€. Mais non, les entreprises ne veulent rien donner à celles que l'on a désigné comme indispensables pendant la crise Corona » poursuit Sébastien Dupanloup, de la Centrale Générale (FGTB).
Kris Vanautgaerden de la CSC Alimentation et Services ajoute : « Cela pose d’autant plus un problème que les revenus des entreprises du secteur sont essentiellement des subsides. Lorsqu’un particulier paye 9€ pour une aide-ménagère, l’État en ajoute le double. Cette politique a pour but de rémunérer correctement les aides ménagères. Mais on voit que ce sont les actionnaires qui raflent la mise. Les rémunérations du secteur sont parmi les plus basses : 1150 € brut par mois en moyenne ce qui est même en dessous du seuil de pauvreté (1 248 €, selon l’office des statistiques Statbel). Avec ça, 78% des aides-ménager·es reportent des visites médicales pour raisons financières ».
Depuis plusieurs mois des négociations sectorielles entre syndicats et patronat ont commencé. Mais elles sont au point mort. Pour les organisations syndicales, cette situation est problématique : « Les aides ménagères se sont donnés sans compter pendant la crise Covid. Encore maintenant elles travaillent chez 5 à 10 ménages différents par semaine avec un risque de contamination perpétuel. Il faut qu’elles reçoivent leur part. Nous demandons des améliorations au niveau du pouvoir d’achat, telles que les 0,4 % et un meilleur remboursement des frais de transport. Car actuellement, 10% du salaire des aides-ménager·es sont des frais de déplacement supportés par les aides-ménagèr·es. Il n'est pas normal de payer pour aller travailler. Mais Federgon, la fédération patronale des titres-services ne veut rien entendre. Elle ne veut bien augmenter les frais de transport de 0,02€ par kilomètre (augmentation de 0,13€ à 0,15€/km), ce qui n’est rien du tout, nous demandons une intervention dans les frais réels, c’est-à-dire 0,37€/km comme c’est la norme pour les fonctionnaires. Comparez : 0,02€ pour les travailleurs, contre 30 millions pour les actionnaires. Il y a un problème. »
Pour dénoncer cette hypocrisie des employeurs – faire du profit et verser des dividendes, mais ne pas avoir de la marge pour un accord social décent – les trois syndicats ont menés des actions non annoncées. Des autocollants ont été appliqués sur les vitrines des bureaux de ces grandes sociétés commerciales dans toute la Belgique. Le message des aides-ménager·es est clairement exprimé avec cette action : « L'argent public doit être utilisé pour les aides-ménager·es, pas pour les actionnaires ».
Des photos de ces actions surprises sont disponibles sur notre page Facebook : https://www.facebook.com/FGTBTitresservices
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