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 2021 – 2022 Le combat de la Raison

Il est de tradition en cette fin d’année 2021 et au début de l’année 2022 de notre ère de dresser un bilan et d’ébaucher des perspectives. Procédons autrement, le passage d’une année à l’autre n’est qu’en définitive une convention, car la Terre continue inexorablement sa révolution autour du Soleil. Mais, cette convention permet de situer les choses dans le temps que le cerveau humain découpe en ères, millénaires, siècles, années, mois, semaines, jours, heures. Et essayons une analyse sur les différents événements qui ont marqué les esprits en 2021 et qui se poursuivront sans aucun doute en 2022.

Le premier événement littéraire en France aura lieu le septième jour du premier mois de la vingt-deuxième année du deuxième millénaire de notre ère. Ce sera la parution du roman fleuve du chouchou du Tout Paris, Michel Houellebecq. « Anéantir » - tout un programme ! D’après les critiques dithyrambiques de la presse « mainstream », ces 734 pages narcissiques décrivent des personnages désespérés, décadents, errant dans une société en pleine déliquescence. On a l’air de dire que c’est un ouvrage de « lanceur d’alerte » qui décrit cette société sans la dénoncer et sans esquisser la moindre solution pour en sortir. Tout un programme, vous disais-je.

Non, Houellebecq n’a pas écrit une dystopie. Il décrit les angoisses de cette société « boboisée » qui regarde son nombril. Non, ce n’est pas une dystopie comme celles d’Aldous Huxley et de George Orwell qui étaient ce qu’on appelle aujourd’hui des lanceurs d’alerte. Ils nous expliquaient leur crainte de voir l’exploitation de la technologie générer une société totalitaire qui contrôlera les cœurs et les reins de chaque être humain.

Les lanceurs d’alerte ? Notre société ne les aime pas. Le calvaire de Julian Assange en est la preuve éclatante. Le journaliste fondateur de Wikileaks est l’objet d’une vindicte jamais vue dans les pays « démocratiques ». Cela montre qu’on ne peut dépasser une certaine limite qui n’a rien à voir avec la légalité. D’autres règles non écrites sont édictées et malheur à qui les enfreindra !

Le recul de la Raison

La Liégeoise Véronique De Keyzer, ancienne députée européenne, présidente du Centre d’Action Laïque à Bruxelles écrit dans une belle tribune dans Le Soir intitulée « La liberté d’être libre » reprenant le titre d’un ouvrage de Hannah Arendt :  « … on lui doit [à Jean-François Kahn] une superbe chronique dans Le Soir du 21 décembre, qui pourfend Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies. Leur ouvrage caracole en tête des meilleures ventes, et traite de quoi ? Des preuves incontestables de l’existence de Dieu. Et oui, on en est là ! Aux anti-vaccins, au rejet du progrès, à la platitude de la Terre, à la candidature d’Eric Zemmour, à la progression de l’extrême droite et au retour des néofascistes… et à la preuve de l’existence de Dieu. Et Kahn de conclure sa chronique par « Peut-être se souviendra-t-on de cette époque, la nôtre, le début des années 20, comme celle de la grande régression ». Et d’un recul de la Raison. »

En effet, le recul de la Raison. Pour prendre un exemple bien actuel : la pandémie a montré la puissance de la pensée magique. Du complotiste qui détecte des nano particules dans les vaccins aux « antivax » qui prétendent qu’on nous empoisonne, en passant par les charlatans de tout acabit qui affirment haut et fort disposer du remède miracle, on ne remarque nulle analyse et encore moins d’esprit critique, alors que de nombreux scientifiques s’évertuent à nous donner des conseils simples, un peu contraignants, certes, mais qui évitent de nous retrouver dans une USI débordée dans un hôpital dénué de moyens en personnel et en argent après les énormes coupes financières, armes absolues des criminelles politiques néolibérales.

Le recul de la Raison quand on refuse de comprendre la démarche des chercheurs qui remettent en permanence l’ouvrage sur le feu, parce que la Science ne souffre pas les certitudes définitives.

Le recul de la Raison quand des gens incompétents nient le changement climatique, mais aussi quand d’autres se drapant de leur savoir, annoncent systématiquement l’apocalypse pour demain. Un exemple proche de nous : les inondations dans la Province de Liège l’été dernier sont évidemment dues à un taux exceptionnellement élevé de précipitations, mais leurs conséquences ont été aggravées par un aménagement du territoire tout à fait inadéquat, par une mauvaise gestion des barrages environnants et par de graves carences des autorités.

Le recul de la Raison avec cette pensée « woke » inspirée du puritanisme anglo-saxon, tente au nom de l’antiracisme, de la pensée « décoloniale » et de la « convergence des luttes » des minorités raciales et sexuelles de bouleverser nos modes de vie, d’éliminer notre culture, de détruire les symboles de notre histoire qui est loin d’être parfaite, mais qui a le tort d’exister. Ici, la démarche de la Raison est d’en tirer les leçons et non de l’effacer purement et simplement.

La Raison est notre combat.

Face à la crise de l’autorité, face à la pensée magique, face au rejet de la démarche scientifique, face à l’irrationalisme de certaines pensées politiques, face aux atteintes aux libertés fondamentales, face à la traque de ceux qui luttent avec courage pour ces libertés, face à la tentation totalitaire des pouvoirs comme des extrémismes politiques et religieux, il n’y a qu’un combat : c’est celui de la Raison.

Bonne année à toutes et à tous !

Pierre Verhas

Bron: https://uranopole.over-blog.com/2022/01/2021-2022-le-combat-de-la-raison.html