Violences à Jérusalem-Est : à qui la faute?
La Belgique et l’Union européenne doivent d’urgence condamner les provocations israéliennes et envisager enfin sans tabou le recours aux sanctions contre Israël.
Alors que coïncident la fête juive de Pessah et les célébrations du mois de Ramadan, les extrémistes religieux israéliens ont choisi d’intensifier leurs provocations sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’Islam, située à Jérusalem-Est occupée. Rassemblés en sit-in afin d’empêcher les incursions des colons, les fidèles musulmans ont été durement réprimés par les forces de sécurité israéliennes. Alors que la veille, toute la Cisjordanie avait été bouclée, le vendredi 15 avril, la police a pénétré dans la mosquée Al Aqsa, tabassé les fidèles, faisant usage de balles de métal couvertes de caoutchouc et occasionnant de nombreux dégâts dans le lieu saint. 152 Palestiniens ont été blessés et près de 300 arrêtés. Dimanche matin, la police israélienne a brutalement évacué les Palestiniens présents sur le site, afin de permettre aux groupes d’extrême droite d’y pénétrer et ce, en violation du statu quo de 1967 entourant la gestion de ce site ultra-sensible.
Ces actes s’inscrivent dans une politique qui vise de longue date la judaïsation de la partie palestinienne de la ville, jusqu’à ses lieux saints. Ils prennent place dans un contexte déjà tendu dans toute la Palestine historique (Israël et le territoire palestinien occupé). Une vague d’attentats isolés en Israël a en effet fait 13 morts. Si ces attaques contre des civiles sont condamnables, l’armée israélienne en a, comme d’habitude, pris prétexte pour se livrer à de véritables punitions collectives contre les Palestiniens, notamment contre les habitants de Jénine, d’où provenaient deux de ses auteurs. Depuis, l’armée y effectue des raids quasiment quotidiens. 20 Palestiniens, pour la plupart d’entre eux désarmés, ont ainsi été assassinés en moins de dix jours ; parmi eux, plusieurs enfants. Signes qu’aucun répit n’est à attendre, le Premier ministre israélien a donné «une liberté d’action totale » tant à l’armée, qui vient d’assouplir ses règles de tir contre les civils), qu’aux services de sécurité intérieure et à la police.
Ce contexte de violence suscite une inquiétante impression de déjà-vu. La crise israélo-palestinienne d’avril et mai 2021 avait commencé entre autres en raison des provocations israéliennes à Jérusalem-Est, avant de conduire, dans toute la Palestine historique, à un soulèvement général, réprimé dans le sang par les forces israéliennes.
Une fois de plus, la Belgique et de l’Union européenne sont loin d’être à la hauteur des enjeux. Toutes deux ont en effet condamné les violences, mais sans mentionner, à l’inverse du Luxembourg, par exemple, la responsabilité première des autorités d’occupation dans les provocations qui en sont à l’origine. Rompre avec cette posture de pseudo-neutralité en décalage total avec la situation sur le terrain constitue une première étape essentielle, ce qui implique de nommer l’agresseur et l’agressé.
Plus fondamentalement, l’ABP demande à ce que la question des sanctions soit enfin sérieusement envisagée. ” Quelques heures seulement ont suffi à l’Union européenne pour sanctionner lourdement la Russie pour son agression contre l’Ukraine”, rappelle son président Pierre Galand. “Or, seules de véritables sanctions internationales contre les crimes contre l’humanité que constituent l’occupation et l’apartheid israéliens permettront de mettre à bas le régime d’oppression dont les violences actuelles ne constituent que la partie émergée de l’iceberg.”
Source: https://www.association-belgo-palestinienne.be/violences-a-jerusalem-est-a-qui-la-faute/