« Il faut un nouveau modèle économique pour les travailleurs et leurs familles afin que cesse la désintégration des démocraties et des économies. Le monde a besoin d’investissements et d’emplois », a expliqué Sharan Burrow, la secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI).
Le chômage de masse, la défiance envers les institutions, la hausse des inégalités et des extrémismes sont des risques auxquels sont confrontés les travailleurs, les employeurs et les dirigeants du monde entier.
Le sondage d’opinion mondial que la CSI a effectué dans 14 pays a établi que:
- seul un individu sur deux pense que la génération à venir trouvera un emploi décent;
- 78 % des habitants estiment que le système économique favorise les riches plutôt que d’être équitable pour la plupart des personnes; et
- 62 % de la population mondiale désire que le pouvoir des entreprises soit maîtrisé.
« Les modèles commerciaux des entreprises remettent en cause les mesures les invitant à investir dans un système de répartition équilibré.
Ce n’est pas une voie à sens unique : les entreprises ont besoin de main-d’œuvre et les travailleurs ont besoin d’employeurs honnêtes, mais, pour le moment, les compagnies font fi de cette partie de l’accord.
Le modèle commercial actuel est néfaste pour la population, pour l’économie et pour la stabilité et la démocratie », a ajouté Sharan Burrow.
« Un aspect essentiel d’une “croissance universelle” doit être la réduction des inégalités de revenus et l’inversion de la diminution de la part des salaires dans la production et les revenus », a déclaré John Evans, le secrétaire général de la Commission syndicale consultative auprès de l’OCDE, qui est également le chef économiste de la CSI.
Les perspectives de croissance et d’emploi sont mauvaises pour 2015, a prévenu John Evans. En Europe, la baisse de la demande et la déflation mettent en péril encore plus d’emplois.
Depuis les années 1980, les salaires réels n’ont pas augmenté au même rythme que la productivité, expliquant la diminution drastique de la part des revenus. Selon les Nations Unies, au niveau mondial, la part des salaires a chuté de 62 à 54 %.
« Il est indispensable qu’un plan de reprise inclue une augmentation des salaires et une réduction des inégalités, sans oublier des investissements publics. Les décideurs, qu’ils dirigent des pays ou des entreprises, disposent des outils pour apporter une vraie différence dans les vies des travailleurs. Rien que dans les pays du G20, 33 millions d’emplois pourraient être créés en coordonnant des augmentations et des investissements dans les infrastructures.
Parmi les actions que les dirigeants peuvent mettre en place, citons l’instauration d’un salaire minimum permettant de vivre, le renforcement de la négociation collective, la limitation des salaires excessifs des PDG et le respect des normes de l’OIT le long des chaînes mondiales d’approvisionnement.
« Une modélisation économique montre qu’une augmentation des investissements publics et de la part des salaires dans le PIB de 1 à 5 % pourrait générer une croissance économique de 5,84 % dans les pays du G20 », a encore expliqué John Evans.
Les dirigeants syndicaux ont conçu un plan pour Davos 2015, favorable aux investissements et aux emplois, aux salaires et à la protection sociale; il prévoit:
- un changement de politique, impliquant des investissements dans la création d’emplois de qualité;
- un salaire minimum vital, la négociation collective, l’imposition progressive et la protection sociale;
- la maîtrise du pouvoir des entreprises et l’élimination de l’esclavage;
- la justice climatique et une transition juste pour les travailleurs et leurs communautés; et
- une gouvernance économique qui implique des plans de réduction de la dette pour les pays où l’austérité démolit l’économie.
CSI - 20 janvier 2015